51. Flashback

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Olympe, Anthestérion, hiver, vingt-cinquième année.

Le congrès des Dieux primordiaux était d'un ennui total, mon petit frère m'en voulait d'avoir volé le coeur et la main de sa fille, empêchant l'union entre Arès et Persephone.

Pour se venger, Zeus m'en faisait voir de toutes les couleurs, il avait brisé un couple en mariant Aphrodite et le bossu Hephaïstos. La déesse de la beauté m'en voulait à mort de l'avoir empêché d'obtenir de nombreux orgasmes. Elle avait dû épouser un dieu hideux et aussi désagréable que son beau père.

J'allais enfin pouvoir retrouver la femme que j'aimais, les formalités disparaissaient en même temps que les jours qui s'amoindrissaient.

Le mont Olympe était sublime, les vergers offraient une quantité astronomique de fruits, les fleurs proliféraient avec abondance malgré la saison hivernale, des jonquilles, des marguerites, des plantes médicinales aux fortes odeurs, des buissons d'azalées, des rosiers encadraient les allées et dans la forêt quelques sortes d'orchidées sauvages vivaient entre les mousses vertes et le lichen.

L'Olympe était séparée du monde des mortels, nous évoluons dans le monde parallèle de l'univers Ouranien offert à mon très cher frère. Les saisons n'influencent pas notre monde. Sur l'Olympe, le soleil brillait de mille feu, la chaleur était étouffante, nous ne manquions de rien.

Je voulais l'emmener là, je voulais qu'elle s'émerveille devant la beauté de ces plantes mais malgré que nous ne puissions être ensemble sur l'Olympe.

La salle du trône des dieux primordiaux était imposante et fastueuse, des colonnes doriques et des murs en marbre décorés par des peintures dorées, les sièges blancs fait en bouleau  étaient recouverts par des tentures de soies tissées de fils d'argent et d'or. D'immense calices et amphores en terres cuites étaient remplis de vins et de plantes majestueuses.

Zeus était au centre de celle ci, son attribut à la main il observait ses compagnons, avec Poseidon nous étions à ses côtés, venait ensuite les dieux de l'art de la  guerre : Arès dieu des combats et Athéna déesse de la stratégie. Athéna était sublime, ses longues boucles brunes tombaient jusqu'à ses reins, ses pupilles bleues perçantes toisaient ses adversaires, sa toge blanche était immaculée et ses attributs de guerre gisaient près de son siège. Les places suivantes étaient occupées par Hera, Hestia et Déméter, les trois femmes écoutaient le roi des dieux déblatérer sur sa vision du monde, sur sa volonté d'avoir notre soumission à tous. Jamais je n'allais lui faire le plaisir de me soumettre devant lui. Zeus était trop imbus de sa personne.

Après deux semaines auprès de mes frères et sœurs, je pu enfin rejoindre mon monde mais surtout la femme que j'aimais. Mon char m'attendait hors du royaume de mon petit frère et une fois dessus, les chevaux s'ébrouent et quittèrent la place au galop, je voulais la retrouver au plus vite, elle me manquait tellement. Son corps, sa voix, son regard, tout en elle me manquait.

La distance qui me séparait des Enfers diminuaient au fur et à mesure que les cheveux courraient, ils s'enfoncèrent dans la brèche que j'avais créé et galopèrent jusqu'à la porte gardée par Cerbère.

Lorsque le chien des Enfers me vit, son comportement me sembla étrange, il me fit la fête et alla chercher la balle que lui lançait ma femme, la tête centrale posa l'objet à mes pieds en m'intimant de lui lancer.

-Cerbère ? Où est Perséphone ?

Quand l'animal a trois têtes entendit le prénom de mon épouse, il s'allongea la tête centrale cachée entre ses pattes avant, ses babines retroussées se baissèrent et il m'offrit un regard de chien battu. Il était arrivé quelque chose à la reine des Enfers, j'abandonnais mon compagnon et couru pour rejoindre mon palais.

-Perséphone !

Seul le silence me répondait.

-Perséphone! Repris je en courant parmi les dédales de couloirs qui constituaient mon palais.

J'arrivais enfin dans la grande salle de réception, je balayais la pièce sombre du regard et une forme allongée attira mon attention.

-Mon amour ! Hurlais-je en courant vers elle avec peur.

Mon sang se glaça dans mes veines, elle gisait dans mes bras, ensanglantée, son corps disloqué était gelé, ses yeux exorbités me fixaient horrifiés. Des larmes de rage et de tristesse dévalèrent mes joues venant s'écraser sur sa peau d'albâtre, je la soulevais avec une douceur incroyable et quitta ma demeure; le corps de ma défunte épouse contre moi.

C'était pourtant impossible, elle n'aurait pas dû pouvoir mourir, mon frère avait demandé l'immortalité aux dieux suprêmes.

Je fis le chemin inverse; mes étalons courraient vers l'Olympe, les cheveux volants et poisseux de sang de Perséphone se balançaient au rythme des pas des chevaux, le visage grave et baigné par la tristesse je ne cessais de caresser le visage pâle de l'amour de ma vie, je ne pouvais pas croire qu'elle m'avait quitté, elle qui était en pleine santé deux semaines avant, elle qui m'avait annoncé que nous aurions une famille.

Sa vie s'était envolée, notre famille et nos rêves s'étaient brisés.

Lorsque j'arrivais devant le palais de mon frère, les gardes qui attendaient devant la grande porte me dévisagèrent et je leurs offris le regard noir le plus horrifiant qu'il était possible d'avoir.

- Ouvrez cette porte bande d'incapables et prévenez mon frère que Hades apporte une funeste nouvelle ! Je grognais en resserrant ma prise sur le corps de ma protégée.

Les deux hommes costauds s'inclinent et ouvrent la grande porte en bois qui menait jusqu'à l'immense cours intérieure du palais royal de Zeus, je marchais avec aisance et prestance, mes yeux me brûlaient toujours autant, mon coeur saignait autant que la plaie béante qui marbrait son torse.

J'arrivais à la salle du trône, Zeus se tenait au centre de la pièce, une jeune femme servait du vin de l'énorme Amphore qu'elle portait. Lorsque mon frère me vit et qu'il découvrit le corps de sa fille contre moi, il tressaillit et lâcha son verre qui se brisa en laissant échapper tout son contenu.

Démeter fit son irruption dans la pièce, je ressentais sa peine et sa souffrance, nous avions perdu notre raison de vivre, elle était celle qui nous maintenait passionnés et saints d'esprit. Le corps de son enfant contre mon torse elle se laissa tomber sur le sol tout en pleurant à chaudes larmes.

-Un traître a assassiné Perséphone durant mon séjour ici sur l'Olympe, seul un dieu peut mettre à mort un autre dieu! Comment l'un de nos frères a-t-il pu faire ça ?!? Hurlais-je sans jamais lâcher ma prise. Perséphone avait 25 ans ! C'était encore une enfant, elle ne méritait pas d'être autant torturée, elle ne méritait pas ces sévices innombrables !

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