*22 mars 835*
Lors du troisième tour de terrain durant l'entraînement, Lexie, qui courrait à mes côtés, me demandait plusieurs fois si l'homme croisé avec les gars et le chef Rosenberg dans les cuisines — Kássandros — était bien mon oncle. Elle avait cru, à cause de ma ressemblance avec lui, que nous étions père et fille. Erwin lui avait raconté le coup. Lui, notre chef d'escouade et Mike étaient tombés des nues suite à l'annonce du lien oncle-nièce entre Kássandros et moi, et posaient simultanément des regards choqués sur moi et sur mon oncle, persuadés que je plaisantais. Même les jeunes recrues présentes semblaient eux aussi abasourdis. C'est vrai qu'à cause de notre ressemblance physique nous ne pouvions pas nier notre lien de parenté, alors il y avait de quoi être surpris.
Mais je confirmais que Kássandros Ivoldo était bel et bien mon oncle. C'était le frère aîné de ma mère, Sophie Ivoldo épouse Eyre, et tous deux s'adoraient, partageant des liens fraternels très forts. Au vu des nombreuses histoires racontées par ma tante Junna, on les voyait toujours fourrés ensemble, même quand ils grandissaient. Jamais vu un frère et une sœur qui s'entendaient à merveille ! Les gens finissaient par les prendre pour des jumeaux, tellement ils se ressemblaient physiquement.
Il y avait un autre frère dans la fratrie Ivoldo, plus âgé que ma mère et Kássandros, mais apparemment les relations étaient plus compliquées... Tellement compliquées que ni moi ni Ilías n'avions rencontré cet oncle « imaginaire ». Excepté les rapports tendus, nous ignorions tout de lui, y compris son physique et comment il s'appelait. Je n'avais jamais compris pourquoi il existait une telle « animosité » entre le duo Kássandros-Sophie et leur frère.
C'est ce que je pensais actuellement, alors que tous les soldats du bataillon d'exploration s'entraînaient durement dans la cour du Q.G. de Trost. La tridimensionnalité dans l'une des grandes forêts du Mur Maria était prévue en fin de journée. Ça m'arrangeait plutôt bien, parce que je n'avais pas envie de me vautrer devant tout le monde.
Je m'étirai lorsque Erwin et Mike me rejoignirent. A leur tête, je compris qu'ils n'en revenaient toujours pas de ma filiation avec Kássandros.- Pas étonnant que tu nous disais que ça risquerait de surprendre, si on rencontrait ton oncle, fit Erwin alors que nous discutions. Vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau.
- Tout le monde me le répète depuis des années, déclarai-je en rigolant. Remarque, je ne suis pas vraiment aidée : Ilías ressemble lui aussi à son père, physiquement parlant, et moi à ma mère. Elle et Kássandros sont frère et sœur, on les prenait tout le temps pour des jumeaux malgré leurs deux ans de différence, donc imagine les réunions de famille.
- J'imagine très bien. Ça doit être charmant d'être confondue en permanence...
- Mais ta mère n'avait pas des problèmes de cœur, de son vivant ? s'enquerra Mike.
Je réfléchis quelques instants, en proie au doute.
- Elle avait la santé fragile, c'est sûr, mais je ne sais plus précisément de quoi elle souffrait. Junna a dû m'en parler et je n'ai pas retenu le nom de cette maladie. Un nom à coucher dehors, je pense ! Je demanderais à mon oncle.
Alors que nous marchions vers l'entrée du bâtiment en bavardant, nous ne remarquâmes pas l'étrange duo qui s'y trouvait. Eux aussi parlaient entre eux, vivement intéressés par le sujet de conversation, et éclataient de rire par moments. Les soldats du bataillon d'exploration étaient divisés en plusieurs groupes, chacun vaquant à ses occupations. Tous étaient libres de faire ce qu'ils souhaitaient.
Je ne me rappelais plus de quoi je parlais avec les gars ; quelqu'un nous interrompit avant qu'on aille plus loin dans la conversation. Et, bien sûr, devinez qui se fit interpeller par le vieux ? C'est bibi !
- Tu t'es bien débrouillée à l'entraînement, Kiko, me félicita Kássandros. Ta tante s'inquiète quand tu pars en expédition Extra-Muros, malgré que je lui répète que tu es libre de faire ce qui te semble le plus juste.
