Chapitre 25

57 5 0
                                    

*29 avril 835*

- Eh bien, je vois que l'on s'est remis sur pied !
La discussion tourna court quand le capitaine Rosenberg apparut dans notre champ de vision. (Merci beaucoup, vous nous tirez des griffes d'Hansi !) Nous nous redressâmes aussitôt à sa vue, et fûmes le salut militaire. L'échange avait tellement attiré notre attention qu'on ne s'était aperçus de rien. On devait faire une belle paire d'andouilles, avec nos yeux exorbités comme des pamplemousses et le calme revenu aussi sec en entendant le « Colonel » débarquer dans l'infirmerie.
Le capitaine Rosenberg s'assura que je me portais mieux, en posant quelques questions rapides, puis le sérieux revint au grand galop sur ses traits crispés. Ce comportement inattendu nous surprit mais fit comprendre que quelque chose de grave allait arriver ; c'était sa tête des « mauvaises nouvelles ». S'il faisait cette tête, ce n'était pas bon signe.
On avait fini par s'y habituer, mais ça surprenait toujours quand on ne s'y attendait pas.
La mauvaise nouvelle tomba d'un coup : le général Zackley avait fini par apprendre que j'étais la nièce du Monstre de Mithras, et viendrait au District de Trost au fil des prochains jours, pour une visite. En réalité, ceci n'était qu'une excuse car il souhaiterait m'interroger sur ce que je savais de Gabriel Ivoldo. Le peu que je savais sur lui.
On devint soudain pâles comme des linges à l'entente de ces propos.
Moi, surtout, je sentais mes mains trembler et mes jambes faillir. Si Mike ne me tenait pas par la taille à ce moment-là, aucun doute que je me serais écroulée sur les genoux.
- Vous savez quand viendra le général ? demanda Mike.
- Pas pour le moment. Mais je pense qu'il passera à l'improviste à la caserne, comme il est fait. Je sais qu'il en est tout à fait capable. S'il y a un doute concernant un soldat, il mènera l'interrogatoire lui-même pour se faire une opinion.
Le visage sombre, le capitaine Rosenberg poussa un soupir. Pas étonnant : il aurait évité que cela s'ébruite en haut.
Et moi aussi, par la même occasion.
Soutenue par Mike et Hansi, à la fois tendus et inquiets (des sentiments que je comprenais), j'étais effondrée émotionnellement. Je passais une main devant les yeux pour me remettre les idées en place.
- Bon sang, c'est vraiment la poisse. D'abord mon père, ensuite l'assassinat de Honey par Gabriel, la course-poursuite, l'exploration Intra-Muros avec l'étrange Titan, ma filiation avec le Monstre de Mithras — mon oncle, qui plus est — et maintenant, ça... Décidément, c'est la loi des séries en ce moment ! Ou plutôt la loi cauchemardesque.
Je murmurais plus pour moi-même que pour les autres, mais ils avaient entendu mes paroles. Ils se sentaient désolés que ça tombe sur moi. Surtout que je n'avais pas demandé à être la nièce d'un tueur en série ! J'aurais bien aimé m'en passer. Plusieurs questions se bousculaient dans ma tête, sans qu'aucune réponse ne vienne les résoudre.
Je comprenais maintenant pourquoi Kássandros ne citait jamais son enfance ou le nom de son frère aîné. Le passé d'assassin de Gabriel aurait sans doute déteint sur son travail d'artisan honnête et travailleur, et il aurait perdu son travail. C'était aussi la raison pour laquelle il lui interdisait nous adresser la parole, à moi et mon cousin.
Le capitaine vit bien mon désarroi. Il trouva les mots justes pour me rassurer, puis demanda à Mike s'il pourrait veiller sur moi pendant les prochains jours, le temps de préparer la venue surprise du Général Zackley.
- Mieux vaut ne pas laisser Akiko toute seule, dit-il sur un ton assez sérieux pour que l'on comprenne que le temps jouait contre nous. Elle a appris assez de mauvaises nouvelles comme ça, je ne tiens pas à ce qu'on retire de mon escouade l'un de mes soldats uniquement parce qu'il ou elle est le neveu ou la nièce d'un tueur en série. Personne ne choisit sa famille. Je me porterai garant pour plaider la cause d'Akiko.
Le « Colonel » se tourna vers moi et ajouta :
- Un chef d'escouade n'abandonne jamais ses hommes. Tu peux compter sur mon soutien.

