*29 avril 835*
Deux jours après notre départ en expédition Extra-Muros, le Bataillon d'exploration était revenu par la porte du District de Shiganshina, Mur Maria, où nous étions partis le 25. Le jour même où Mike et moi avions bien failli terminer dans la gueule d'un Titan. Heureusement, le capitaine Rosenberg était arrivé juste à temps pour nous sauver la mise, et avec l'aide de trois soldats l'étrange Titan Déviant avait été réduit à néant. Il avait expliqué être arrivé peu de temps après notre départ ; Erwin et les filles lui avaient expliqué ce qui venait de se passer, et, n'écoutant que son instinct, le chef s'était aussitôt précipité pour nous tirer de cette misère. Autant dire que nous lui étions reconnaissants d'avoir sauvé notre peau... même si cela signifiait risquer la sienne pour nous !
Autre bonne nouvelle : à notre retour le 27, très peu de morts avaient été déclarées, ce qui relevait de l'exploit. Même les habitants de Shiganshina ne croyaient pas à ce qu'ils voyaient. Ça prouvait bien qu'ils n'étaient pas habitués à un tel spectacle. Il n'empêche, cependant, que nous n'avions pas échappé à leurs critiques.
Ça, c'était il y a deux jours. Et aujourd'hui, 29 avril, nous reprenons nos habitudes à la caserne de Trost. Nous nous rendrons au Q.G. entre ce District et celui de Shiganshina dans quelques heures, histoire de reprendre les entraînements dans la forêt, avec l'équipement tridimensionnel. Parce que les tâches administratives, ça allait deux minutes, quoi ! J'avais hâte de reprendre l'entraînement pour me perfectionner, et aussi perfectionner l'esprit d'équipe avec mes amis et les autres soldats du Bataillon.
En attendant, je profitais d'être à la caserne pour passer du temps avec Mike. Notre relation amoureuse évoluait très rapidement et nous devenions plus proches, plus intimes, avec le temps. Ça faisait du bien de se retrouver rien que tous les deux, et se confier sur nos ressentis et des souvenirs.
Ce jour-là, on s'était retrouvés dans un coin de la caserne où personne ne traînait beaucoup — pour ne pas dire quasiment jamais —, et notre baiser durait depuis un petit moment. Les bras de mon homme m'encerclèrent de part et d'autre avec une infime tendresse, et me collèrent à lui. Je m'y réfugiai avec plaisir. Arriva l'instant où l'air manqua.
Mike caressa mon front avec le sien.
- Je me sens toujours aussi bien avec toi, peu importe l'endroit. C'est apaisant.
- Oui, je trouve aussi, dis-je en lâchant échapper un rire.
- On pourrait rester ainsi pendant longtemps, si on le voulait.
- T'es sérieux ? Je ne pense pas que le Major Shadis serait d'avis à ce qu'on manque notre devoir de soldat.
- C'est pas faux non plus. Mais une chose est sûre : je veux passer ma vie avec toi.Je déposai un bisou rapide sur le nez de mon homme et je me blottis davantage contre lui, mon visage enfoui dans son cou. Mike resserra un peu plus son étreinte. Le silence s'installa, tandis que nous restions là à profiter du corps et à écouter la respiration régulière de l'autre. On se sentait tellement bien comme ça, j'aimerais que l'on passe la journée de cette manière. Cette complicité nouvelle, j'aimais bien, je ne l'échangerai pour rien au monde.
Nous quittions la pièce quelques minutes plus tard pour rejoindre nos camarades, main dans la main. Ils devraient sans doute se demander où nous étions cachés pendant ce temps. Comment leur en vouloir ? Aucun soldat ne traînait dans les couloirs.
J'eus une soudain pensée pour mon père alors que nous rejoignîmes le réfectoire. Se portait-il bien ? Que faisait-il en ce moment ? C'était surprenant de ma part, parce que je ne lui parlais déjà plus depuis des années, et que la seule fois où nous nous étions revus remontait au jour de la « visite » de Gabriel et de la mort de Honey, au début du mois. Quelques temps avant le début de l'expédition Extra-Muros que nous venions de faire. Alors, pourquoi m'inquiétais-je autant pour lui ? Son comportement de l'époque m'avait fait beaucoup souffrir, mais sa culpabilité et sa tristesse de l'autre jour paraissaient sincères. Du coup, je ne savais plus vraiment quoi croire. Il fallait dire que mes mauvais souvenirs d'enfance n'aidaient pas vraiment à pardonner et à tourner la page une bonne fois pour toutes.
Toutes ces questions me firent mal au crâne, à un point que personne ne pouvait imaginer. Je décidai d'en parler à Mike, qui se tenait toujours à mes côtés, et lui touchai deux mots sur ce que je ressentais au plus profond de mon cœur.
- Tu devrais donner une seconde chance à ton père, conseilla Mike en posant ses yeux sur moi. Je sais que ce n'est pas ce que tu souhaites entendre, mais vu le repenti dont il a fait preuve lors de sa visite à la caserne, cela prouve qu'il avait changé et que ta fugue y était pour quelque chose. C'est grâce à ça qu'il s'est remis en question.
C'est vrai que ce n'était pas du tout ce que je voulais entendre, mais Mike avait raison. Il fallait que je revoie mon jugement et que je tente de pardonner à mon père. Du moins, j'allais essayer. Il me faudrait du temps avant que je ne passe l'éponge sur mes blessures d'enfance et excuser le comportement qu'avait autrefois eu Ménélas. De fait, aux dires de mon petit ami, j'acquiesçai lentement la tête.
Après en avoir discuté quelques minutes, nous finîmes par rejoindre le réfectoire. Le capitaine Rosenberg, Erwin et les filles se tenaient présents, assis autour d'une table. Ils discutaient d'une tactique pour le prochain entraînement. Personne ne remarqua notre arrivée, tellement ils étaient obnubilés par le discours de notre chef d'escouade. Ça se comprenait : le capitaine possédait le don d'attirer l'attention de tous par de simples mots, et arrivait à apaiser les tensions quand cela commençait à s'envenimer entre plusieurs personnes. C'est pour cela qu'il était extrêmement respecté par tout le monde. Même les Brigades Spéciales, les nobles et le clergé — et aussi les guildes marchandes et certaines associations anti-bataillon — ne pouvaient rester indifférents face à une telle personnalité.
Comme dit un mois et demi auparavant, s'ils se mettaient à dos un soldat renommé et admiré du Bataillon d'exploration tel le capitaine Rosenberg, en commettant des actes impardonnables ou en insultant son corps d'armée, ils recevront un violent retour de bâton. Et alors, ce serait fini de leur réputation et de leur carrière. C'est la raison pour laquelle ils n'osaient pas s'en prendre à lui, comme la réputation sérieuse de celui-ci avait traversé les trois Murs.
Notre entrée aurait pu passer inaperçue, mais, évidemment, Hansi l'excitée de nature n'était jamais loin. Elle fut d'ailleurs la première à nous apercevoir.
- YOUHOOOOUUUU !!!! Akiko, Mike, on est là !
Évidemment, ç'aurait été trop beau pour être vrai.
Nos camarades cessèrent ce qu'ils étaient en train de faire, et tournèrent la tête vers nous deux. Honnêtement, je ne savais plus du tout où me mettre et Mike non plus. J'avais l'impression qu'on me faisait cuire un œuf sur les deux joues.
- Passer inaperçus, maugréai-je. Génial. On n'aurait pas pu rêver mieux.
Pourtant, nous essayâmes aux côtés de nos amis. A l'instar de Hansi (et autrefois Honey, de son vivant), June ne manqua pas de nous taquiner au sujet de notre retard. Autant dire qu'on en entendit parler pendant plusieurs minutes !
- Alors, qu'est-ce qui s'est passé pour que vous n'arriviez pas à l'heure ? Vous avez dormi en chemin, ou c'était autre chose ? ricana June.
- Ça y est, c'est reparti ! Tu ne vas tout de même pas faire la commère comme Honey et Hansi, pour avoir des réponses à tes questions ! répliquai-je en lui lançant un regard noir. Je sais qu'il n'y en a jamais deux sans trois, mais quand même. Tu sais ce que veut dire le mot intimité ?
- Quoi ? Je veux juste savoir ce qui s'est passé...
- Eh, moi aussi je veux connaître tous les détails croustillants ! intervint Hansi, excitée. Allez, dites-nous tout, par pitié Akiko !
Je crois que mes joues prirent la couleur d'une tomate bien mûre en me rendant compte qu'elles étaient tout aussi irrécupérables que Honey. Je ne savais plus du tout où mettre, et, honnêtement, j'étais incapable de donner la moindre réponse qui conviendrait à Hansi et à June. Honey avait une personnalité semblable à Hansi, mais la différence entre elles deux était la retenue (et Honey savait se retenir à sauter partout comme une puce quand il le fallait). A côté, Mike fit mine de ne pas prêter attention à la curiosité des filles, pourtant il devait être tout aussi gêné que moi. On faisait là une belle paire.
Heureusement, tout prit fin grâce à l'intervention de Lexie et d'Erwin qui calmèrent June et Hansi. Tant mieux ! On allait avoir du calme pendant un moment. Je leur étais reconnaissant d'être intervenus pour étouffer toute cette curiosité.
Puis le capitaine Rosenberg attira notre attention sur un autre sujet que la reprise des entraînements avec l'équipement tridimensionnel. Cela concernait Gabriel. Apparemment, il avait réussi à s'enfuir de la prison où il avait été jeté, après avoir piégé et tué deux soldats des Brigades Spéciales qui le surveillaient, pendant que nous étions partis à l'extérieur des Murs. D'après les autres soldats, qui tournaient pour le poste de garde devant sa cellule de prison, Gabriel n'arrêtait pas de répéter qu'il devait absolument me retrouver et me parler. Cela les avait étonnés, parce qu'ils ne voyaient pas le lien entre un criminel endurci et une jeune soldate du Bataillon d'exploration. Quoiqu'il en soit, cela les avait suffisamment effrayés pour tenir la Garnison au courant, puis nous, peu de temps après notre retour d'expédition. Ce n'étaient pas des nouvelles rassurantes.
Durant le discours du capitaine, je me suis sentie pâlir à vue d'œil, jusqu'à être complètement décomposée. Je ne me rendis même pas compte que j'avais arrêté de respirer. C'était quoi, le problème de Gabriel ? Si ce n'était pas pour se débarrasser de moi, pourquoi voulait-il me parler à tout prix ? Il avait aggravé son cas en tuant deux soldats des Brigades Spéciales, pourtant il n'y avait aucune prise de risque. Pour s'évader d'une cellule de prison, il existait un tas d'autres solutions que celle-là. L'idée était beaucoup trop simple.
Et le pire était à venir lorsque le capitaine nous apprit une nouvelle fracassante, concernant le nom de famille de Gabriel...__________________________________________________________________________
Le chapitre 22 en ligne, mes petits chats 😊 Ce sera un chapitre plus court que les autres, j'en suis navrée d'avance.#Alixassëa l'Elfique
VOUS LISEZ
« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉ
Fanfiction« Akiko Eyre, 23 ans, fait partie du bataillon d'exploration depuis la fin de ses années d'entraînement. Son vœu le plus cher est d'éradiquer tous les Titans de ce monde, pour qu'un jour les hommes puissent vivre libres. Chaque jour est un combat po...