Chapitre 26

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*3 mai 835*

Ces quatre derniers jours étaient une véritable torture pour moi. L'annonce de mon lien de parenté avec Gabriel avait été plus bouleversante que je ne le pensais, au point que mon état de santé semblait dépérir un peu plus chaque jour. Je ne mangeais presque plus, ne dormais presque plus, j'étais complètement à la ramasse lors des entraînements dans l'une des forêts aux grands arbres, au sein du Mur Maria, et mon esprit me jouait des tours en me faisant penser que tout le monde était au courant de la nouvelle. La nièce d'un tueur en série au sein du Bataillon d'Exploration. Ça me rendait malade rien que de songer aux moqueries. C'était la raison pour laquelle je n'osais plus parler ou me montrer en public. Et je pouvais vous assurer que c'était tout SAUF super cool, la paranoïa !
June, Lexie, Erwin, Hansi, Mike, et même mon chef d'escouade essayaient de me faire changer les idées avec toutes sortes de conversations - famille, les explorations Intra-Muros, le monde à découvrir quand nous réussirons enfin à percer le mystère des Titans. Tout y passait. Je leur fus reconnaissante de m'aider à me sentir mieux, mais le mal-être restait malgré tout... Toutes ces interrogations donnaient mal à la tête. Il fut même arrivé que je me réveille plusieurs fois la nuit, tant les cauchemars me hantaient sans arrêt. Mike se sentait impuissant. Tout ce dont il pouvait faire était de me prendre dans ses bras et me bercer jusqu'à ce que le sommeil revienne.
Je m'en voulais de lui causer tous ces soucis, il n'avait rien demandé, et pourtant... Pourtant il eut l'extrême patience de rester à mes côtés et de me soutenir, malgré les tracas. C'est justement ce trait de caractère qui m'avait tant plu, à notre rencontre dans les Brigades d'entraînement, et qui avait fait que nous nous étions tout de suite très bien entendus par la suite. J'ignorais comment, mais un feeling s'était créé - au point de deviner ce que l'autre pensait. Les fous rires que l'on se prenait à chaque fois.
Pour en revenir sur le sujet où le Général Zackley devrait passer à Trost pour me questionner, je sentais d'avance le coup foireux. Cet interrogatoire afin d'en savoir plus sur Gabriel me stressait. J'avais envie de disparaître six pieds sous terre...

*
* *

Ce matin-là, alors que June m'avait rejoint dans la grande salle pour prendre le petit-déjeuner, je lui avais confié mes doutes quant à ce qui se passait actuellement, et l'arrivée prochaine de Zackley pour l'interrogatoire. Je ne vais pas vous mentir : le débouché de cette histoire ne me rassurait pas du tout. Ma plus grande crainte était d'être mise sur la touche, à cause de ce lien de parenté avec le Monstre de Mithras. Quelques rares soldats étant arrivés, ce fut le moment parfait pour parler en toute tranquillité sans être écoutées aux portes. Cela faisait beaucoup trop longtemps que je gardais tout en moi, et j'avais besoin de me confier à une personne de confiance.
June essayait de me rassurer : Zackley voudra sans doute éclaircir quelques points, l'interrogatoire ne durera sans doute pas longtemps car les haut-gradés verront bien que je n'étais pas au courant de la vérité jusqu'à aujourd'hui. Ils ne pourront pas me virer de l'armée juste parce que j'ignorais tout de cette histoire de famille.
Elle n'avait pas tort, mais l'inquiétude ne partait pas pour autant. L'idée de commettre une boulette me terrorisait. Cela signerait aussi la fin de ma carrière au sein du Bataillon d'Exploration, et allez savoir ce qui pourrait se dérouler par la suite... Rumeurs, harcèlement, les gens qui s'en prendront sûrement à moi, tout pouvait arriver si cela devait se savoir. Etre la nièce d'un tueur en série n'avait pas que des avantages, croyez-le ou non. Les idées perçues par le reste de la population allaient bon train quant à ce genre de « faits divers ».
- Tu verras bien ce qu'ils te diront, ajouta mon amie en remarquant que je n'étais pas vraiment convaincue. De toute façon, tu ne pourras pas te défiler éternellement. Tout ce dont je peux te conseiller, c'est de rester toi-même et de ne pas stresser quand Zackley posera les questions.
- Faire semblant relève de l'impossible, June, marmonnai-je, la main dans les cheveux, et tu le sais très bien. Déjà que ma situation familiale n'est pas très glorieuse, vu mes relations infructueuses avec mon père, mais là, avec cette histoire sur Gabriel et la nouvelle comme quoi c'est mon oncle maternel, c'est la cerise sur le gâteau. Tu aurais réagi comment, toi, si tu apprenais du jour au lendemain que l'homme que tu as déjà croisé dans ton enfance et le célèbre tueur en série - et qui se révèle être l'oncle que tu n'as « jamais vu » - n'étaient qu'une seule et même personne.
- C'est vrai que ça serait un véritable choc. Et on ne va pas se mentir, je ne peux même pas imaginer ce que je ressentirais si je vivais la même chose que toi, avoua June.
Pour une fois, nous étions complètement d'accord sur un sujet en particulier.
Je soupirai une nouvelle fois en faisant passer machinalement ma main devant mon visage, désemparée.
- Qu'est-ce que je fais avec ça, moi, maintenant ? Hein ? Je te demande ! Comme si je ne me prenais pas assez la tête comme ça, avec mon père qui tente par tous les moyens de se racheter pour son comportement quand j'étais petite...
Un nouveau soupir s'échappa de mes lèvres, tandis que je me prenais la tête avec ce casse-tête chinois. Comment allais-je me dépêtrer de ce merdier sans me tirer vers le bas ? Chaque être humain était son propre ennemi, après tout.
Lexie déboula alors dans la salle de repas, apparemment chamboulée, et chercha quelqu'un du regard. Qu'est-ce qui avait bien pu la mettre dans cet état ? Quand elle nous vit au loin, elle se précipita vers nous en courant presque. Ignorant les soldats présents qui levaient les yeux dans sa direction avec curiosité, notre amie parut aussi pâle qu'un cajeton. Cette attitude me fit froncer les sourcils. Ce n'était pas dans les habitudes de Lexie d'agir de la sorte, avec sa timidité maladive...
Si Lexie se comportait ainsi, cela signifiait que quelque chose allait arriver.
June avait elle aussi dû deviner, parce qu'elle demanda à notre amie ce qui se passait pour qu'elle soit dans un tel état de panique. Lexie ne répondit pas tout de suite. Encore sous le choc, elle chercha ses mots quelques minutes avant d'avouer que le général en chef des armées venait d'arriver.
- Il discute en bas, actuellement, avec le Major Shadis et le capitaine Rosenberg. Je crois qu'il ne tardera pas à te demander, Akiko.
Les bras m'en tombaient pendant que Lexie annonçait la nouvelle. Il arrive plus tôt que prévu, le bougre ! Il tient vraiment à faire tomber des têtes...
Bon sang, les mauvaises nouvelles s'étaient décidées à s'acharner jusqu'au bout : quand il n'y en avait pas une, une autre déboulait tel une pochette surprise, et ainsi de suite. J'en avais plus que ma claque de tout ce cirque ! Et en même temps, que pouvais-je y faire ? À part perdre encore plus mes moyens ?
Ce que venait de dire Lexie me cassa encore plus le moral qu'autre chose.
- C'est pas vrai, le général a bien choisi pour se pointer ici... Je vous parie tout ce que vous voulez que dans la prochaine demi-heure, il demandera ma présence au bureau du Major.
Je n'avais désormais plus d'appétit. M'excusant auprès de mes amies, je me levai et déposai mon plateau dans la cuisine, avant de traîner dans les couloirs du Q.G., l'esprit ailleurs. Décidément, ce n'était pas ma veine en ce moment. Tout partait de travers ! C'est à se demander si la malchance n'avait pas décidé de jouer un mauvais tour, ou quelque chose dans le genre.
Une question se posait néanmoins : qu'allait-il se passer au cours de ce maudit interrogatoire avec Zackley ? Déciderait-il de me mettre aux arrêts ?
Me torturer l'esprit ne servait à rien. Pour l'instant, j'essayais de penser à autre chose en réfléchissant à ce que j'allais pouvoir dire pour ma défense. Ça allait être la partie la plus compliquée dans cette histoire. Et dire que je pensais que cela ne pouvait pas être pire que d'être bouffé par l'un de ces fichus Titans...
Tandis que je me perdais dans mes pensées, je percutai dans quelque chose - enfin, quelqu'un - qui arriva en face de moi. Et avant de réaliser quoi que ce soit, une voix se fit entendre :
- Akiko, qu'est-ce qui ne va pas ?
Mike était la personne que je venais de percuter. Doucement, il me prit par les épaules et me serra dans ses bras, en posant une main sur ma tête. Pas besoin de parler pour se comprendre, mon petit ami avait vu que ce n'était pas la grande forme.

 Pas besoin de parler pour se comprendre, mon petit ami avait vu que ce n'était pas la grande forme

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Mes tremblements cessèrent aussitôt à ce contact. Ses bras eurent l'effet escompté en me calmant. En quelques mots, je lui expliquais ma conversation avec Lexie et June, la nouvelle de l'arrivée du général au Q.G., mes questions — et surtout la peur de me faire lyncher, ou renvoyer avec cette histoire. Gabriel ayant tué plusieurs soldats ces derniers temps (Honey compris, pour venir me parler), le fait d'apprendre que c'était mon oncle n'aidait pas du tout à me rassurer. Ça me tuait rien que de penser à tout cela ! Mike me rassura du mieux qu'il pouvait, avec des paroles qui s'avéraient parfaitement censées.
Il dit aussi que Zackley n'allait pas me renvoyer avec pour seul motif que j'étais la nièce du Monstre de Mithras.
- Gabriel Ivoldo a commis plusieurs centaines de meurtres au long de sa vie, souligna Mike. Toi, tu n'es en aucun cas fautive, et ta famille non plus. Vous n'êtes pas responsables de ses crimes. Si le général avait décidé de te renvoyer de l'armée, ç'aurait été fait depuis longtemps... pour une faute grave que tu aurais commise. Or, ce n'est pas le cas.
C'est vrai. Je ne l'avais pas vu sous cet angle. À croire qu'à force de tergiverser, ce genre d'informations m'était sorti de la tête.
- Je sais que c'est dur, mais essaye de te ressaisir, Akiko. S'ils voient que tu es distraite, ils en profiteront pour te déglinguer.
Ces dernières paroles me firent tilter. En effet, si les haut-gradés remarquaient ma faiblesse, ce sera la faille parfaite pour enfoncer le clou davantage encore qu'au départ. Et à partir de là, mon cauchemar ne fera que d'amplifier. Ça donnera un coup dur terrible à ma carrière de soldate.
Mike avait raison de ce côté-là : je devais me reprendre en main, afin d'éviter que cela n'arrive.

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Le chapitre 26 en ligne, mes petits chats 😊 Je suis sincèrement désolée pour le retard, et si le chapitre vous paraît court, avec toutes les choses à faire dans la vie courante... 😥😢

#Alixassëa l'Elfique

« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant