*17 avril 835*
Et là, Hansi apparut comme par enchantement à nos côtés, tout excitée, telle une enfant qui découvrait ses cadeaux. Son excentricité n'était jamais bon signe...
Effectivement, il y avait de quoi s'inquiéter, parce qu'à peine assise elle se mit tout de suite à raconter à Erwin et à Mike les derniers évènements dans la cour de la caserne des Explorateurs, sans se douter que je venais déjà de les mettre au parfum. C'était inouïe ! Je la regardais partir dans tous les sens durant quelques instants, pétrifiée, avant de poser le pouce et l'index sur l'arête de mon nez. Cette fille était décidément complétement à côté de ses pompes ! Quand le sujet ne partait pas sur les Titans, c'était sur les dernières rumeurs, et vice-versa. Pour décrire Hansi en un seul mot : IRRÉCUPÉRABLE ! D'ailleurs, elle possédait quelques points communs avec Honey et c'est pour cela que toutes deux s'entendaient super bien, avant le décès tragique de notre amie...
Sans prendre conscience qu'elle partait en live, Hansi s'extasiait. Plusieurs soldats se retournaient même en l'entendant piailler. La honte intergalactique !- Je ne vous raconte pas l'ambiance qui est tombée dans la cour. J'ai même cru qu'Akiko allait pâlir jusqu'à ce que la terre l'engloutisse entièrement ! Elle se sentait mal et choquée, et en plus, c'était marrant de la voir réagir ainsi, parce qu'aucun son ne sortait de sa gorge. J'étais morte de rire ! Vous pouvez lui demander, c'est ce qui s'est passé — hein, Akiko ?
Je ne répondis pas à la question.
- C'est gentil à toi de nous le raconter, Hansi, l'interrompit Erwin, qui avait su garder son sang-froid, mais Akiko nous l'a déjà raconté avant ton arrivée. On est donc au courant de toute l'histoire.
Merci, Erwin ! Ton intervention vient de tous nous sauver la vie.
C'est rare que des personnes réussissent du premier coup à faire taire Hansi — d'ailleurs elles étaient très peu, comme aucune n'osait l'interrompre au cours de ses monologues dont seule Hansi possédait le secret, étant donné qu'elle causait des heures durant. Sans s'arrêter ! J'étais toujours très surprise qu'elle ne ressente pas l'assèchement de sa gorge pendant tout le temps où elle parlait. Ce point-là, je n'avais jamais compris le sens, et je ne comprendrai sans doute jamais.
Grâce à Erwin, Hansi s'arrêta net en plein milieu de son discours. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle venait d'entendre, et pour cause, elle fixait chacun d'entre nous avec incompréhension.
- Ce n'est pas drôle, Erwin ! Si tu commences à sortir des blagues... (Soudain, ça fit tilt dans la tête de la scientifique.) Attends deux secondes, t'étais sérieux, là ? Tu étais réellement sérieux, quand tu disais qu'Akiko vous a tout conté ?
- Oh oui, il est on ne peut plus sérieux. Et maintenant, Hansi, par pitié, laisse-nous bouffer tranquillement !
Au ton utilisé, il n'était pas difficile de comprendre que je n'allais pas tarder à péter un fusible si Hansi continuait à jouer ce petit jeu dangereux. Parlant de cela, elle devina très rapidement le fond de ma pensée.
- Ouh là, s'exclama Hansi. Vu la tête que tu tires, tu ne vas pas tarder à exploser.
- Oui, et tu as intérêt à la mettre en veilleuse avant l'éruption volcanique, confirmai-je, en la fixant aussitôt droit dans les yeux.
Mon regard noir ne tarda pas à faire flipper Hansi, et à la rendre aussi silencieuse qu'une pierre tombale. Enfin un peu de tranquillité ! Le reste du déjeuner se déroula sans encombres. June et Lexie réussirent à se faufiler dans la foule qui débarqua dans l'immense salle, plateau en mains, pour nous rejoindre à notre table. Leur présence ne fit que renforcer les discussions à notre table. L'évènement de ce matin et la tristesse sur la mort de Honey passèrent à la trappe pour laisser place à la bonne humeur.
Ce ne fut qu'à la fin du repas que le capitaine Rosenberg réapparut. A en croire les traits tirés sur son visage, il avait dû parlementer avec Lothar et ses deux collègues des Brigades Spéciales des heures durant, avant de trouver un accord amiable concernant Gabriel. Je ne voyais que ça.
June dut se poser les mêmes questions que moi, parce qu'elle s'aperçut de la présence de notre chef d'escouade à côté de notre table.
- Capitaine, vous allez bien ? Vous tirez une drôle de tête, remarqua-t-elle à voix haute.
L'intervention de mon amie causa quelques secondes plus tard le silence autour de la table, et les têtes qui se tournaient en direction de notre supérieur. Tous retenaient leur souffle. Même moi, je n'osais plus respirer ou dire quoi que ce soit. Le comportement du capitaine Rosenberg avait quelque chose de flippant en soi.
Quelques minutes de silence qui ressemblaient à des heures s'écoulèrent. Puis, finalement, le capitaine finit par nous révéler la cause de son retard.
- La réunion a duré plus longtemps que prévu. Les Brigades Spéciales restaient sur leur position, avec des idées bien arrêtées quant à notre prisonnier, et avec le Major, on a eu beaucoup de mal à les faire changer d'avis. Jusqu'à ce que je finisse par rappeler tous les crimes commis par Gabriel au fil des dernières décennies (et surtout récemment), et qu'à tout instant il pouvait recommencer là où nous nous y attendrons le moins. Il était donc inutile de débattre comme des malades tant que le danger restera au-dessus de nos têtes. En toute honnêteté, le deal avec les Brigades Spéciales ne me plaît pas vraiment, d'autant que la décision vient d'en haut, mais c'est la seule solution trouvée pour protéger la population d'une telle menace, du moins pour le moment.
Ah, oui. Le général Zackley et la plupart de ses (étranges) décisions. Pourquoi est-ce que ça ne me surprenait pas tant que ça ?
- Capitaine, j'ai une question à vous poser, dit Lexie. Comment pouvons-nous être certains que le Monstre de la Cité Royale ne s'est pas défilé pendant son séjour dans la prison de notre caserne, et qu'il n'a pas récidivé en s'en prenant à d'autres de nos camarades ?
- Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça, Lexie, la rassura le capitaine. Les soldats qui le surveillent en permanence sont des vétérans, et je viens vérifier chaque soir qu'il ne s'est rien passé durant la journée. Évidemment, ce n'est certainement pas ça qui arrêtera notre tueur, mais il se tient tranquille pour le moment.
C'est vrai que ce n'étaient pas des soldats (les vétérans y compris) qui mettraient un terme aux pulsions de Gabriel, peu importe la branche de l'armée. Ce trait de caractère se révélait être inquiétant et aussi dangereux pour la population.
Un sujet en particulier me turlupinait depuis le décès de Honey. Depuis mon enfance, je me doutais que Gabriel était plus qu'une simple connaissance pour mon oncle Kássandros et ma mère, parce qu'un lien plus puissant que ne le prétendirent les deux hommes se percevait. Ma tante Junna elle-même n'était pas aveugle. Ça faisait quelques années qu'elle nourrissait des doutes entre ce mystérieux frère disparu dans la nature avant la majorité de maman et Kássandros, et ce tueur en série, Gabriel. Dans ses premières lettres, Junna m'avait confié ce qu'elle doutait au fond de son cœur. Et ça ne s'était pas arrangé quand Gabriel avait sorti ces étranges révélations que j'étais la seule à avoir entendu.
Il y avait de quoi éprouver des suspicions, en effet. J'hésitais à en parler. Mais c'était un sujet extrêmement important et je décidais d'en toucher deux mots au capitaine Rosenberg. Il saura quoi faire de ces informations.
- Kássandros Ivoldo doit avoir une bonne raison pour ne pas révéler au reste de ta famille qui était Gabriel, par rapport à ta mère et à lui, commenta mon supérieur, mon histoire terminée. Ce genre d'informations pourrait t'attirer des ennuis si ça arrive jusqu'aux oreilles de Zackley. Mais il se doutera bien que tu n'es pas au courant de tout, s'il t'interroge. Écoute, je vais essayer de chercher de mon côté, et je ferai un compte-rendu à la moindre nouveauté.
Je le remerciai. En mon for intérieur, le malaise se ressentait et j'avais du mal à respirer. Je me sentais si mal, si seule, que ça devait se voir sur mon visage
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« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉ
Fanfic« Akiko Eyre, 23 ans, fait partie du bataillon d'exploration depuis la fin de ses années d'entraînement. Son vœu le plus cher est d'éradiquer tous les Titans de ce monde, pour qu'un jour les hommes puissent vivre libres. Chaque jour est un combat po...