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Quand je m'éveillai, le soleil pointait déjà le bout de son nez mais j'étais complètement gelée par le froid. Je tentai vainement de me réchauffer en tapant mes mains mais rien n'y fit. Il fallait que je bouge.

Je tentai quelques pas prudents avant de remarquer que ma jambe s'était comme par miracle entièrement remise de mes efforts de la veille et je gravis la pente rocheuse pour me retrouver à l'air libre. J'inspirai un bon coup avant de tomber nez à nez avec une silhouette à quelques pas de moi. Sans y prêter vraiment attention, je bondis en la renversant sur le côté, un couteau sous sa gorge quand je remarquai enfin qui c'était.

- Encore toi ! m'écriai-je surprise à l'attention du garçon du Trois, visiblement terrorisé.

Je le relâchai et il en fut doublement abasourdi :

- Eh, tu as tenu ta promesse !

- Ce n'est pas parce que j'ai eu une bonne note à l'Entraînement que je suis obligatoirement une Carrière assoiffée de sang, c'est si dur à comprendre ?

Je marquai une pause avant de reprendre :

-Désolée pour t'avoir agressé, un vieux réflexe sans doute.

Il haussa les épaules, indifférent avant d'avancer en me tendant la main :

- Pas grave, moi c'est Icare.

Je refusai de lui la serrer avant de déclarai d'un ton ferme :

- Salut Icare et bonne chance pour la suite.

Je m'éloignai d'un pas souple à l'affût d'un moindre pas en le laissant bouche bée derrière moi, il devait sans doute se demander si j'avais encore toute ma tête mais je ne tenais à m'allier à personne. Il fallait que je trouve un coin plus sûr que cette grotte où je pourrais trouver de l'eau à proximité et – si possible – du gibier foisonnant.

Je montai dans un arbre avant d'entendre un coup de feu cassant le silence de la forêt. Je me retournai instinctivement vers Icare toujours resté au même endroit mais celui-ci haussa les épaules en silence, encore sur ses deux jambes.

- OK, là c'est louche, murmurai-je à moi-même.

Les carrières devaient sans doute faire le ménage de la plaine mais je ne pus m'empêcher de m'inquiéter pour Kaden.

Il ne lui arrivera rien... tentai-je de ma rassurer, pas tant qu'il est avec Parthe et il sait quand même bien se débrouiller, il a tout de même eu un neuf !

A ce moment, je vis passer un espèce d'oiseau étrange devant moi et je lançai mon poignard qui lui arriva droit dans le cou. Il tomba à terre, et je le suivis en atterrissant souplement au sol comme je le faisais dans le Sept. Je le soulevai par les pattes, en jaugeant ce qu'il pouvait y avoir à manger avant de me mettre à le vider avec dégoût, j'avais souvent vu Will le faire.

Je balançai ses restes et les enterrai avant de me faire un premier repas digne de ce nom, hésitant à faire un feu. Comme je n'avais pas tellement d'autre choix pour le manger, j'en allumai un non sans difficulté et je le fis le plus maigre possible ; s'il y avait bien quelque chose que je détestais c'était le feu, j'en avais horriblement peur et j'espérais que les Juges ne le sachent jamais.

Je laissai la viande griller un peu avant de l'éteindre presque immédiatement en mordant dans une cuisse à belles dents, ignorant les petits os qui me cassaient presque les dents. Je crevais littéralement de faim.

Après mon copieux petit-déjeuner, je me mis à la recherche d'une source d'eau. Il devait bien en avoir une autre que ce lac qui était rempli de mutations génétiques !

Je continuai à progresser parmi les arbres sans croiser personne d'autre que quelques oiseaux terrorisés. Je serrai mon collier entre mes doigts, l'espoir, il fallait s'y accrocher.

J'arrivai bientôt dans une sorte de clairière avant de remarquer une mare en son milieu. Je faillis hurler de joie avant de douter une seconde ; et si elle était pleine de sympathiques créatures ?

En réalité, je m'en fichais un peu pour le moment et remplis ma gourde pour boire à petites gorgées quand j'entendis un nouveau coup de feu, cette fois, il était tout près de moi.

Je grimpai en vitesse dans un arbre aux branches basses en entendant arriver des pas lourds dans ma direction et je dégainai un poignard, prête à l'attaque.

J'espérais de tout mon cœur que la victime n'était pas Icare, je commençais à m'attacher au garçon. Il m'avait paru si loyal que je ne m'étais même pas rendue compte que je lui faisais presque aveuglément confiance.

La fille du Onze déboula alors dans la clairière à la vue de l'eau et se jeta dessus, l'avalant à grosses gorgées. Malheureusement, elle était hors de portée de mon tir.

Je ne pouvais pas l'attaquer de près, elle devait bien mesurer un mètre quatre-vingt et semblait pouvoir m'éjecter au sol d'un simple mouvement de bras.

Je me déplaçai vers la droite espérant qu'elle n'allait pas m'entendre mais une branche tomba à terre. Elle s'interrompit en brandissant une énorme massue, se tournant vers moi. Je retins mon souffle une seconde en espérant de tout mon cœur qu'elle ne me voie pas mais c'est peine perdue, elle se lance dans ma direction en poussant un rugissement de sauvage et je ne pus m'empêcher de retenir un cri terrorisé. Je sautai sur l'arbre voisin, ayant bien l'intention de prendre la fuite avant de lui balancer un couteau dans le cou. Il se ficha un peu plus bas, dans son blouson qui était malheureusement trop épais pour que la blessure soit sérieuse. Elle se jeta sur moi à une vitesse alarmante et finit par me plaquer contre un tronc d'arbre. Je me tortillai dans tous les sens mais ça ne sembla pas lui poser de problème vu ma force comparée à la sienne.

Je lis dans ses yeux sombres une franche haine même si j'ignore pourquoi mais elle s'avança encore en brandissant sa massue au dessus de sa tête quand j'entends un cri de guerre à côté de moi. Je ne mis pas longtemps à reconnaître sa voix ; c'était Icare.

Il se jeta sur la fille en brandissant un étrange objet dont j'ignore la nature et le braqua sur elle en appuyant sur un bouton. La fille se figea et il me hurla :

- Vas-y qu'est ce que tu attends ?

Je ne me fais pas dire deux fois, j'enfonçai mon couteau un peu plus profond, histoire de l'handicaper sérieusement avant de le récupérer et de courir à toutes jambes devant moi. Je n'ai jamais eu aussi peur et je ne me suis probablement jamais autant approchée de la mort que je ne l'étais aujourd'hui.

J'entends alors les cris d'Icare qui m'arrêtèrent. Comment ai-je pu le laisser avec elle ? Elle va le liquider sur place !

- ICARE ! hurlai-je à pleins poumons. ICARE !

De nouveaux cris se firent entendre, je courus dans l'autre sens quand j'entendis de nouveau sa voix, beaucoup plus faible :

- Va-t-en Laureleen, va-t...

Plus rien, sauf un coup de feu, unique.

Je sens la rage monter en moi et je me jurai de tuer celle qui avait tué un garçon aussi innocent.

Mes yeux s'embrument de larmes et je sautai dans l'arbre le plus proche lorsque j'entends la voix cruelle de la fille :

- Où es-tu petite Gladiatrice, je t'attends, tu ne refuserais tout de même pas un duel maintenant que j'ai tué ton ami !

Je m'avançai vers elle, souple comme un félin, la rage déformant mes traits. Je la vis de nouveau, un sourire bestial aux lèvres, comme si elle attendait impatiemment ce moment. Elle avait l'air si enragée que je ne m'étonnai même pas de voir le corps d'Icare à ses pieds à peine reconnaissable sous ses horribles blessures. Il avait du souffrir...

J'avalai ma salive et enfermai mes émotions dans mon cœur que je verrouillai soigneusement, ce n'était pas le moment.

Je me jetai brusquement sur son dos, dagues à la main et lui enfonçai ma première dans la nuque. Elle hurla de douleur et me renvoya voler contre un rocher. J'eus le souffle coupé mais elle paraissait aussi très mal en point. Je peinai à me relever mais elle bondit sur moi avec toutes les forces qu'il lui restait pour m'asséner un énorme coup de massue sur la tête. 

Je tombai à terre, évanouie. 

La Gladiatrice - Fanfiction Hunger Games -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant