45. Anthéa

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Je fus extraite de ce monde parallèle qui était ma mémoire par la voix chaleureuse de Déméter qui nous appelait pour que nous allions nous installer autour de la table en chêne au milieu de la salle à manger.

Elle avait concocté de nombreux plats qui dégageaient une odeur exquise, j'abandonnais l'instrument sur ma chaise et rejoint les dieux installés. La seule place restante était entre Emrick et Hayden qui s'étaient déclarés la guerre. Déméter était assise en face de moi et nous expliqua ce qu'elle avait préparé.

-J'ai fait une salade de crudité ainsi que du poisson au four et de la laitue. J'espère que ça vous convient...

-C'est parfait Déméter! déclarais-je en attendant que les dieux finissent de se servir.

Pendant le repas, la main d'Hayden trouva une place sur mon genou, je ne pus m'empêcher de sourire alors que son pouce traçait des cercles sur mon épiderme. Ma peau se couvrit de frisson tant la sensation de ses doigts sur mon corps était exquise.

Il semblait m'électrocuter, c'était divin, mon coeur ne cessait de se contracter à une vitesse accélérée, je tentais de calmer mon coeur qui avait entamé une course folle. Le regard rivé vers mon assiette à moitié vide, un courant d'air frais traversa mon échine.

J'étais déconnectée de la réalité, mon esprit ancré dans un souvenir qui ne m'appartenait pas mais que je vivais avec tant d'ardeur que ça aurait pu être moi.

Hayden vêtu d'une toge noire et d'une couronne de fleurs rompit la distance qui nous séparait, alors qu'il était près de moi, j'ôtais l'immonde couronne séchée du haut de son crâne et la jetais plus loin dans la pièce. L'homme qui me faisait vibrer laissa ses lèvres suivre la courbe de ma nuque partant de ma clavicule pour atteindre mes lèvres, son baiser qui au début se voulait doux s'amplifie et devient passionné. Nos corps chutent sur le matelas et les oreillers en plumes.

Nos corps collés bougeaient comme s'ils ne faisaient qu'un. Mes mains traçaient le contour de ses muscles puissants, la sensation de sa peau nue contre la mienne était semblable aux caresses qu'il m'offrait : électrisantes. Je perdais le contrôle de mon corps qui s'arc-boutait contre le sien pour prolonger le plaisir qu'il procurait en moi, c'était mon paradis.

Mais cette vision cessa lorsque sa main quitta ma jambe, j'étais reconnectée à ce monde que je damnais à cet instant. Je souhaitais retourner dans ces souvenirs, en découvrir plus, on pouvait comparer ça à du voyeurisme mais je vivais la scène. Je fantasmais peut-être. Après tout, personne n'en saurait rien. J'étais libre d'imaginer ce que je souhaitais et laisser à mon cerveau le loisir de rêver de cet homme au teint hâlé et au corps sculpté dans le marbre.

***

Trois jours après, la compagnie de ma mère était tellement pesante et mes études bien trop importantes que j'avais décidé de plier bagage. J'étais actuellement dans ma voiture, Hayden assis du côté passager, nous permit de quitter le missouri sans avoir plus de seize heures de trajets en respectant les limitations de vitesse, il avait téléporté mon véhicule âgé mais encore en vie, malgré que son apparence rappelle un vieux tas de tôles. La carrosserie était à refaire mais elle roulait très bien.

Nous étions de retour à notre école d'art, je devais récupérer mes affaires et signaler mon retour pour expliquer la cause de mon absence prolongée pour ensuite rejoindre mon cours d'art où nous allions commencer à mettre en place les équipes pour la pièce. Intérieurement j'avais hâte de voir comment notre travail allait être apprécié.

Les papiers remplis, je rejoins mon cours, suivie de très par Hayden qui avait cours cours avec moi, la salle m'avait manquée: les gros rouleaux de papiers craft, les oeuvres exposées sur les murs, les tables réglables, tout m'avait manqué.

Quand Hayden et moi pénétrèrent dans cette salle, ma professeur principale arriva vers nous en souriant.

-Ravie de voir que vous êtes de retour! Nous avons pas mal de pains sur la planche! déclara la professeure.

Madame Depina était originaire de france et elle nous disait souvent des expressions françaises pendant le cours. Malgré que son accent anglais ne soit parfait, il lui arrivait de parler en français, lorsqu'elle le faisait, les mots semblaient être une mélodie et elle ne réalisait pas toujours qu'elle nous parlait en français et non en américain.

Rares étaient les élèves qui comprenaient son "charabia", plusieurs fois je leurs avais offert des traductions. Mon père était un français venu s'installer en amérique pour tenter de monter son groupe et de se faire connaître. Sa musique rock avait plu, ses textes poignants aussi mais surtout c'était l'histoire de son cancer qui faisait vibrer les fans. Même en phase terminale, il n'avait jamais cessé de croire en ses rêves et de monter sur scène, qu'il soit affaibli ou en pleine forme, qu'il pleuve ou qu'il vente, Léopold Archie Queen montait sur scène. Il ne vivait que pour ça et sa famille.

J'avais appris le français lorsque j'étais enfant et lorsque je rendais visite à mes grand-parents, Richard et Maryse Queen étaient les meilleurs grand-parents, ils faisaient le déplacement de Rouen pour mes anniversaires, ils étaient toujours présent et lorsque mon père leur annonça sa maladie, ils ont trouvé une location à Columbia, une petite ville située à une vingtaine de minutes en voiture de notre maison.

Elle nous expliqua comment nous allions pouvoir mener à bien notre projet, nous expliquant que nous allions devoir réaliser différents groupes selon les aptitudes de chacun, faire passer des entretiens ainsi que des auditions pour les rôles pendant la semaine, nous ne devions pas nous reposer sur nos lauriers et quelques jours d'absence nous avait fait accumuler du retard.

Hayden prit les choses en mains, il récupéra une craie sur le tableau et fit des colonnes différentes, "acteurs", " costumiers/ maquilleurs", "Réalisateur de décors", "ingénieurs sons et images","musiciens" . Avant de déclarer à haute voix.

-Merci beaucoup à vous d'avoir voté pour notre mise en scène, Anthéa et moi-même vous en êtes terriblement reconnaissant, je tiens à m'excuser de notre absence, nous avons des problèmes d'ordre familiaux à régler, mais nous sommes de retour. J'ai fait une liste papier pour chaques section, nous avons besoin de cinq acteurs principaux: trois femmes et deux hommes ainsi qu'un choeur composé de six personnes séparés à part égales.

Hayden fit une pose, reprenant son souffle avant continuer sa tirade devant les élèves, nous aurions pu croire qu'il jouait le rôle d'un roi vu la prestance ainsi que l'aisance qu'il dégageait devant les étudiants.

-De plus nous avons besoin de douze personnes dans chaque catégories, restante, les étudiants en art vous devez vous tourner vers les rôles de costumiers/maquilleurs, réalisateurs de décors ou musiciens si vous savez tenir des partitions compliquées. Les étudiants en dramaturgies, vous devez aller dans les groupes d'ingénieurs ou de musiciens et si vous postulez en tant qu'acteurs et que vous n'êtes malheureusement pas retenus il vous faut un second choix.

Je faisais passer les feuilles que les étudiants commencèrent à remplir se battant pour les places restreintes. La file pour les acteurs postulant était longue, chaques rôles avaient leurs colonnes, nous allions devoir préparer le planning de chaques auditions et la tension qui pesait sur mes épaules me faisait peur. J'étais terrifiée à l'idée que notre pièce ne soit un flop total.

-Nous vous ferons parvenir des mots avec vos heures d'auditions pour ceux qui auditionnent pour les rôles principaux ainsi que pour les choristes. finit Hayden avant de me rejoindre en affichant un sourire ravis.

~
Salut
Ça va ?
J'espère que ce chapitre vous a plu!
Des précisions sur la vie de notre petite Anthéa !
Lucy

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