- Vous voulez dire que vous étiez favorable à son entrée dans l'armée ? demanda Erwin, étonné par la révélation de mon oncle.
- Oui, jeune homme. Je reconnais qu'au départ je n'étais pas favorable à ce que Kiko rejoigne les Explorateurs, de peur qu'elle ne revienne pas de sa première sortie en-dehors des Murs, mais elle a fait son choix. Et ce n'est pas moi qui allais m'y opposer ! Au moins, je sais qu'elle prend très à cœur sa mission de donner des réponses concrètes à l'humanité, et de penser d'abord aux autres plutôt qu'elle.
- S'il-te-plaît, Kássandros, soupirai-je en levant les yeux au ciel. Je sais que tu es fier de ce que nous avons accompli, moi et Ilías, mais quand même tu te répètes. Être demi-centenaire ne t'arrange pas.
- Non mais dis, ça va aller, oui ! Dis tout de suite que je deviens trop vieux, sale gosse !
- Ah, ce n'est pas ce que j'ai dit. Je te connais suffisamment pour savoir que tu es du genre à trop forcer, tonton.
- J'ai l'impression d'entendre ta tante.
Mike et Erwin écoutaient nos chamailleries sans cacher leur étonnement, tout comme le chef Rosenberg. Je leur avais raconté que je considérais Kássandros comme un père de substitution depuis mon départ de ma maison natale, mais ils ne devaient pas s'attendre à ce que nous soyons si proches au point de nous taquiner. Ça montrait que le respect régnait entre nous.
A choisir entre mon paternel et la famille de ma mère, il n'y avait pas photo, je choisirais la seconde réponse. Direct. C'était mon ressenti, personne ne partageait le même avis que son voisin. Tous les goûts sont dans la nature.
Si maman faisait encore partie de ce monde, elle aurait tenté de raisonner mon père, tout en déclarant que tous deux devraient me laisser faire comme je l'entendais. Kássandros définissait ma mère comme quelqu'un de très tolérante. Selon lui, je tenais mon caractère d'elle, en plus de ma ressemblance physique.
Kássandros nous apprit qu'il partirait en fin d'après-midi pour arriver à l'heure au District de Shiganshina avant la nuit, et dormir là-bas afin de pouvoir se rendre sans problèmes à sa réunion avec les chefs artisans des autres ateliers venant de chaque District des trois Murs.
- Ce n'est que demain, je préfère prendre de l'avance, ajouta-t-il. On ne sait pas qui on pourrait croiser sur notre chemin.
- Vous faites bien de tout planifier avant votre départ de Trost, dit le chef Rosenberg qui s'écoutait maintenant à merveille avec mon oncle. Je demanderai au Major qu'une escorte vous accompagne, vous et vos trois salariés, jusqu'à destination.
- C'est gentil, Clémens, mais je ne peux accepter. Je ne veux en aucun cas déranger le bataillon avec ma réunion à Shiganshina.
- Je serais toi, je ferais mieux d'accepter la proposition, intervins-je. Dès que le Colonel a pris une décision, il est impossible de le faire changer d'avis. C'est une vraie tête de mule !
- Dis donc, Eyre, tu brûles d'insolence aujourd'hui ! s'exclama mon chef. Tu frises l'insubordination.
Regard entendu entre Mike et Erwin, qui ne dirent rien pendant cet échange. C'était une chance que le chef Rosenberg ait un caractère blagueur et ne soit pas comme le Major Shadis, niveau caractère, ou je n'aurais pas donné cher de ma peau.
Je me mis soudain à réaliser que je n'avais pas demandé à mon oncle qui l'accompagnait à sa réunion organisée à Shiganshina. Je m'apprêtai à le faire, mais une voix bien connue s'éleva à quelques mètres de nous — et je sus tout de suite l'identité de l'un des trois artisans qui avaient été choisis par Kássandros pour se rendre au District situé au sud du Mur Maria.
- Eh, mais c'est ma cousine préférée ! Comment vas-tu, Akiko !
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« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉ
Fanfiction« Akiko Eyre, 23 ans, fait partie du bataillon d'exploration depuis la fin de ses années d'entraînement. Son vœu le plus cher est d'éradiquer tous les Titans de ce monde, pour qu'un jour les hommes puissent vivre libres. Chaque jour est un combat po...