Chapitre 11

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*7 avril 835*

L'expédition Extra-Muros approchait, plus que quelques semaines avant le grand jour. Le stress se faisait ressentir parmi les soldats ; ils travaillaient alors dix fois plus depuis plusieurs jours maintenant, et ça ne rigolait plus. Le Major Shadis était toujours autant attaché à l'idée de trouver des réponses sur les questions existentielles concernant les Titans, leur mode de vie, et pourquoi ils s'acharnaient autant à dévorer les hommes que les autres races (comme les cerfs, les oiseaux, les loups...). Bien sûr, croiser le fer avec la Mort à chaque sortie en-dehors des Murs restait un énorme risque, et on avait beau y être habitués, jamais on ne savait quand arrivera notre dernière heure.
La population exprimait sa colère à chaque retour d'expédition, parce que l'argent de leurs impôts passait par la fenêtre et que les morts se comptaient à la pelle. Je ne comptais même plus les fois où cette situation désagréable nous sautait en plein visage. Ça me foutait le bourdon à chaque fois !
Leur mécontentement était légitime, mais nous n'étions pas devins sur le nombre de morts qu'il y aura durant les expéditions. Comment le pourrait-on ? J'étais la première à admettre qu'entrer dans le bataillon d'exploration signifiait des combats contre les Titans - ça ne voulait pas dire pour autant qu'il fallait nous insulter à tout moment. Nous aussi, nous souffrons de la mort de nos camarades, mangés par ces êtres humanoïdes.

 Nous aussi, nous souffrons de la mort de nos camarades, mangés par ces êtres humanoïdes

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Le capitaine Rosenberg devait revenir au Q.G. aujourd'hui. Après des jours passés aux côtés de sa famille - et particulièrement auprès de la petite Julia qui venait de naître - il se sentait sans doute rassuré que l'accouchement se soit bien déroulé. Leur fille devait être mignonne à croquer ! Mes amis se moquaient gentiment de moi et de mon amour pour les enfants, mais je n'y pouvais rien : les enfants et moi, il y avait une connexion particulière. Je les adorais, et rien ne m'enlèverait cette passion !
Parlant de bébés, d'ailleurs, les dernières nouvelles nous avaient appris la naissance de la petite-fille du commandant Pixis, née le 2 avril (le lendemain de la naissance de la fille du capitaine Rosenberg). Ses parents, des soldats de la Garnison et dont le père n'était autre que le fils du commandant, l'avaient appelée Cara. Très joli prénom. Je me demandais comment elle était, cette petite fille...

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* *

Une énième journée d'entraînements passa, et dans l'après-midi on dut tous s'arrêter pour se reposer un peu. On n'en pouvait plus ! Des jours entiers à s'initier à l'équipement tridimensionnel dans l'une des forêts aux arbres géants du Mur Maria ou dans les rues mêmes de Trost, et à combattre deux par deux, comme dans les brigades d'entraînements, il y avait de quoi être épuisé dès l'arrivée du soir. Il m'était arrivée de m'endormir directement sur mon lit sans même me changer, et à ne pas être réveillée (pour une fois) par les ronflements « de chaudière » de Honey à 5 heures du matin. Nous étions tous arrivés à un stade où la fatigue prenait le dessus sur tous nos sens ; le sommeil ne se retrouvait donc pas empoisonné par des cauchemars et autres rêves de ce type. Mike m'avait même avoué qu'il ne se réveillait plus en panique la nuit depuis quelques nuits, l'absence de cauchemars sur la mort de certains camarades ne faisant plus d'apparition.
Chacun était assis, soit sur des branches d'arbres en hauteur, soit par terre. Je faisais partie des quelques soldats qui se reposaient sur l'une des branches d'un arbre géant. Adossée contre le tronc, je réfléchissais à l'avenir. Combien d'expéditions faudra-t-il avant de me faire bouffer par un Titan ? Combien de temps me restait-il, si ça devait arriver un jour ? Jusque-là, j'avais toujours été chanceuse, une bonne étoile veillait sans aucun doute au-dessus de ma tête. Ce n'était pas mon genre de me vanter, mais je me sentais soulagée de vivre assez longtemps pour continuer à profiter de la vie et aussi de ma famille.
Mais ce bonheur-là ne durera pas éternellement, je le savais. Mieux même que n'importe qui. Ça pourrait être à la prochaine expédition où je tomberai au champ de bataille, ou à la suivante, ou encore à la suivante si tout se passait bien. Ça pourrait se passer n'importe quand, et c'était déprimant parce que je savais que ma mort ferait souffrir mes proches et mes amis. Mike en particulier. J'adorais les moments passés avec lui, notre complicité était mon trésor le plus précieux. Et ça, je ne l'échangerai pour rien au monde.
Honey l'avait bien compris. Mon amie vint me rejoindre sur la branche où j'étais positionnée et aussitôt, l'interrogatoire commença :
- Toi, tu as une tête à penser à une certaine personne. Est-ce que ce ne serait pas Mike, par hasard, qui occuperait toutes tes pensées ?
Honey Hayden, je la connaissais depuis les brigades d'entraînements, la même période où j'avais fait la connaissance de Mike, Lexie et June. Possédant un côté dramatique, elle en faisait des caisses lorsque des couples se formaient et elle n'hésitait pas à donner des conseils amoureux. Elle se montrait aussi (trop) curieuse, au point de vouloir savoir les derniers potins. Quitte à les obtenir par la force !
Mais c'était une jeune femme très gentille et prête à aider. Nous avions beau être différentes, elle et moi, nous nous respections et l'une pouvait compter sur l'autre pour s'aider mutuellement. Une véritable confiance d'équipe.
Ses questions quelques peu indiscrètes me firent lever les yeux au ciel. Pourquoi me le demander, puisqu'elle connaissait déjà mes sentiments pour Mike ? Honey dut le comprendre, car, très vite, elle se mit à hurler de manière hystérique.
- Alors, tu lui as avoué ce que tu ressentais pour lui ?
- Woh, woh, woh, Honey, calme tes ardeurs, tu veux ! Ce n'est déjà pas évident de les garder pour moi. Et puis, je ne sais pas s'il ressent la même chose, de son côté !
- Arrête, ça crève les yeux ! s'écria Honey. Même si tu n'en as pas conscience, Mike apprécie sincèrement ta compagnie. Et ça se voit ! June et Lexie sont d'accord avec moi : tu dois faire le premier pas, ma vieille.
Je rougis comme une tomate, vaincue et démasquée.
- C'est bon, tu as deviné, une fois de plus. Mais s'il-te-plaît, laisse-moi encore un peu de temps avant que j'aille lui avouer mes sentiments !
- Tu dis ça à chaque fois et tu te dégonfles, nota Honey, ce qui une fois de plus était vrai. Il faut que tu te dépêches, ou il sera trop tard ! Chaque minute compte avant l'expédition. Tu sais qu'il y aura encore des morts ce jour-là, mais personne ne se doute du jour où il décèdera par l'un de ces fichus Titans. Fais ton choix.
La conversation se termina ainsi. Honey me fit savoir qu'elle allait chercher Lexie et June, et qu'elles seraient ensemble si jamais l'envie me prenait de les rejoindre, puis elle fila aussi vite qu'elle était venue. Elle vola d'arbre en arbre avec facilité et à la vitesse de la lumière. Je me retrouvais seule avec mes interrogations.
Les filles avaient raison, mais je ne savais pas comment faire pour avouer mes sentiments à Mike. Si ça se trouve, je n'étais qu'une simple amie pour lui... On me dirait que je me cassais la tête pour des broutilles de rien du tout et c'était vrai. Je me posais énormément de questions sur la vie quotidienne et mes ressentis.
Quelqu'un d'autre déboula sur ma branche, tandis que je continuais à débattre avec mes pensées. Je ne m'en rendis compte que lorsqu'une main se posa sur mes cheveux et qu'une voix s'éleva :
- Ça va ? On dirait que ce n'est pas la grande forme.
Mike. Je ne l'avais pas entendu arriver.
Je n'imaginais pas sa venue avant notre retour au Q.G. Il avait certainement dû apercevoir Honey partir après m'avoir parlé, et s'était demandé ce qui se passait. Sans doute la raison la plus valable qui l'ait poussé à grimper dans l'arbre où je me situais pour m'y rejoindre, histoire de s'assurer que tout allait bien. Il s'assurait toujoursde la sécurité et du bien-être de ses camarades. Autant dire que c'était quelqu'unde loyal.
Sa présence me rassura sur-le-champ. Je me redressai légèrement et je me réfugiai dans ses bras, en posant la tête sur son épaule pour trouver du réconfort. Ce geste, ça me permettait d'apaiser mes peurs, de faire disparaître les interrogations inutiles. Un besoin affectif.

« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant