Garés devant l'institut où nous étudions, Anthéa et moi descendirent du véhicule de Paul, elle restait silencieuse enfermée dans sa bulle bercée par les notes d'un groupe de métal. Elle marchait les mains enfouies dans son jeans troué aux genoux, elle ne m'offrait aucun signe d'attention.
Traversant la grande cours qui menait jusqu'au perron de l'école, les grandes pelouses encadraient un petit chemin bétonné. Quelques adolescents étaient installés sur les bancs prévus à cet effet, d'autres fumaient hors de l'établissement scolaire, Anthéa bifurqua offrant des signes de main à quelques un de ses camarades de classe. Elle se dirigeait vers les dortoirs des filles et je fis de même vers mon dortoir.
Nous nous étions donnés rendez-vous devant la salle d'arts appliqués à treize heures et demie, elle arriva son énorme carton à dessin vert sous le bras, ses longs cheveux bruns étaient regroupés en un chignon fouilli au dessus de son crâne, elle s'assit par terre à mes cotés. Je tenais un tas de feuillets que j'avais fait relié, lui donnant ce que j'avais préparé, elle le prit et commença à le feuilleter. Elle semblait analyser ce que j'avais produit avec son aide, les dessins de ses décors et de ses costumes étaient introduits à la fin du dossier aux chapitres "éléments scénographiques" et "costumes".
Elle eut un énorme sourire, satisfaite du travail que nous avions produit, elle déclara:
-Nous avons fait du bon boulot, maintenant espérons que cela convienne.
-Je suis sûr que nous avons toutes nos chances d'être les grands gagnants.. lui rétorquais-je en souriant.
-Cela serait bien! J'aurais un peu plus d'expérience dans ce milieu là et je ne dois pas mentir, j'ai adoré cette thématique et surtout ce projet. me dit elle
Ces quelques mots me firent énormément de bien, un sourire béat se greffa sur mes lèvres. Elle continuait de passer ses doigts sur les feuilles de papier imprimées, elle semblait fascinée par ce que j'avais écrit. Tout avait été tapé à l'ordinateur mais la syntaxe de mes phrases semblait lui plaire. Elle les lisait à une vitesse folle et sans décrocher son regard des mots écrits noir sur blanc elle me demanda:
-Tu n'as jamais pensé à écrire? Ta plume est magnifique..
-Qu'est ce que je raconterais? lui demandais-je dubitatif.
-Tu pourrais raconter ta vie de dieu de l'Olympe comme une fiction .. Je suis sûre que cela pourrait intéresser! Un peu comme la série à succès Lucifer! Il a décidé de venir vivre à L.A alors qu'il s'agit d'un ange.. Tu as fait la même chose, mais surtout pourquoi Brooklyn? me demanda-t-elle
-Je voulais m'éloigner un peu de mon existence donc j'ai pris la première université qui acceptait Hayden O'brien.. Voilà tout.. L'institut de Brooklyn fût la première à ne pas refuser mon dossier monté de toute pièce.
-D'accord.. Elle ne semblait pas fan de ma réponse.
Lorsque sa professeur d'arts appliqués et mon professeur d'arts dramatiques arrivèrent, Anthéa se releva en vitesse, époussetant son jeans et récupérant le dossier que nous devions rendre, dans moins d'une heure, je devrais lui dire au revoir durant une durée indéterminée.
Installée à sa place habituelle, celle au second rang collée à la fenêtre, Anthéa sortit ses affaires pour préparer quelques croquis. Madame Depina passa entre les rangs pour récupérer les dossiers complets de chaque binômes. Ils allaient devoir étudier une vingtaine de pièces et de mises en scène.
-Je suis ravi de voir que chacun d'entre vous s'est prêté au jeu de cette mise en scène, j'ai hâte de pouvoir voir vos production, parmi les vingts dossiers que nous allons récupérer avec ma collègue, nous allons sélectionner les cinq meilleurs et vous ferez un vote pour élire celle qui sera présentée.
-Comment allez vous juger? demanda un élève de la classe d'Anthéa. Le métisse semblait vexé du peu de projet qui serait retenus.
-Nous avons réalisé un barème: La mise en scène, la scénographie, les costumes, le budget, la pertinence, le choix de la pièce.. lui répondit le professeur de théâtre.
-Bien monsieur. capitula l'élève renfrogné.
Anthéa observait l'homme grisonnant notant les barèmes sur lesquels nous allions être notés, elle avait peur que notre travail ne plaise pas et je pouvais la comprendre. On était beaucoup avec des styles différents et des pièces plus ou moins contemporaines. Le téléphone de l'étudiante sonna l'arrêtant dans ses gribouillis sur la marge de sa feuille à carreaux, elle le sortit de sa poche et un sourire illumina son visage quand elle le lu.
"Rendez-vous à la fin de ton cours pour aller boire un coup! Tu dois me dire pourquoi tu as disparu au moment de l'incendie!".
Elle pianota à une vitesse folle sur son smartphone en répondant au message de sa colocataire:
"Tkt, je te dis ça devant un smoothie banane-fraise! Je meurs d'envie d'en avoir un!"
Aussitôt son téléphone s'alluma lui indiquant l'arrivée d'un nouveau message de Stéphanie:
"À tout de suite Théa"
Durant l'heure, je l'observais avec intention, j'avais peur que cela soit la dernière fois que je la voyais, elle se mordait la lèvre inférieure tout en jouant avec l'une des mèches rebelles, elle entourait son indexe de ses cheveux bruns, de son autre main elle crayonnait une feuille blanche. Elle semblait dessiner une scène qu'elle avait inventé, une jeune femme était plantée au centre d'une grande clairière recouverte de multiples fleurs, les cheveux de la jeune femme étaient détachés et volaient au grés du vent. À ses pieds se trouvait un panier rempli des plantes qu'elle avait cueilli. L'image angélique regardait avec fascination une aura produite par un homme de dos.
Le trouble pouvait se lire sur mon visage, ce dessin représentait un moment de ma vie que je connaissais que trop bien. Le jour où Perséphone m'avait rejoint dans mon monde souterrain. Il s'agissait de la scène de son enlèvement. Comment pouvait-elle savoir ça? Comment pouvait-elle le retranscrire à la perfection? Tant de questions se bousculaient dans mon esprit.
La sonnerie retentit brisant les derniers instants que j'aurais pu passer avec elle. Elle rangea à la hâte ses affaires, glissant ses nombreux dessins dans sa pochette verte qui était ornée de quelques-uns de ses dessins. Elle m'offrit un faible au revoir et quitta la salle en trombe, j'aurais voulu la retenir mais la voir partir aussi vite me fit atrocement mal. Elle m'avait bien dit qu'elle souhaitait mettre de la distance entre nous mais c'était douloureux.
Elle était partie, elle m'avait bien fait comprendre que je devais la laisser respirer. J'étais ce qui amenait le danger autour d'elle.~
Salut à vous !
J'espère que ce chapitre vous a plu,
Merci beaucoup de lire mon histoire !
Une dernière ligne droite et c'est les 1k.
Lucy
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Le nouveau mythe TOME 1 Légendes
FantastikTout le monde connaît le mythe sur les quatre saisons , Hadès enlevant la jeune Persephone pour ensuite faire d'elle sa reine. Mais lorsque le mythe devient réalité, tout se confond dans la vie de Anthéa. Fraîchement arrivée à l'institut nationale...