Chapitre 14

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*11 avril 835*

Je ne savais pas quel était le plus pire moment de cette matinée merdique. La venue de mon paternel, mon envie de le trucider sur-le-champ (je m'étais retenue au dernier moment), ce qu'il m'avait avoué avec la plus grande des sincérités, mon départ précipité... ou cette visite inattendue. Et indésirable. Mon corps tout entier tremblait alors que je me redressais comme munie de plusieurs ressorts. Je ne m'attendais pas à recroiser cet homme après toutes ces années, avec son physique de mafieux et son air de tueur en série. Mon oncle Kássandros disait que c'était une vieille connaissance ; mais l'instinct me répétait que c'était bien plus qu'une vieille connaissance.
Par chance, j'avais mis mon équipement tridimensionnel ce matin, après le levé. Évidemment mon chef d'escouade m'avait donné l'autorisation de ne pas participer à l'entraînement matinal, dû à mon père qui allait me rendre visite. Mais l'habitude de traîner avec le dispositif 3D venait peut-être de me sauver la vie... Je vociférai du tac-au-tac :
- Qu'est-ce que tu fous ici, Gabriel ? Je pensais que tu avais passé l'arme à gauche, depuis le temps.
- Petite insolente ! Tu ne manques pas d'air pour répliquer de la sorte, ricana ledit Gabriel. Mais ça ne m'étonne pas. En fait, tu ressembles beaucoup à Kássandros et Sophie, tu as en plus hérité de leurs traits de caractère.
C'est bien ce qu'il me semblait, pensais-je. Il connaissait personnellement ma mère et mon oncle. Mais d'où, exactement ? Ça me semblait bizarre... Oncle Kássandros ne m'avait jamais révélé la nature exacte de leurs relations.
Prête à en découdre, je sortis les lames de leurs fourreaux et je lançai un regard noir au nouveau venu. Gabriel éclata de rire à nouveau.
- Eh bien, je vois que tu ne fais pas les choses à moitié. Tu sembles prête à te défendre au péril de ta vie. Impressionnant ! Je n'imaginais pas cela de toi.

Un sourire cruel apparut sur son visage quand il releva la tête

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Un sourire cruel apparut sur son visage quand il releva la tête. Un frisson parcourut mon échine.
Gagner du temps... Il fallait que je gagne du temps, et rapidement, parce que si des soldats du Bataillon arrivaient et tombaient sur cette scène plus qu'improbable, ils allaient déguster en se faisant tuer à l'arme blanche par Gabriel. Je m'étais suffisamment renseignée pour savoir que c'était un homme dangereux. Je devais l'éloigner au plus vite. Quel serait le plan idéal pour me tirer d'ici ? Laissant mon regard traîner un peu partout, il se posa sur le mur de la cour du Quartier Général du Bataillon d'Exploration, derrière Gabriel. Mais oui... si j'insistais suffisamment sur ce point, il croirait qu'il se passe quelque chose dans son dos ; et il se retournera alors pour vérifier ce qui attirait tant mon attention. J'en profiterai pour le bousculer et envoyer un coup pour le déstabiliser.
C'était un plan risqué, mais jouable. Au point où j'en étais, je pouvais toujours essayer.
L'idée fonctionna comme sur des roulettes : le vieux Gabriel crut qu'on avait attiré mon attention dans son dos, et que quelque chose se tramait, ce qui le fit baisser sa garde. Il jeta un coup d'œil derrière lui pour s'en assurer... grossière erreur. Saisissant l'occasion, je pris mon élan et le bousculai violemment. Gabriel n'eut pas le temps de réaliser ce qui lui arrivait ; une immense douleur le saisit sans crier gare. Je venais de le blesser au niveau de la hanche avec l'une de mes lames.
Gabriel avait commis la faute de ne pas s'être montré plus prudent que d'habitude. C'était pourtant l'une des règles principales des assassins, personne ne l'ignorait. N'importe quel imbécile ne se ferait pas avoir par une méthode aussi grotesque — et encore moins les débutants !
Junna et Kássandros m'avaient assez mise en garde contre ce genre d'hommes malhonnêtes pour savoir comment réagir. Il faudra d'ailleurs que je pense à les remercier, un de ces jours...
Une fois Gabriel hors-service, qui se mit à lancer des injures dans sa barbe (joli vocabulaire !), je courus aussi vite que possible vers l'entrée de la cour du quartier général, comme une dératée. La solution recourue n'était pas la plus élaborée du siècle, mais, au moins, elle avait le mérite de me sauver la vie. Ma bonne étoile veillait au grain.
Ma joie fut de courte durée lorsqu'en tournant la tête gauche, au moment de sortir de la cour du quartier général, je vis un corps désarticulé. Un corps sans vie baignant dans son propre sang.
Le mien ne fit qu'un tour dans mes veines, l'horreur apparut sur mon visage en découvrant qui était le soldat mort.
Honey !
Le fourbe ! Gabriel avait dû sauter sur elle sans crier gare, alors que mon amie s'aérait l'esprit, et en comprenant qu'elle se battrait jusqu'au bout, il lui avait planté un coup de couteau bien précis dans le cou. Honey n'avait aucune chance de s'en sortir vivante face à ce monstre. Comment avait-il pu oser... ?
Un coup de feu retentit dans mon dos. Je réalisai alors que je m'étais arrêtée net à quelques mètres de l'entrée de la cour, choquée par la vision d'horreur. Dans sa hâte, Gabriel avait sorti un pistolet pour pouvoir me tuer d'une balle dans la tête, mais il avait mal visé et c'était parti à côté. Il était moins une ! Ça m'avait non seulement sortie de ma torpeur, mais en plus, des gens qui passaient non loin du Q.G. se mirent à paniquer. Ça se bousculait, ça criait !
Regonflée à bloc, je me débarrassais définitivement de la glue qui me retenait prisonnière, et je hurlai aux passants :
- Qu'est-ce que vous attendez ? Ne restez pas plantés là, un assassin s'est introduit dans le quartier général du Bataillon d'exploration ! Rentrez chez vous, et vite, vous risquez de vous faire descendre !
Ma gorge souffrit de la puissance du hurlement poussé. C'était comme si un volcan entrait dans une éruption. Mais cette mise en garde faisait son effet : presque aussitôt, tout le monde avait détalé. Ils tenaient trop à leur vie ! Puis je me retournai sur ma gauche et je criai des ordres à deux soldats qui venaient eux aussi de découvrir le corps de Honey.
L'un d'eux était Hansi Zoé, 17 ans, une excentrique qui était entrée chez les Explorateurs deux ans auparavant pour découvrir l'origine des Titans. Il n'y avait pas plus fan de ces monstruosités qu'elle ! Il n'empêche qu'elle me faisait rire malgré tout.

« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant