52. Flashback

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Olympe, Anthestérion, hiver, vingt-cinquième année.

Elle était morte, elle avait souffert et je souffrais autant qu'elle. Lorsque j'avais découvert son corps mutilé, une partie de moi s'était brisée, Hadès n'était plus le même et ne le serait plus jamais.

En ce jour funeste, nous allions procédé à la chose la plus importante pour un dieu et pour les héros de notre monde. Si l'un de nous mourrait, nous devions lui rendre hommage et lui offrir une place dans les étoiles.

Le Palais Royal était plongé dans un univers morose, la vie qui l'habitait normalement avait été remplacée par les dieux en deuil, nous ne pouvions sourire en voyant l'une des notre prête à finir six pieds sous terre.

La cérémonie se déroulerait en trois temps, tel la coutûme, Déméter avait décidé de s'occuper de l'embellissement du cadavre de son enfant, elle lui démélait les cheveux, tressant et incrustant quelques fleurs de coquelicots dans les mèches brunes de son enfant, une délicieuse odeur de grenade et d'agrume embaumait le corps sans vie de l'amour de ma vie qui portait une magnifique toge brodée de toute part. Un travail d'orfèvre qu'Athéna avait accepté de réaliser.

Elle semblait calme et sereine dans ce repos éternel, ses pieds dirigés vers la porte du palais comme l'exigeait l'étape de la prothèse. Hestia me tendit un petit poignard qui me permis de couper mes cheveux couleurs jais d'un coup, je souffrais de l'avoir perdu et les mèches noires tombèrent sur son corps livide.

Le lendemain, nous étions tous vêtus de couleurs sombres, les dieux de la mort et moi-même entamèrent la marche jusqu'en bas du mont Olympe, Perséphone était posée sur un char tiré par nos quatre étalons ébènes et enveloppé par des tissus de soie. Ses cheveux bougeaient au grès du vent pendant que nos pas nous menaient à notre destination, derrière son corps suivait les dieux selon leurs hiérarchies et leurs sexes, les femmes étaient en dernières même si je n'acceptait pas ces discrimination.

Je guidais l'amour de ma vie vers sa nouvelle existence, elle serait bien et si le ciel était clément, il me la rendrait tôt ou tard, j'étais prêt à braver chaques épreuves et chaque décennies loin d'elle pour avoir enfin une chance de la serrer contre mon corps. Si je pouvais humer son parfum, si je pouvais sentir la pulpe de ses doigts sur mon corps nu, si je pouvais entendre son rire cristallin, plonger dans les abysses de ses yeux marins, je ne voulais qu'une seule chose: qu'elle me revienne en vie.

Nous marchions entre les fourrés, les pieds dans la boue, la pluie avait martyrisé les chemins, quelques animaux sauvages observaient le cortège funèbre qui emmenait loin de la cité cette douce déesse dans la fleur de l'âge.

Le paysage accompagnait notre douleur, les branches des arbres plient sous le poids de leurs feuillages, les oiseaux s'étaient tus, les chevaux traînaient la patte ne voulant pas arriver à la dernière étape de cette cérémonie : la catastérisation.

La plaine baignée de lumière et de fleurs des bois abritait les dieux réunis autour de la défunte, les dieux se donnaient les mains, leurs yeux fermés restaient immobiles montrant la concentration de chacun, le corps sans vie de la déesse du blé se désagrégeait petit à petit, la peau devenant d'imperceptibles grains de poussière, ses os et ses organes trouvèrent la même voie et s'envolèrent vers la plaine céleste prête à accueillir cette âme divine.

Le vent balançait les arbres, les cheveux des dieux, les tissus de leurs toges, les poudres qui formaient les nouvelles étoiles qui montaient au ciel: les empêchant de s'agglutiner en une seule et même super Nova, neuf étoiles s'installèrent dans le ciel, brillant et illuminant le ciel.

Perséphone serait vue de tout le monde et ne pourrait rejoindre les Enfers, nous avions offert à son âme divine un repos éternel dans le monde de la voie lactée. Elle pourrait enfin retrouver ses amies les muses, elle danserait et jouerait de la musique tout le restant de sa "vie" avec les étoiles de la constellation du Taureau.

-Perséphone qui nous a quitté aura trouvé une place de choix avec les héros de notre monde, son âme s'est réincarnée en constellation de la vierge, bientôt les humains seront fascinés par sa beauté et elle inspirera bon nombre de jeunes filles vertueuse.. déclara Zeus avant de quitter la plaine où le corps de son enfant reposait quelques minutes auparavant.

La plaine se vida en silence, j'étais le seul encore présent assis sur le gazon humide à observer la nouvelle demeure de la femme que je chérissais tant, j'essayais de me remémorer nos instants ensemble, ses maladresses me revenait en mémoire, elle avait fait tomber le panier d'offrandes d'une des Canéphores qui se rendait au temple de la déesse de la sagesse, elle s'était plusieurs fois blessée en sortant par la fenêtre de sa chambre et sa mère ne cessait de rouspéter. "Perséphone, pour sortir utilise une porte!" ce à quoi elle répondait avec malice "mais ce n'est pas amusant et puis si je sortais par cette porte, je ne te ferais plus de frayeurs!".

J'observais cette silhouette lumineuse, essayant de m'imaginer le corps de la femme qui faisait battre mon coeur de tout son être quand un bruit de pas me tira de ma réflexion, mon père se posta à quelques mètres de moi, son crâne rasé à blanc dévoilait quelques cicatrices dû à son combat contre Zeus pour nous sauver, ses yeux noirs me scrutait et un sourire énigmatique me faisait face.

-Hadès, mon fils, roi des Enfers, je suis ravi de te voir en ce jour de deuil.

-Père...

-Moi, Cronos, roi du temps et de l'espace t'offre un présent pour ton mariage..

-Je suis veuf désormais! Ma femme a été catastérisée!

-Je sais mon fils, mais la patience est une vertue primordiale pour un homme mais aussi pour un dieu. Dans un temps encore indéfini, je placerais sur ta route cette femme que tu as tant aimé, chéri la et protège la..Elle ne reviendra qu'une fois..

-Quand père? demandais-je excité par cette révélation.

-Bientôt, roi des Enfers. Le règne ne peut se faire que par des souverains!

Ces avec ses mots rassurants que mon père me sauva de la noirceur qui emplissait mon coeur, si je trouvais celui qui avait osé lui faire du mal, il subira le courroux du roi des Enfers, Hadès l'invisible!

Le nouveau mythe TOME 1 LégendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant