Chapitre 15 [Bonus : Passé de la famille Ivoldo]

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*année 799 — 36 ans plus tôt*

C'était une journée du début de l'automne comme les autres. Les jours avaient commencé par rétrécir doucement, le soleil se couchant de plus en plus tôt et se levant plus tard le matin, et les feuilles devenues orangées tombaient des arbres en tourbillonnant. Ainsi défilaient les quatre saisons au fil des années qui se succédaient. L'automne donnait un air morose à certaines personnes, avec le raccourcissement de la luminosité au fil des jours. Ça leur filait le cafard !
Cela ne dérangeait toutefois pas Sophie Ivoldo, une fillette de 12 ans pleine de joie de vivre. Elle adorait l'automne et passait toute la journée à jouer dehors, parmi les feuilles mortes, avec son frère aîné Kássandros, 14 ans. Tous deux étaient extrêmement proches, et se soutenaient mutuellement.
Pour se soutenir, ils en avaient bien besoin : depuis la perte de son travail après un accident, leur père était devenu irritable et alcoolique, et jugeait le monde entier comme responsable de son malheur. Il n'hésitait pas non plus, dans ses pires moments, à s'en prendre physiquement et moralement à sa femme et ses enfants. De telle sorte que chacun marchait sur des œufs à longueur de journée. Les disputes se succédaient également dans le couple, ce qui faisait énormément souffrir la fratrie. L'aîné des trois enfants — le frère de Kássandros et Sophie — avait fini par partir en claquant la porte deux ans avant, pour ne plus jamais revenir. C'était à la suite d'une énième dispute avec le paternel, en 797 ; Sophie et Kássandros n'étaient à l'époque qu'âgés de 10 et 12 ans, et leur frère 15 ans.
Les cadets devaient maintenant se débrouiller pour survivre à cet enfer quotidien, surtout en l'absence de leur mère qui devait travailler désormais pour toute la famille.
Ce jour d'automne 799 réserva une surprise aux Ivoldo...

*
*   *

Sophie se tenait dans la salle à manger, assise à la table et buvant une boisson chaude. Sa mère était partie tôt ce matin pour le travail, et idem pour Kássandros, devenu depuis peu apprenti à l'atelier du village de Pegasus où la famille Ivoldo habitait. Pegasus se situait non loin du District d'Utopia, au nord du Mur Rose. Son père, quant à lui, roupillait comme une masse à l'étage, histoire de se « débarrasser » de tout ce qu'il avait picolé.
La fillette aux longs cheveux blonds soupira. Elle ne reconnaissait plus le père qu'elle avait autrefois aimé, cet homme devenu un fardeau pour sa famille, à force de ne rien faire de la journée. Il ferait mieux de se trouver un autre travail, non ? Visiblement, ça ne faisait pas partie des priorités de Monsieur Ivoldo...
Quelqu'un frappa à la porte. Sophie s'arrêta, les sourcils froncés. Qui venait leur rendre visite à cette heure-ci de la journée ? Ils n'attendaient personne. Elle se leva et alla ouvrir, tombant sur un jeune homme de 17 ans ; il patientait sur le perron.
- Gabriel ?
Sophie écarquilla les yeux de surprise. Elle ne s'attendait pas à cette visite inattendue.

Devant elle, le dénommé Gabriel dépassait désormais le père Ivoldo d'une bonne tête (il mesurait un mètre quatre-vingt-deux, mais sa stature mince donnait l'impression qu'il était plus grand), ses cheveux noir corbeau étaient tirés en arrière, ave...

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Devant elle, le dénommé Gabriel dépassait désormais le père Ivoldo d'une bonne tête (il mesurait un mètre quatre-vingt-deux, mais sa stature mince donnait l'impression qu'il était plus grand), ses cheveux noir corbeau étaient tirés en arrière, avec quelques mèches rebelles partant à droite et à gauche, et ses yeux dorés et perçants semblaient vidés de toute émotion humaine. Pour ne pas dire qu'il n'y en avait plus depuis longtemps. Ce n'était plus un enfant, mais il restait encore du chemin à parcourir avant de devenir complètement adulte. Pourtant, à force de se battre lors de ces deux dernières années, Gabriel avait appris à grandir plus vite et à gagner en maturité. Ce trait de caractère déstabilisait les plus âgés.
Au départ interdite, Sophie mit quelques secondes à reconnaître son grand frère. Elle alla vers lui et sauta dans ses bras. Gabriel dut se baisser pour la soulever.
- Tu as drôlement poussé, la frangine, dis donc ! fit-il remarquer avec sarcasme. A ce stade, tu me rattraperas dans quelques années.
Dû à leurs caractères différents, Sophie et Kássandros n'étaient pas très fusionnels avec Gabriel, mais il restait malgré tout leur pilier parce qu'il était seul des trois enfants à s'être confronté plusieurs fois à leur père alcoolique. Ils se souvenaient encore des engueulades entre ce dernier et leur grand frère, et les pleurs de leur mère. Un véritable carnage !
Gabriel déposa Sophie au sol, et la questionna sur la présence de leur famille. Sophie lui fit signe de baisser d'un ton ; leur père dessoûlait à l'étage, et elle ne comptait pas se faire battre au cas où selon lui « il y aurait trop de bruit ». Elle apprit également à son frère que leur mère travaillait, et que Kássandros venait de devenir apprenti à l'atelier de Pegasus, pour apprendre le métier d'artisan. Cette dernière information, Gabriel le savait : en réalité, la bonne nouvelle avait fait grand bruit aux alentours, via la presse. On félicitait le jeune garçon pour son entrée dans le monde du travail.
Les deux s'assirent à la table de la salle à manger. Gabriel ne resterait pas longtemps chez eux ; il repartira dans quelques minutes. Mais Sophie sembla troublée par quelque chose qui la tourmentait. Récemment, elle avait appris qu'un nouveau tueur en série (l'armée l'avait surnommé « Monstre de la Cité Royale ») s'en prendrait depuis quelques mois aux nobles qui vivaient à la Cité Royale et à travers les quatre Districts du Mur Sina. On ne parlait plus que de ça, à Pegasus et au District d'Utopia.
Après hésitation, Sophie finit par se confier à son frère. Gabriel éclata de rire.
- Il ne prendra pas le risque de venir dans le coin ! fit-il remarquer. Si ce Monstre de la Cité Royale s'en prend uniquement à ces gros lards de politiciens qui se croient supérieurs au reste de l'humanité, c'est qu'il doit y avoir une raison. Ils ont fait quelque chose qui ne lui a pas forcément plu.
- Ce n'est pas une raison pour tuer des gens ! La plupart des nobles sont peut-être des pourris, mais ils avaient des familles, des amis qui tenaient à eux, protestai-je. Des vies sont gâchées, à cause de ces meurtres !
- Attention, petite sœur, tu risques de t'attirer les foudres du père, s'il t'entendait.
- Je dis seulement ce que je pense ! Gabriel, tu sais que je n'aime pas la violence. Alors pourquoi des gens doivent-ils tuer d'autres gens pour pas grand-chose ?
Gabriel ne releva pas la remarque de sa sœur, mais se contenta de sourire. Sophie était une jeune fille honnête, travailleuse, et super raisonnable. La tête sur les épaules. Elle trouvait le courage de révéler le fond de sa pensée, même quand ce n'était pas le moment. Ses propos faisaient qu'on la prenait au sérieux ; les gens appréciaient la jeune fille pour sa gentillesse et sa façon bien à elle de ne pas se laisser marcher sur les pieds.
Sophie et le reste de sa famille l'ignoraient, mais Gabriel n'en était qu'au début de sa longue série de meurtres. Sa réputation de « Monstre de la Cité Royale » grandira au fil des prochaines années et il fera tout pour protéger l'humanité (ainsi que sa famille) des malversations du gouvernement des Trois Murs et de la classe riche du Mur Sina et de Mithras, la Cité Royale.

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Le chapitre 15 en ligne avec un petit bonus, mes petits chats 😊 Ça parlera d'une partie du passé de Sophie et Kássandros Ivoldo, la mère et l'oncle d'Akiko.
On découvre aussi, dans ce flash-back, que le fameux Gabriel n'est autre que le frère aîné de Kássandros et Sophie — ce qui fait donc de lui l'oncle d'Akiko et Ilías — et comment il est devenu tueur en série, surnommé le « Monstre de la Cité Royale ». Mais ça, ils ne le savent pas...

#Alixassëa l'Elfique

« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant