La Gladiatrice - Fanfiction Hunger Games -

25.

- Kaden, commença Caesar, une question nous brûle les lèvres, permettez-moi de la poser ?

- Ne suis-je pas là pour ça ? répondit-il en souriant.

Il ne paraissait pas stressé, loin de là, c'était sans doute une tactique mise au point avec Blight.

- Évidemment mon ami ! Quoi de mieux qu'une interview pour révéler tout au public ?

Il hurla la dernière phrase et le Capitole l'acclama avant qu'un silence impatient ne revienne.

- Kaden, explique-nous pourquoi t'es-tu porté volontaire de jour de la Moisson.

Il y eut un léger silence, tout le monde était pendu à ses lèvres, même moi, j'allais peut-être enfin savoir quelque chose qui me taraudait l'esprit depuis longtemps.

- Je ne sais pas vraiment, finit-il par dire. Je voulais juste... enfin...

Il s'interrompit encore une fois et Caesar l'encouragea :

- Oui, allez-y mon garçon...

Il inspira un grand coup et j'eus l'impression qu'il était sincère ; qu'il pensait vraiment ce qu'il allait dire.

- En réalité vous savez, j'aimais beaucoup ma sœur, Lucy. Elle était tout pour moi et je j'aurais tout fait pour elle. Quand elle s'est portée volontaire à la place de Laureleen l'année dernière, j'étais sous le choc et je ne comprenais pas pourquoi elle avait fait ça. A sa mort, tout le district s'était réuni pour commémorer sa mémoire car elle avait une place assez importante dans le district. C'est là que j'ai réellement vu Laureleen, et que j'ai compris pourquoi elle s'était portée volontaire. J'ai compris que cette fille-là n'était pas faite pour être dans l'arène, elle était faite pour rire avec insouciance et jouer avec ses amis alors quand cette année j'ai entendu son nom, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser tout ce qu'avait fait Lucy sombrer lamentablement alors je ne sais pas ce qui m'a pris et je me suis porté volontaire à la place de Willhem Moore.

Tout le public et même Caesar s'était tu. Les yeux de Kaden brillaient mais cette fois, je ne sentais plus la même franchise.

Je ne savais plus quoi penser, son intervention avait beau toucher le public, il me faisait passer pour une faible de bout à bout et j'ignorais si c'était bien ou mal.

Kaden se leva de son siège sans même attendre l'intervention de Caesar et salua le public qui l'acclamait à présent avec force avant de venir nous rejoindre toute trace de peine sur son visage effacée, c'était à se demander s'il n'avait pas joué une magnifique comédie... ou alors il ne voulait pas que les autres voient sa propre faiblesse.

Il ne s'arrêta même pas et monta directement par les ascenseurs sans nous accorder le moindre regard nous laissant tous bouche bée. Blight haussa les sourcils et m'interrogea du regard, comme s'il pensait que je connaissais quelque chose sur son comportement. Je haussai les épaules pour montrer que je n'en savais pas plus que lui et je suivis Kaden pour le raisonner ; il fallait qu'il revienne avant la fin des interviews tout de même !

Je m'apprêtais à prendre l'ascenseur pour monter à notre étage, là où je pensais qu'il s'était réfugié mais une voix douce m'interrompit :

- Laisse-le.

Je me retournai, sachant pertinemment face à qui je me retrouvais.

- Que fais-tu ici Warren ? lui demandai-je incapable de cacher ma curiosité.

Il était adossé à un mur, me fixant profondément.

- Les interviews intéressantes sont finies, fit-il avec une telle note de déception dans sa voix que je fus tentée de le croire une seconde, me rappelant de notre conversation d'hier soir mais je me rappelai au dernier moment face à qui j'étais : un magnifique acteur qui savait mentir avec aplomb aussi facilement que si on lui demandait quel temps faisait-il. Je jouai tout de même dans son jeu pour voir où il souhaitait m'amener.

- Ainsi tu considérais nos interviews comme intéressantes ?

Il me sourit et s'approcha de moi :

- Je dirais même instructives...

Je contemplai ses éblouissants prunelles dorés complètement déboussolée et il rit de me voir dans un tel embarras avant d'ajouter cette fois beaucoup plus sérieux avec une note de tristesse :

- Je ne pensais pas que la mort d'une jeune fille aux Jeux pouvaient entraîner tant d'histoires...

Je lui envoyai un regard noir en répliquant :

- J'espère que tu regrettes ce que tu as fait sinon je te promets que je te le ferai regretter.

Il eut un pâle sourire et se tut quelques instants, comme pour réfléchir à ses actes.

- Pas la peine, murmura-t-il, je regrette déjà tout ce que j'ai fait aux Hunger Games.

Il allait s'éloigner mais je le retins par le bras et le jeune homme se retourna, très surpris.

- Attends Warren ! Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi es-tu gentil avec moi alors que l'on devrait se détester ?

Il me dévisagea de ses yeux intenses avant de déclarer d'une voix douce :

- Peut-être parce que t'aider est la seule manière de me pardonner à moi-même, répondit-il.

Je restai figée et il me lança un sourire triste avant de s'éloigner à pas vifs vers les coulisses. Je n'arrivais pas à me remettre à ce que je venais d'entendre. Jamais, jamais je n'aurais imaginé que le jeune Vainqueur pouvait être en réalité quelqu'un de bien qui regrette amèrement ses fautes et qui cherche le meilleur moyen de ne pas faire de mal à ses proches en se déguisant sous une carapace de Carrière.

Je retournai voir Blight et Morgan, complètement stupéfaite et ébahie ce qui n'échappa pas à mon mentor.

- Eh bien qu'est-ce qu'il y a ? s'écrie-t-il avec hargne.

Je secoue la tête, encore sous le choc et bizarrement soulagée. Soulagée de m'être rendu compte que Warren n'était pas l'un de mes ennemis, soulagée de savoir qu'il regrette lui-même sa mort.

Je regardai sans beaucoup d'attention le reste des interviews et, au dernier moment, Kaden nous rejoignit pour aller sur scène et saluer une dernière fois le public.

Je voulus lui prendre la main, comme pour manifester mon soutien, mais il se déroba sans m'adresser le moindre regard. Je mis immédiatement ça sur le compte de sa fierté et le suivis pour rejoindre la scène, sous les caméras.

Caesar s'adressa au public pour une dernière fois en s'écriant :

- Merci pour être venus aussi nombreux les amis. Cette édition promet être la meilleure depuis vingt ans au moins ! Regardez-moi ces tributs, tous prêts, tous déterminés à accomplir leur but : être le seul et l'unique Vainqueur ! Sur ce mes amis, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter à tous un joyeux Hunger Games et pour vous, les enfants, puisse le sort vous être favorable !

La caméra s'arrête sur chacun de nos visages et j'aperçus du coin de l'œil celui de Kaden. Il avait pleuré, mais pas de tristesse, les traits de son visage laissaient apparaître une haine sourde. On vit bientôt le mien s'afficher, avec mon sourire meurtrier aux lèvres et je notai que la caméra s'attarda quelques secondes de plus.

Je quittai la scène avec les autres tributs en laissant Kaden rentrer avant moi, consciente qu'il ne voulait pas me parler. Je regagnai ma chambre, épuisée n'osant pas songer à la journée de demain.

Demain je serais dans l'arène.

Un nœud se forma dans ma gorge et je me roulai en boule sur le côté de mon lit. Je n'avais étrangement pas envie de pleurer, juste de me poser et d'oublier ce qui aller m'arriver.

Je passai la majeure partie de la nuit ainsi, entrecoupée par quelques maigres périodes de sommeil.