*7 avril 835 - soir*
Le repas étant terminé, tout le monde quitta le réfectoire pour aller se coucher. Je les imitai et pris le chemin de ma chambre en traversant les longs couloirs de pierre. Les torches accrochées aux murs étaient notre seule lumière, l'odeur de cramé du feu chatouillant le nez. Ça ne ressemblait en rien au grand luxe connu par la classe riche du Mur Sina, mais, au moins, on se débrouillait avec ce que l'on avait.
Et c'était déjà pas mal, je dirais.
La chambre que je partageais avec Honey ne se trouvait plus qu'à quelques mètres seulement lorsqu'une ombre apparut subitement sur ma droite. Et avant d'avoir le temps de réagir, cette même ombre me prit par la main et fit en sorte d'accélérer notre marche. On dépassa très rapidement ma chambre.
- Bon sang, mais qu'est-ce qui se passe ? Où va-t-on ?
Seul le silence répondit. L'inquiétude m'envahit, je commençai à flipper sérieusement. C'est quoi, ce bin's ? Je croisais les doigts pour que personne ne nous voit, on nous aurait regardés comme des bêtes de foire.
Nous marchâmes à travers les couloirs du Q.G. pendant longtemps, avec comme seule compagnie le bruit de nos pas. Où pouvons-nous donc aller ? Je comprenais que c'était pour discuter dans un endroit discret, là où personne ne nous dérangerait, mais ça devenait de plus en plus inquiétant... et pesant. Quelle annonce me sera faite ? Pourquoi oser venir me chercher non loin de ma chambre, alors que nous aurions pu discuter devant ? Et surtout, point relevé : pourquoi me prendre par la main ? Ce simple fait m'embarrassait et, en même temps, me gênait. J'avais l'impression de sentir mes joues s'embraser tel un feu de forêt ; autant faire cuire un œuf sur les deux joues.
Je ne parvenais pas à savoir ce que pensait l'autre soldat qui me tirait par la main. Il était pressé, ça se voyait, mais ses pensées étaient indéchiffrables. Que pouvait-il se dire actuellement ?
Et soudain, un détail me sauta aux yeux. Le soldat qui m'entraînait était grand, très grand... un mètre quatre-vingt-seize, et ses cheveux blonds avaient deux mèches qui tombaient de chaque côté de son visage. Je réalisai alors ce qui se passait.
- Mike ? balbutiai-je. Mais, enfin, qu'est-ce que... ?
- Attends deux petites secondes, m'interrompit mon ami.
- Mais pourquoi ? De quoi veux-tu me parler ?
- J'ai besoin de t'avouer quelque chose, mais pas ici. Ça a duré trop longtemps.
- Qu'est-ce qui a trop duré ? Mike, tu me fais peur.
Aucune réponse. Quelque chose en particulier tourmentait Mike, je le sentais bien. Il semblait vouloir dire quelque chose, mais n'y arrivait pas. Comme si ce n'était pas un sujet évident.
Arrivés au bout d'un couloir, nous finîmes par nous arrêter. Mike vérifia qu'aucun de nos collègues du bataillon ne traînait dans le coin, puis il nous fit entrer dans une pièce et ferma la porte derrière nous. Je ne me sentais pas très à l'aise et tranquille.
- Mike, peux-tu enfin m'expliquer pourquoi tu m'as emmenée ici ? Pourquoi de telles précautions ? On aurait pu discuter dans ma cham...
Mes reproches s'interrompirent quand des lèvres rencontrèrent les miennes, avec une force et une tendresse qui me déstabilisèrent. Mike était en train de m'embrasser. La douceur de son baiser était apaisante et plein d'amour ; mes sentiments pour lui semblaient bel et bien réciproques, ce qui confirmait que les doutes de Honey étaient fondés. Comment aurais-je pu m'en douter ? Il fallait dire je n'avais jamais osé faire le premier pas pour avouer ce que je ressentais. Et Mike venait de le faire à ma place.
Ses mains se posèrent sur mes hanches et les caressèrent. Mon corps tout entier frissonna, je poussai un gémissement étouffé par le baiser. Celui-ci s'intensifia quand nos corps en fusion se collèrent l'un contre l'autre. Tous nos sens s'éparpillaient comme une explosion, la passion du baiser nous rendit fous.
Le baiser finit par prendre fin lorsqu'on s'arrêta pour reprendre notre souffle. J'étais toute rouge face à autant de tendresse, et j'enfouissais mon visage contre le torse bien bâti de mon bien-aimé, de peur qu'on ne me voie dans cet état. Mike continua à caresser mes hanches et mon dos, et posa une de ses joues sur le haut de mon crâne tandis que ses bras s'enroulèrent autour de mon corps. On se sentit bien l'un et l'autre.
Nous restâmes collés ainsi pendant de longues minutes, cherchant du réconfort dans la présence de l'autre. Cela me fit énormément de bien et je profitai de sa chaleur corporelle. C'est fou comme l'amour était capable de changer une personne !
Pendant un moment ni l'un ni l'autre ne savait quoi dire, tellement nous étions bien dans les bras de son âme sœur. Mike finit cependant par interrompre le silence :
- Pardon.
Ce simple m'étonna, et je relevai la tête pour le fixer avec mes yeux bleus.
- Pourquoi tu t'excuses ? Tu n'as rien fait de mal, à ce que je sache.
- Je sais bien. Mais j'avais peur de ta réaction, si tu avais appris d'une autre manière ce que je ressentais pour toi. Et plus le temps passait, plus mes sentiments envers toi changeaient, et ça me perturbait parce que j'ignorais comment aborder le sujet avec toi. Je ne compte plus toutes les fois où je me ravisais de te révéler ce que je ressentais.
Alors Mike avait réellement des sentiments amoureux à mon attention ? Dire que je n'avais rien remarqué durant tout ce temps — ce qui n'était pas étonnant, comme je me voilais la face en pensant que mes propres sentiments ne seraient jamais réciproques.
Mais je compris que je m'étais trompée sur toute la ligne. Et le discours de Mike le prouva : des larmes de joie coulèrent sur mes joues.
- Tu es mon rayon de soleil, Akiko, et je veux rester auprès de toi, pour te protéger et t'aimer, ajouta-t-il. J'ai besoin de toi pour avancer, et si ce qui vient de se passer a pu te blesser...
Je l'arrêtai en posant ma main sur sa joue, le regard planté dans le sien. J'étais à présent déterminée. Cette fois, plus question de fuir, je me devais de lui révéler les secrets de mon cœur.
- Tu n'as rien à te reprocher, annoncai-je, car j'ai également mes torts. Moi aussi, je ne savais pas comment t'en parler, et je me disais que je n'étais qu'une amie pour toi. Honey et les filles avaient beau me répéter le contraire, je m'entêtais. Mais entre notre câlin de cet après-midi et maintenant, j'ai réalisé à quel point j'étais bête. Tu as bien fait de faire le premier pas.
Mes larmes continuaient de couler sur mes joues, mais je n'y prêtais plus attention. Après hésitation, je finis par déclarer :
- Je t'aime.
Ma déclaration surprit Mike dans un premier lieu, puis la joie remplaça la surprise et il me prit dans ses bras pour me soulever. Je laissais échapper un éclat de rire dont lui seul avait le secret, dans ce genre de moment où il fallait penser à autre chose. Là, c'était en quelque sorte pour fêter nos sentiments, nous avions vaincu notre réserve pour se les avouer.
Un poids énorme disparut de mes frêles épaules. On aurait dit que ça faisait des lustres que je le portais sur moi... Maintenant que c'était réglé, je ne pouvais plus renier ce que je ressentais.
L'heure tournait et il était temps d'aller dormir. Les autres risqueraient de se poser des questions. D'ailleurs, je devrais remercier les filles pour m'avoir donné un coup de pied dans le derrière, parce que, sans leur aide, je n'aurais jamais osé dire le fond de mes pensées. Avant de nous séparer, Mike m'embrassa une dernière fois et nos fronts se collèrent.
Je l'aimais.
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« 𝓣𝓱𝒆 𝓬𝓪𝓹𝓽𝓪𝓲𝓷 𝓸𝒇 𝓶𝔂 𝓼𝓸𝓾𝓵 [SNK ~ Mike X OC] » / TERMINÉ
Fanfiction« Akiko Eyre, 23 ans, fait partie du bataillon d'exploration depuis la fin de ses années d'entraînement. Son vœu le plus cher est d'éradiquer tous les Titans de ce monde, pour qu'un jour les hommes puissent vivre libres. Chaque jour est un combat po...