53. Debout [Fin]

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[Quand un texte est entre <>, ça veut dire qu'il est dit à voix haute et à la fois en langue des signes. Bonne lecture]

Une maison. Un "chez-soi".

Qu'est-ce que c'est au fond ?

Une maison, c'est un lieu où l'on se sent bien, en sécurité et qu'on ne veut jamais quitter.

À mes yeux, ce qu'on appelle "maison" ce n'est pas un lieu. C'est un sentiment.

Je ne me suis jamais senti chez moi dans mon appartement. Quand je vivais avec ma mère, je n'avais jamais hâte de rentrer chez moi quand je partais. Je n'ai jamais eu ce sentiment de bien-être en rentrant.

Au début, je pensais que c'était à cause du fait que je haïssais ma mère, mais même après son départ, en rentrant dans mon appartement, je ne me sentais pas chez moi.

Et puis... Quand Eli a emménagé avec moi, j'ai commencé à...sentir ce sentiment. Quand j'étais en cours à la fac, je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi pour pouvoir le retrouver.

Cette pensée m'obsédait à un point où je n'arrivais même plus à me concentrer sur mes cours. Je voulais juste plonger dans ses bras.

Puis, quand il est parti, j'ai perdu ce sentiment.

Quand je suis allé dans le sud, je n'avais pas envie de rentrer. Quand je suis allé en Russie, je n'avais pas envie de rentrer.

Dormir dans un lit ou dans la rue n'aurait rien changer à mon sommeil...ou plutôt à mon insomnie.

Et enfin, j'ai compris. Ma maison n'est pas un lieu. Ma maison, c'est les bras d'Eli.

...

Respire.

Je roule silencieusement sur une autoroute. Il est environ quatre heures trente du matin. Dans ma voiture, aucune musique. Je n'aurais jamais dû casser la radio. J'aurais vraiment besoin de musique pour me détendre... Ou alors de... Non ! Arrête de penser à la drogue, idiot !

Plus jamais ! Plus jamais je ne toucherais à cette connerie !

Je regarde rapidement à ma droite. Le siège passager est vide... Enfin presque. Il n'y a qu'une rose bleu sur lui. J'ai pris cette rose de mon bouquet.

Je retourne mon regard vers la route. Je suis fatigué. Il fait noir. Quatre heures du matin, c'est la pire heure pour conduire... Je vais probablement mourir d'un accident de la route après m'être endormis au volant.

Je vois un panneau m'indiquant que la prochaine sortie d'autoroute me mènera à Roche-château.

Je sors de l'autoroute. Mes mains tremblent sur mon volant. Je regarde mon tatouage apparent sur mon avant-bras. Il fraudait que je me fasse d'autres tatouages.

Quelques minutes, plus tard, j'arrive à Roche-Château. Je ne connais pas bien cette ville.

Je suis venu ici qu'une seule fois. Quand Elijah a déménagé avec son père à Tawson, il a vendu sa maison d'enfance. Un jour, il m'a demandé de l'emmener ici juste pour qu'il puisse voir ce qu'est devenue son ancienne maison. Par nostalgie. Sa maison s'était faite détruite. Comme personne ne voulait acheter une maison où il y a eu une scène de crime dedans, un homme a acheté le terrain, a détruit la maison et maintenant le terrain est en construction. Même si Eli faisait comme si il n'en avait rien à faire, je voyais bien que ça l'anéantissait de voire une partie de sa vie détruite. 

Il me disait que sa mère mesurait sa taille sur un mur de sa chambre et qu'il y avait donc un coin de la maison montrant sa croissance de ses deux ans à ses dix-sept ans. Maintenant, tout a disparu. Comme s'il n'avait jamais existé. Comme s'il n'avait jamais grandi.

Pesanteur : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant