La Gladiatrice - Fanfiction Hunger Games -

5.

Après une journée entière de travail acharné, nous rentrions chez nous. Will avait décidé de me raccompagner tandis qu'Arran attendait sa mère à la sortie de l'usine.

En chemin, nous parlions pour la première fois depuis un an de la Moisson du lendemain :

- Tu n'as pas peur ? lui demandai-je en premier.

- Non, pas vraiment, répondit-il, je suppose que je ne réalise pas l'horreur qui va se dérouler si j'y vais, c'est tout.

- Moi j'ai réalisé, je murmurai d'une voix éteinte.

- Ça a du être horrible... remarqua le jeune homme.

- Je ne t'en parle pas, j'avais treize ans à ce moment là et je ne savais pas encore faire tenir une hache debout.

- Ce n'est toujours pas ton truc la hache... remarqua-t-il, franchement, tu peux essayer les poignards et les épées mais sinon j'ai peur qu'elle soit trop grosse pour toi !

Je souris avant de réaliser ses paroles ; les Hunger Games existent en dehors de la télévision et je serai peut-être nommée demain ou pire, quelqu'un que je connais sera nommé. J'essaie d'imaginer tour à tour Anya, Will et Arran choisis.

Dune était encore trop petite et Darius n'avait pas son nom d'inscrit mais Anya venait d'avoir quatorze ans, Will aussi et Arran quinze. Ils étaient encore en âge d'être nommés et vu le nombre de tesserae qu'ils prenaient par an, leur nom devait bien être inscrit une quinzaine de fois chacun.

Moi j'en avais dix-sept, mais c'était déjà beaucoup pour quatorze ans même si j'en aurai quinze dans quelques mois.

Je m'arrêtai devant chez moi et remerciai Will de m'avoir accompagnée.

- De rien... fit-il avec un geste de main désinvolte, de toute façon, je n'avais pas envie de renter chez moi immédiatement. Je préfère prendre mon temps et... observer.

Il acheva sa phrase par un sourire et s'éloigna me laissant devant chez moi.

Observer, il m'a beaucoup appris là-dessus. Will est plutôt quelqu'un qui se taisait et scrutait les réactions des autres pour deviner leurs pensées et agir en conséquence. J'ai appris à l'imiter sur ce point même s'il restait bien meilleur que moi, le faisant presque instinctivement .

J'ouvris la porte de chez moi et y déposai mes affaires. Ma mère m'a déposé une robe verte dans ma chambre, celle qui est ''assortie à la couleur de mes yeux''.

Je soupirai, je détestais mettre des robes ou des accessoires de filles en tous genres sauf mon collier et à la Moisson, on nous obligeait à célébrer la cérémonie comme si les familles étaient heureuses et fières de voir leurs enfants partir aux Jeux. Seules les familles de ''Carrières'' fonctionnent comme ça sinon les autres maisons pleuraient le départ de leurs enfants – ce qu'il y a de plus normal.

Les Carrières sont des enfants qui s'entraînent depuis leur plus jeune âge au combat et lorsqu'ils ont dix-sept ans, ils se portent volontaire et gagnent les Hunger Games. Seuls les districts Un, Deux et Quatre faisaient ce genre de chose stupide. Même si c'était notre surnom, il n'a jamais eu la même sonorité pour nous. Je les haissais tous, je haissais cette société injuste.

- Laureleen, pourquoi es-tu si en retard ?

C'était ma mère, avec ses yeux verts et ses tâches de rousseur, les seuls caractères physiques que j'avais hérités chez elle. J'ai les cheveux châtain clairs de mon père et son teint hâlé.

- Désolée, Anya a eu des soucis et Dune l'a raccompagnée chez elle. J'ai fini leur travail avec les gars et ça a pris plus de temps, c'est tout, mentis-je sans ciller.

- Oh, s'exclama ma mère inquiète, qu'est ce qu'il c'est passé ? Tu n'as pas eu de soucis avec les Pacificateurs j'espère ?

- Non, non. On a juste croisé un nid de frelons et Anya s'est fait piquer.

D'accord, ce n'était pas la vérité mais qu'est ce que j'aurais pu dire ? Qu'on avait croisé des mutations génétiques et que j'avais lancé une lame de fer vers ma meilleure amie qui avait transpercé le frelon d'un coup ? Ma mère ignorait que j'étais la Chasseresse ainsi que je m'entraînais depuis l'année dernière au maniement d'armes dans la peur des Jeux et je ne souhaitais pas qu'elle ne le sache.

- La petite Dune à réussi à raccompagner Anya chez elle seule ? s'enquit encore ma mère.

Je me mordillai la lèvre, elle ignorait l'existence de Darius dans mon groupe d'amis. Il faut dire que si mon père le savait, il m'expulserait sans doute de la maison sans hésitation.

- Oui enfin... elle a été aidée par un homme de l'Exploitation.

Ma mère semblait enfin accepter mes réponses et me laissa tranquille.

Je mangeai en vitesse et filai dans ma chambre, je ne voulais pas entendre mon père parler de la Moisson de demain.

Une fois sur mon lit, je soupirai, je me faisais réellement un sang d'encre pour rien. Si Will n'avait pas peur des Hunger Games, pourquoi moi je le devrais ?

Je déposai mon collier sur une souche d'arbre qui me faisait office de table de nuit et le fixai. Je ne devrais pas avoir peur des Hunger Games. L'espoir, il fallait toujours garder l'espoir.

Je fermai les yeux.