*
*   *

La suite se déroula comme dans un brouillard, après cette conversation à l'infirmerie. C'était comme si mon esprit avait bloqué et refusé d'imprimer la suite des évènements. Il fallait aussi dire que les dernières nouvelles étaient tout sauf bonnes... Et la venue prochaine du général en chef des armées, afin de m'interroger sur Gabriel et son long palmarès d'assassin n'aidait pas beaucoup. Qu'est-ce qui allait me tomber dessus ?
Divers scénarios me traversaient l'esprit, comme être renvoyée de l'armée, être jetée en prison, ou pire encore : la condamnation à mort. Ça craignait vraiment. Et c'est là que je me rendais compte dans quelle merde je me trouvais, à cause de ce fichu de parenté.
Mon cœur battait la chamade et mon esprit explosait à force de remuer des idées noires. Je faisais tout pour me retenir de laisser exploser ma colère, même si ce n'était pas l'envie qui m'en manquait. Ma plus grande peur était que l'on s'en prenne à la famille de mon oncle Kássandros. Eux non plus n'avaient rien demandé à personne.
Si je le pouvais, j'irais à Pegasus pour les prévenir du danger qu'ils encouraient. Les Brigades Spéciales ou la Garnison ne se priveraient pas pour les interroger également.
Je ne sortis complètement de ma torpeur que lorsque je finis par réaliser que l'on m'avait emmenée dans la chambre de Mike. Parfait. Au moins, je me sentirai plus en sécurité avec quelqu'un de confiance que toute seule. Et puis, je pourrai aussi parler de mes ressentis sans être jugée.
Après un moment, Mike vint s'asseoir près de moi au bord du lit, m'entoura de ses bras et m'attira à lui, posa un baiser sur mon front. Sa présence me faisait sentir beaucoup mieux. Je posais ma tête sur son épaule.
- Dis-moi que tout ce qui s'est passé n'est qu'un rêve. Un putain de rêve qui n'en finit pas.
- Malheureusement, j'ai peur que ça ne soit pas le cas, répondit mon petit ami, sombre. Tu as entendu le capitaine, le général t'interrogera lorsqu'il viendra à Trost et il va falloir t'y préparer, il ne te fera sûrement pas de cadeau.
Merci, je n'étais absolument pas au courant ! Mais Mike avait raison : avec lui, mieux valait se préparer à tout. Même au pire. Ce point me fichait les chocottes.
- On ne peut pas dire que j'ai le choix. Mais sois-en sûr que je me serais bien passée de cet interrogatoire et de ces nouveaux problèmes, soupirai-je, me questionnant sur mon avenir au Bataillon. Comment veux-tu que j'ai l'esprit tranquille après cela ?!
Comme seule réponse, Mike déposa un nouveau baiser sur mon front et me rapprocha davantage de lui. Seule sa présence me rassurait en cet instant. Je n'avais besoin de personne d'autre. D'ailleurs, je n'avais envie de voir personne actuellement. Le moral étant au plus bas, je ne pensais pas que ce soit le bon moment pour venir m'adresser la parole. La seule chose qui m'obsedait alors, c'était la venue du Général Zackley. L'interrogatoire. Gabriel.
Gabriel Ivoldo. J'avais du mal à m'y habituer. Gabriel Ivoldo... Gabriel Ivoldo...
Comment est-ce que je n'avais pas pu voir les détails plus tôt ? C'était évident que Gabriel connaissait trop bien ma mère et Kássandros pour être de simples connaissances, qu'il savait beaucoup de choses à propos de leur enfance, et aussi pourquoi il était si familier avec Kássandros. Bien que mon oncle ne tenait pas à ce Gabriel approche de trop près sa femme, son fils, et moi. La fille de leur sœur décédée. À part le regard, les deux frères Ivoldo ne se ressemblaient pas du tout. De même que Gabriel et ma mère ne se ressemblaient pas du tout.
C'est pour cela que je n'avais jamais fait le rapprochement. Même Ilías et Junna, sa mère, ne s'étaient doutés de rien. S'ils apprenaient la vérité, aucun doute qu'ils feraient une syncope.
Tu parles d'une journée ! Elle aura été riche en émotions, que ce soit en bonnes ou en mauvaises.
Pourtant, j'aurais aimé ne jamais connaître la vérité sur Gabriel Ivoldo. Mon oncle maternel

__________________________________________________________________________
Le chapitre 25 en ligne, mes petits chats 😊 Je suis désolée pour ce long retard, mais, comme dit pour le chapitre 33 de « A life without regrets » [SNK ~ Livaï x OC], la situation actuelle dans laquelle on vit depuis deux mois, et le fait de gérer ma vie privée à côté, n'a pas du tout aidé. Il sera donc plus court que les autres et je m'en excuse auprès de vous... 😔

#Alixassëa l'Elfique

« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant