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La terreur me fit l'effet d'une décharge électrique en je nageai énergiquement vers la surface du moins j'essayai car je n'avais jamais mis les pieds dans l'eau et je ne savais pas nager mais c'était devenu le cadet de mes soucis.

Les poissons se multiplièrent, tournant autour de moi comme s'ils attendaient le bon moment pour m'attaquer. Je tentais désespérément de revenir à la surface et quand j'y parvins enfin, ma tête heurta quelque chose de dur. Je paniquai, cherchant désespérément à reprendre ma respiration quand un poisson se rua sur moi, vif comme l'éclair et me mordit la jambe. Je hurlai de douleur avant de me faire attaquer de nouveau, cette fois à mon pied.

J'allais mourir, je sentais mon courage et es forces m'abandonner petit à petit quand je fus mordue une troisième fois. A ce moment là, j'entendis au fond de moi la voix de Will, lointaine mais présente :

- Surtout, sois plus forte qu'eux. Bats-toi et gagne.

Je ne pouvais pas mourir ici, pas maintenant ! Je sentis les dernières forces du désespoir venir à moi et j'assénai un coup de pied à la créature avant de m'attaquer à ce qui m'empêchais de sortir à coups de couteau. Par chance, une fissure se créa puis je m'acharnai encore et encore les poumons en feu quand le verre se brisa enfin. L'instinct de survie avait fait place à ma raison et je m'extirpai de l'eau avant de prendre une grande respiration et sentir à mon plus grand soulagement la vie affluer de nouveau en moi, brûlante de rage, le Capitole avait failli avoir ma peau mais je ne me laisserai plus faire et me promis de redoubler de méfiance.

Un poisson s'avança dangereusement de moi et je lui hurlai avec rage :

- Prends ça imbécile !

J'avais enfoncé ma dague dans son horrible corps visqueux qui ne sembla subir aucun dommage mais j'étais trop épuisée pour y faire attention. Je bondis hors de l'eau une nouvelle fois en me tenant ma jambe, pleine de sang.

Je gémis de douleur en revenant au bord de l'eau en rampant, je n'avais plus soif ; juste cette douleur qui m'empêchait de marcher et qui me fit tituber jusqu'à la rive.

Lorsque j'arrivai, le verre qui m'empêchait de remonter à la surface disparut immédiatement ainsi que les stupides poissons. J'observai ma plaie, elle n'était pas belle à voir et je tentai en un premier temps de la rendre plus propre en me débrouillant avec ce que j'avais appris au Centre. Il n'y avait presque rien à faire, je ne pouvais plus me battre dans cet état. J'entendis alors un coup de canon dans l'arène mais je l'ignorai tant la douleur me faisait perdre mes moyens. Je me roulai sur le flanc, des larmes de souffrance aux yeux.

Je ne sais pas combien de temps je restai ainsi, incapable de bouger jusqu'à ce que je parvienne à avoir une idée Désespérée, je l'avouais mais puisque celle du bâton avait plus ou moins marché je ne voyais pas pourquoi je ne tenterais pas celle-ci...

Je récupérai ma dague recouverte du liquide gluant des créatures. Je l'avais enfoncée dans le poisson or il n'avait pas reçu la moindre trace de blessure. Je recueillis alors avec dégoût cette espèce de graisse gélatineuse et me le passai délicatement sur mon mollet.

Ma première réaction fut de hurler de souffrance tant la brûlure était forte mais je sentis bientôt la douleur s'atténuer progressivement. Je recommençais donc jusqu'à ce que je n'aie plus la moindre goutte du répugnant liquide sur ma dague mais je pouvais désormais bouger doucement ma jambe. J'étais soulagée de pouvoir me mettre debout et faire quelques pas hésitants en me tenant à la paroi.

J'avais faim maintenant, j'avais perdu beaucoup de forces durant cette mésaventure regrettable alors je me mis à fouiller mon sac à la recherche de provisions et en sortis une boîte de viande séchée. J'en mangeai un bout, en tentant de maîtriser mon furieux appétit qui me criait de dévorer toute la boîte mais je me vengeai presque immédiatement sur les fruits et bus goulûment la moitié de ma gourde que j'avais remplie.

Je soupirai, même ce repas en m'avais pas rassasiée mes exploits dans le lac m'avaient épuisée. J'étais furieuse contre moi-même d'être tombée dans un piège aussi évident. Je m'apprêtais à m'endormir prudemment en me félicitant d'avoir un sommeil assez léger mais j'entendis des pas prudents avancer sur les rocher de la rive opposée. Je me plaquai contre la paroi aussi vite que je le pus en entendant les pas se stopper brusquement. Il devait être rendu de l'autre côté du lac sans doute à se demander – sans doute plus intelligemment que moi – s'il pouvait se risquer à le traverser. J'étais déçue de ne pas être la seule de l'arène qui connaissait l'existence de cette grotte mais il allait falloir que je redouble d'attention et je me demandai même s'il allait être prudent de dormir.

J'entendais l'autre tribut respirer bruyamment, il devait avoir fait une petite course et tentai d'imaginer ce qui avait pu le mettre dans une telle fuite.

Je l'entendis avancer dans l'eau et là, ce fut plus fort que moi ; je risquai un coup d'œil. C'était le garçon du Trois, il était blessé à l'épaule, probablement dans le bain de sang du départ.

- Je serais toi, je ne m'y risquerais pas, fis-je calmement à son attention, ça grouille de bestioles là-dedans.

Il sursauta et me contempla, ébahi, il devait être sans doute aussi un peu dégoûté par l'état sanguinolent de ma blessure qui ne devait sans doute pas être très jolie à voir. Il était plutôt petit, roux avec des yeux marron enfoncés dans leurs orbites mais surtout, pas du tout fait pour l'arène, ça se voyait du premier coup d'œil.

D'un geste un peu maladroit, il dégaina un poignard de son fourreau et je soupirai en m'adossant à la paroi, les bras croisés sur ma poitrine.

- S'il y a une chose que tu dois savoir sur moi, c'est que je ne tuerai seulement ceux qui veulent me tuer en retour. Je ne suis pas du genre à abattre des innocents pour mon plaisir, déclarai-je sur le même ton posé.

Il me regarda d'un air soupçonneux avant de me répondre d'un ton qu'il voulait sans doute froid mais qui me parut plutôt hésitant :

- Et qu'est ce qu'il te fait dire que je ne vais pas te tuer moi ?

Je soupirai de nouveau en levant les yeux au ciel :

- Hum voyons... primo tu es incapable de lancer le poignard jusqu'à moi, secundo je l'éviterais quand même sans mal malgré ma jambe et tertio je lis dans tes yeux que tu n'auras pas le cœur d'abattre une fillette de quatorze ans.

Il resta stupéfait et je repris :

- Donc pour la propre survie, je te déconseille de traverser le lac à moins que tu tiennes à te faire bouffer les jambes par des poissons cannibales. Tu peux rester là même si je doute que tu vas dormir à côté de quelqu'un qui à eu un douze à l'Entraînement.

Il resta encore muet quelques secondes avant déclarer dépité :

- Ça veut dire que j'ai une dette envers toi, ça ne me plaît pas du tout...

Je lui adressai un petit sourire triste avant de répondre toujours avec calme :

- Tu n'es pas obligé de faire ça, ici, c'est la survie avant tout, je ne t'en voudrai pas.

- Peut-être mais moi je m'en voudrais, répliqua-t-il avant de s'éloigner du lac à pas précipités.

Je regardai sa silhouette disparaître de mon champ de vision puis tentai de me pelotonner dans un coin de la grotte glaciale pour dormir. J'aurais préféré un arbre mais j'avais trop peur d'un orage ou de quelque chose dans le genre. Au-dessus de moi, je pouvais voir une partie du ciel dissimulé par un bosquet et je repris espoir, je n'allais pas être obligée de traverser une nouvelle fois le lac pour m'en sortir !

J'entendis soudain l'hymne du Capitole retentir dans le ciel. On allait voir le visage des neuf victimes mortes ce soir. J'espérai qu'il ne soit rien arrivé à Kaden et qu'il était en sécurité avant de voir le premier visage dans le ciel, la fille du Un, Shymer, normal. Elle fut suivie par la fille du Trois et les deux du Cinq, sans surprise. Les tributs du Huit et du Neuf les accompagnèrent. Je me demandai une seconde qui était le dernier quand la réponse me fit une choc ; Nysa, je voyais le visage de Nysa dans le ciel ! J'eus un hoquet de surprise et me demandai plusieurs fois si c'était elle mais impossible de se tromper, avec son tain olivâtre et ses yeux gris brillants de mélancolie, ça ne pouvait être qu'elle. Je me surpris à sentir mes yeux se remplir de de larmes avant que je ne me ressaisisse. Qu'est ce que je croyais ? Qu'elle allait survivre à coup sûr ? Je soupirai de tristesse avant de sombrer dans un sommeil entrecoupé de mes souvenirs les plus sombres.

La Gladiatrice - Fanfiction Hunger Games -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant