Chapitre 27

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« Si un jour tu n'as plus la force d'avancer, regarde derrière toi. Tu as affronté tellement de choses dans le passé, ce serait dommage d'abandonner maintenant. »

*3 mai 835*

- Soldat Eyre ? Le général en chef des armées Zackley souhaite s'entretenir avec vous, au bureau du Major Shadis. Veuillez nous suivre, je vous prie.
Quand je vous disais que dans la demi-heure suivant le moment où Lexie avait annoncé la présence de Zackley dans le hall du Q.G. du Bataillon d'exploration, en pleine discussion avec le capitaine Rosenberg et le Major, il me ferait demander... Je ne racontais pas de bobards ! Une demi-heure était passée, Mike avait réussi à me calmer, il était resté à mes côtés tout du long ainsi que nos proches amis et quelques collègues (venus me témoigner leur soutien), jusqu'à ce que deux soldats aux ordres du Général interrompent notre discussion et ordonnent que je les suive. Le moment tant redouté était redouté venait de tomber.
Si je pouvais maudire mon sixième sens pour avoir prédit cette fichue demi-heure, je le ferais sans hésiter au cours des premières minutes !
Mais le Général Zackley n'aimait pas qu'on le fasse attendre, d'après ce qu'on dit, alors je m'exécutai et je suivis les deux soldats, résignée, non sans jeter un dernier coup d'œil à mes amis. Comme un au revoir. Ou plutôt... comme si je m'apprêtais à me rendre à l'abattoir. Pour une fois, Hansi ne s'excitait pas le nœud, et intérieurement je la remerciais parce que je ne tenais pas à ce qu'on la remette à l'ordre.
Qu'est-ce que Zackley allait bien me pondre ? Je me doutais bien que sa venue concernait vous savez quoi, et non pour le plaisir d'une conversation non verbale, mais tout de même. Mon cœur se serrait et mon estomac se retournait rien qu'en imaginant la conversation avec le général.
Je me surpris à trembler comme une feuille. Malgré les paroles réconfortantes de Mike, les membres de mon corps partaient en vrille tout seuls quand le stress atteignait son paroxysme. Il y avait de quoi !
Ce fut alors comme une automate que j'arpentais les longs couloirs de pierre du quartier général que possédaient les Explorateurs à Trost, en-dehors du Q.G. de la reconstitution dit "Q.G.R." en plus court (qui se situait en plein centre du District et qui permettait aux soldats de l'armée recharger leurs cartouches de gaz et remplacer d'autres pièces pour de l'équipement tridimensionnel), suivant les soldats qui m'escortaient toujours sans dire un seul mot. Ce silence n'aidait pas du tout à calmer mes nerfs ! La première pensée était de leur adresser la parole - mais pour dire quoi ? Et de toute façon, qu'est-ce qui prouvait qu'on leur avait donné le droit de me toucher deux mots ? Il n'y avait pas trente-six solutions, il fallait tenter le tout pour le tout, même si je passais pour une cinglée.
- Hem... toussotai-je, pour attirer leur attention. Excusez-moi ? Est-ce que vous savez pour quelle raison le général Zackley m'a-t-il convoquée ? La conversation durera-t-elle longtemps ?
La demi-seconde suivante je réalisai la bêtise de ces questions. C'étaient les seuls mots qui m'avaient traversé l'esprit.
- Le général nous a fait comprendre que c'est strictement confidentiel, répondit l'un des soldats avec une dureté qui coupa court à la conversation. Et la conversation durera aussi longtemps qu'il le souhaitera, alors vous feriez mieux de cesser de poser toute question tordue !
Charmant, le garçon. Aussi aimable qu'une porte de prison ! Il ne devait pas être très sociable, le soldat qui venait de parler, avec sa langue acérée et sa froideur, mais cela avait au moins le mérite d'être on ne peut plus clair. Même si ce n'était pas très plaisant à entendre, il fallait se résoudre à accepter cette vision des choses malgré tout.
Mes pensées se dirigèrent vers ma famille. Mon oncle Kássandros, ma tante Junna, mon cousin Ilías... Est-ce qu'ils étaient au courant de ce qui se passait ici ? Le capitaine Rosenberg leur avait-il écrit ? Comment avaient-ils réagi en apprenant des événements à venir ? Cela m'inquiétait de savoir que je leur causais involontairement des soucis ; cette image me brisait le cœur.
Nous marchâmes encore un moment à travers les longs couloirs du Q.G., tous les trois, croisant parfois certains de mes collègues qui se retournèrent dans notre direction avec étonnement, avant d'arriver à destination dans les étages. Juste devant le bureau du Major Shadis.
Mon Dieu. Je commençais sérieusement à sentir des sueurs froides dans la nuque, et le cœur battait de plus en plus fort à l'intérieur de la cage thoracique. C'est seulement lorsque nous nous apprêtions à faire face aux bourreaux, si j'ose dire, que nous réalisions enfin ce que nous apprêtions à vivre, et que le stress grimpait davantage en flèche qu'au départ. Sans mes amis à mes côtés, j'ignorais comment j'allais gérer ce même stress qui se montrait plutôt farouche et négatif. Rien que ça était terrible à calmer, sans qu'on en rajoute une couche par-derrière !
Ce fut pourtant ce qui m'arrivait à l'heure actuelle. Et cela ne s'arrangea pas quand une voix grave et sévère s'éleva depuis l'autre côté de la porte, après que le soldat de droite ait toqué à la porte :
- Entrez !
Là, j'avais vraiment l'impression de mourir sur place, en plus de la bombe reçue à l'entente de l'annonce de Lexie. La voix n'appartenait pas au Major, mais au Général Zackley, les timbres étaient différents en beaucoup de points, la mémoire des voix s'apprenait avec le temps. Mes mains se crispaient, le cœur faillit lâcher à plusieurs reprises. Sérieusement, quoi rêver de mieux ?
La porte s'ouvrit. A l'intérieur du bureau, une vue surréaliste s'offrit à moi : en plus du Major Shadis, assis à son bureau, et le capitaine Rosenberg à ses côtés, d'autres personnes se tenaient debout près des deux canapés. Dont deux que je reconnaissais très vite.
Le général Daris Zackley et Lothar Lershaw, le soldat des Brigades Spéciales ami d'Ilías.
L'autre soldat des Brigades Spéciales, aux cheveux noirs, plus jeune, sans doute le même âge qu'Erwin, je ne le connaissais pas du tout.
Assez vite, j'avais compris que l'interrogatoire risquerait de durer très, très longtemps.

« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant