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Je me réveillai un peu brusquement, toujours alarmée par un éventuel problème mais les marais sont calmes et sans un bruit. Je descendis donc de mon arbre et m'attaquai à faire un petit feu dans la matinée plutôt avancée.

Je n'ai jamais été douée pour ça et je crains y passer assez longtemps ; il faut dire que tenter un feu dans l'humidité de l'endroit n'est pas génial non plus. Je soupirai et m'attelai férocement à la tâche en frottant les bois de toutes mes forces.

Je commençais à désespérer quand soudain un paquet avec un parachute blanc tomba du ciel en fonçant droit sur moi. Par pur réflexe, je dégainai une de mes dagues avant de soupirer de soulagement, j'allais peut-être avoir enfin quelques minutes de répit.

Je déballai le paquet avec enthousiasme avant d'étouffer un rire en découvrant ce qu'il contenait : un briquet en argent.

Il n'y avait aucun message, comme toujours mais je commençais à apprécier Blight. Après tout, c'était gentil de sa part de penser à moi.

J'activai le briquet et une flamme chaude en sortit, j'allumai les bois les plus secs que j'avais pu trouver et le feu s'alluma. Je fis attention à ce qu'il reste petit pour ne pas attirer l'attention des Carrières. Je jetai la viande dessus et commençai à savourer. C'était étrangement bon pour un animal que je pensais immangeable.

Je préparai également les autres et les conservai dans les boîtes que dont j'avais déjà avalé le contenu. Je devais avoir de la nourriture pour deux jours au moins !

Je grimpai de nouveau dans mon arbre, attendant les résultats de mon expédition d'hier. J'espérais qu'ils aient pris de l'eau dans la mare ou tout mon plan échouerait mais je ne pouvais malheureusement pas en être sûre et cette attente me dévorait.

Comme je n'avais rien de particulier à faire, je restai donc plantée dans mon arbre à réfléchir. Nous n'étions plus que dix. Les cinq Carrières, Kaden, Parthe, le garçon du Dix – Alecto je crois – la fille du Six et le garçon du Onze et moi.

Les Carrières étaient partis dans la forêt et celui du Onze devait se cacher dans la plaine. J'ignorais complètement où pouvaient se cacher Kaden et Parthe mais il ne devaient pas être bien loin de moi. Je pensais que la fille du Six est dans la forêt et qu'elle à pensé y être plus tranquille de ce côté-là. Après, Alecto m'avait semblé assez fort et amplement capable de se battre, il avait obtenu un neuf à l'Entraînement et je m'en méfiais mais je ne savais pas non plus où il pouvait être.

N'ayant rien d'autre à faire, je m'amusais avec mon briquet tout en repensant à ce que m'avait dit Will ; observe, conclus et agis en conséquence.

J'observe, il n'y a personne ; je conclus, il n'y a pas de danger à l'horizon pour le moment ; j'agis en conséquence, je reste sur mes gardes.

Je me détendis tout de même un peu et me mets à m'amuser nerveusement avec mon collier dont je tourne l'anneau du centre sans un bruit. Au moins, je ne pense pas être filmée par les caméras là et je m'en rassure tout en étant heureuse d'avoir un moment de tranquillité sans panthères, ni mutations génétiques, ni Carrières meurtriers.

Mes pensées volent dans le district Sept. Que fait Anya en ce moment ? Est-elle en train de pleurer dans les bras de Darius ou elle s'est décidée d'affronter la réalité ? Et la petite Dune ?

Je suis sûre que Will essaie de la soutenir et qu'il est sans doute en train d'examiner tous les petits détails des Jeux comme si ça pouvait m'aider.

Je me rappelle comment j'étais durant les Jeux de Cycy. Je n'ai pas perdu espoir une seconde, je la voyais rentrer elle et son sourire radieux.

Quand j'ai réalisé que je ne pouvais plus rien faire pour elle, j'ai pleuré pendant un jour entier, je ne voulais voir personne.

Le lendemain je suis rentrée à l'Exploitation et j'ai insisté devant le contremaître pour avoir la place de Cycy. Il a fini par céder, conscient que me changer les idées me ferait du bien.

Depuis, je n'ai cessé de m'entraîner jour après jour pour être toujours plus précise et plus rapide, je voulais oublier l'horreur que j'avais vécu. Cette année, je veux réussir là où elle à échoué.

Un petite voix dans ma tête me chuchote le nom de Kaden, je ne veux pas le tuer, pas lui. Ce serait au-dessus de mes forces alors j'espère juste que quelqu'un va s'en charger à ma place.

En réalité, n'est-ce pas ce qu'attend le Capitole ? Le moment où le sort nous poussera à nous affronter ?

Je soupirai en serrant si vivement mon collier qu'une goutte de sang perla à mon doigt. C'était évident, c'est ce qu'ils attendent tous, alors à leur plus grand regret je ne le tuerai pas.

Sur cette idée, je me rassurai desserrant la prise de mes doigts, le regard fier et déterminé. Rebelle.

Je descendis de mon arbre, incapable de tenir en place et je me décidai de visiter les fonds de ces marais, on ne sait jamais ce que je pouvais trouver là-bas.

Je marchais depuis près d'une heure en grignotant quelques bouts de chat sauvage séché. Il était devenu de moins en moins bon et je ne préférais pas m'intoxiquer en mangeant de la viande avariée demain. Ma gourde se vidait de plus en plus et je commençais à m'en inquiéter. Comment allais-je faire si je n'avais plus d'eau ? Il y en avait bien dans les mares mais elle ne me semblait pas potable et sa couleur verdâtre me révulsait.

Je finis assez rapidement la viande, j'étais affamée mais ce repas parvint à me caler un morceau de mon estomac et dire que certains subissent ça tous les jours pas seulement dans l'arène !

Je n'ai jamais manqué de rien dans ce domaine, nous parvenions toujours à trouver un petit daim ou deux dans l'Exploitation et nous le partagions entre nous, vendant le reste à un prix raisonnable.

Un daim, qu'est ce que j'aurais donné pour en croiser un et sentir sa viande chaude contre mes dents ! Je ris presque de moi-même, je devais avoir l'air d'une cannibale devant le public !

Je songeai de nouveau à ma situation ; j'étais vraiment tendue et nerveuse. Comment pouvait-on ne pas l'être ?

Je jetai un regard nerveux autour de moi mais il n'y avait rien, pas plus de bruissements de feuilles que de coups de feu. Peut-être que mon coup avec les Carrières avait raté.

Je fulminai intérieurement, je devais avoir eu la honte devant le Capitole et les districts ! Si je continuais, je pouvais faire une croix sur les sponsors. Je suis sûre que Blight avait déjà désespéré en cours de route et état passé sur Kaden.

Je soupirai de nouveau en regardant où j'étais ; partout, c'était vert et il régnait une atmosphère plutôt lourde qui endormait mes sens.

Rien que l'humidité, songeai-je.

Je tentai d'avancer d'un nouveau pas mais ma tête se fit lourde. Je mis le tout sur le coup de ma migraine causée par la fille du Onze mais ce n'était pas la même sensation. Celle-ci était plus... agréable.

C'est alors que je compris, l'air était empoisonné et on tenait de me faire un piège. Je tentai de retenir ma respiration mais je n'en avais presque déjà plus la force. Tout ce que je voulais c'était de prendre une nouvelle longue inspiration qui me relaxerait et me ferait oublier mes ennuis...

- Non !

J'avais hurlé, où du moins tenté. Il fallait que je me sorte de là et vite !

Les arbres du marais étaient trop petits pour pouvoir tenter d'y échapper par là. Je me retournai donc vers l'endroit que j'espérais être la plaine de la Corne d'abondance et courus de toutes la force de ma volonté mais mes pas étaient lourds et probablement bruyants. Il fallait pourtant que je l'atteigne sans dommage, le poison n'était tout de même pas propagé dans toute l'arène !

J'entendis soudain un bruit étrange comme un tintement léger de clochette une fois puis une autre.

Je commençais à songer que le poison avait raison de moi mais je courrais toujours sans amélioration. Il fallait dire que je ne devais pas aller bien vite mais la vitesse me faisait sentir mieux.

Nouveau tintement suivi de trois autres avant que je ne sente plus rien d'autre que le sommeil qui finissait par me happer. Je trébuchai et tombai à terre sans chercher à me relever et ma tête tomba dans l'eau des marais.

Noir. 

La Gladiatrice - Fanfiction Hunger Games -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant