« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉ

Chapitre 23

Et le pire était à venir lorsque le capitaine nous apprit une nouvelle fracassante, concernant le nom de famille de Gabriel...

*29 avril 835*

- Il s'appelle en réalité Gabriel Ivoldo ?!
Le choc avait été brutal. Toute la tablée n'avait pas caché son étonnement lorsque, le visage sombre, le capitaine Rosenberg avait révélé le nom de famille de Gabriel. Le frère aîné de Kássandros, mon oncle de Pegasus et Sophie, ma mère. Ce qui voulait dire que Gabriel, le Monstre de Mithras... se révélait être mon oncle maternel. Le fameux oncle dont on ignorait tout depuis la plus tendre enfance, moi et Ilías. Voilà pourquoi Kássandros n'avait jamais révélé son lien de parenté avec Gabriel, ni raconté leur enfance chaotique à tous les deux (enfance dont ils passaient tout leur temps à protéger ma mère), ni répondu à nos questions chaque fois que celui-ci passait à l'atelier et nous fichait une frousse avec son aura - à cause du long passé de tueur en série de Gabriel. Kássandros ne souhaitait pas nous inquiéter.
On aurait dit qu'un morceau de ciment venait de me tomber sur le coin de la figure. Je fixais mon chef d'escouade de longues minutes durant, ébranlée, le visage décomposé, sans savoir comment réagir. L'air commençait à me manquer. Tout s'embrouillait dans ma tête, et je n'arrivais pas à remettre de l'ordre dans mes idées.

Mike et les autres furent tout aussi abasourdis que moi par la nouvelle. Ils s'attendaient sans doute à une réaction de ma part, que je me mette à bondir de ma chaise, ou quelque chose dans le genre... mais rien. Comme je l'ai dit, j'étais beaucoup trop sonnée pour dire quoi que ce soit. Ce qui les inquiéta grandement. Rosenberg aussi, car il sembla prononcer quelques mots à mon attention, que je n'entendis pas. Ça devait se voir que je n'étais absolument pas au courant du lien de Gabriel avec ma mère et Kássandros.
Alors que les ténèbres semblaient m'engloutir, une main se posant sur mon épaule me fit violemment sursauter. Je sortis de ma torpeur et regardai d'où venait cette main. Juste à temps pour entendre Lexie s'exclamer :
- Euh... Capitaine ? Est-ce que ça vous dérange si j'emmène Akiko prendre l'air ? La nouvelle a été un sacré choc pour tout le monde, elle la première, et... je ne pense pas qu'elle ait la force d'en entendre davantage.
- C'est une sage décision, Thornburn, reconnut notre chef d'escouade. Vas-y. Si jamais tu sens qu'Eyre ne va pas bien, emmène-la à l'infirmerie. Je viendrai prendre des nouvelles tout à l'heure, après la réunion.
Intérieurement, je remerciai Rosenberg de sa compréhension. Derrière son image de blagueur, il savait se montrer attentionné et respectueux envers ses subordonnés, et voyait quand quelque chose n'allait pas. Sérieux, la tête sur les épaules. S'il pouvait y avoir davantage de soldats que lui qui respecteraient autant les autres êtres vivants, cela éviterait à tout le monde de répéter les mêmes erreurs. Encore et encore. Rosenberg gardait toujours un œil protecteur sur chacun de nous. C'était un chouette chef d'escouade.
J'ignorais comment j'ai pu trouver la force de me lever de ma chaise sans m'écrouler sur les genoux, ni comment j'ai fait pour suivre Lexie, mais c'est tel un zombie que je me dirigeai vers l'entrée du réfectoire de la caserne. Soutenue par mon amie, j'y arrivais non sans mal. Je faisais peur à voir, avec la pâleur qui colorait mon visage.
Apprendre de cette manière que Gabriel était le fameux frère de Kássandros et de ma mère, le beau-frère de Junna et de mon père, et notre oncle à Ilías et moi, je refusais d'y croire. Comment était-ce possible ? Et comment n'avais-je pas pu faire le rapprochement plus tôt ? Malgré tout, Gabriel ne ressemblait pas du tout à ma mère et à mon oncle, ni physiquement ni mentalement parlant. Autant Sophie Ivoldo-Eyre et Kássandros Ivoldo se montraient très sérieux dans leur travail et faciles à vivre, aimants envers leurs familles, autant Gabriel était un tueur en série qui maîtrisait parfaitement son sang-froid en toutes circonstances, et fonçait tête baissée dans les ennuis. A présent, je me demandais quelle sera ma réaction quand je ferai face à Kássandros et lui balancerai ses quatre vérités, comment il réagirait lui aussi, etc.
Pourtant, je n'avais pas la force d'en vouloir à mon oncle. Si Kássandros n'avait rien dit à ce sujet, à moi, à Ilías ou même à Junna, sa propre femme, c'est sans doute pour éviter de nous inquiéter et nous faire peur. Ce n'était pas son intention de nous cacher des choses, son seul souhait était de protéger sa famille. Mais ce secret avait fini par causer - involontairement - le décès de plusieurs soldats de la Garnison et des Brigades Spéciales et celui de mon amie Honey, tous tués par Gabriel.
Tout ça parce qu'ils avaient eu le malheur de croiser son chemin, et essayé de l'arrêter.
Ma vue se brouilla tout d'un coup, et je finis par m'écrouler au sol une fois la porte du réfectoire passée. La dernière chose que j'entendis fut le cri de panique de Lexie, qui appela notre chef d'escouade, Erwin et les autres. Puis plus rien.