La Gladiatrice - Fanfiction Hunger Games -

22.

Le dîner avait plutôt été silencieux. Enfin, tout aussi silencieux que d'habitude. Blight me lançait des regards suspicieux tandis que Morgan essayait vainement de faire la conversation.

Je repoussai brutalement mon assiette en fixant farouchement mon mentor :

-Qu'est ce que tu as à me regarder comme ça depuis tout à l'heure ? On dirait presque que tu m'en veux je peux savoir ce que j'ai encore fait ?

En réalité, je le savais parfaitement mais je voulais l'entendre de sa bouche et comprendre ainsi ce qu'il pensait de moi.

- Ce que tu as fait ? rugit-il.Tu débarques comme ça en te faisant passer pour faible devant tes concurrents mais tu joues la rebelle devant les caméras, tu espérais quoi ? Une révolte ? Un moyen d'arrêter les Jeux ? Je te pensais n'être qu'une sale vantarde incapable de tenir à la vue du sang au départ, c'est ce que tu nous a tous fait croire et je dois avouer que ça à parfaitement marché mais après un douze, tu ne peux plus nous le faire gober !

Je lui souris comme Arran le faisait si bien et répliquai :

- Depuis quand les Hunger Games sont loyaux ?

Je me levai de table devant leur airs ahuris et je me dirigeai vers la porte en faisant tinter la clé que j'avais réussi à voler dans ma main.

- Merci pour ça Morgan, fis-je en la secouant, elle pourrait m'être très utile...

J'éclatai d'un rire clair avant de sortir dehors d'un pas léger. Je dévalai les escaliers sans trop savoir où aller en ralentissant mon pas à chaque étage pour profiter de la vue que les baies vitrées donnaient sur le Capitole.

- Laureleen ?

Je sursautai et me retournai, mes muscles tendus prêts à bondir.

- Eh doucement, rit la voix grave.

Encore et toujours Warren.

- Qu'est ce que tu fais là ? lui demandai-je avec agressivité. Tu es toujours là où il ne faut pas !

Il sourit avant de répliquer :

- Je pourrais te demander la même chose, dois-je te rappeler que tu es à mon étage ?

Je me mordillai la lèvre, c'était vrai, je regrettai de m'être autant attardée.

- Je descends, fis-je d'un ton inflexible, je n'avais pas envie de passer par l'ascenseur.

Il rit de nouveau avant de poursuivre :

- Je suppose que tu ignores que c'est interdit, on ne sais jamais, si tu avais entendu la stratégie du Quatre pour les Jeux...

- Les stratégies des Carrières sont toujours les mêmes, le coupai-je, je n'aurais pas besoin d'écouter aux portes.

Je m'apprêtais à descendre, furieuse quand il lança :

- Laureleen, je suis désolé pour Lucy Shaw, sincèrement.

Je me retournai, ses yeux brillaient légèrement. J'étais tellement prise au dépourvu que je réagis instinctivement et m'approchai de lui comme je faisais avec Anya quand elle se sentait mal. Il se laissa glisser le long du mur et je pris place à côté de lui.

- Tu n'as pas à être désolé, tout le monde aurait fait la même chose à ta place je pense, tu ne la connaissais pas .

Il me jeta un regard en coin avant de répliquer :

- Oui, tout le monde, sauf toi.

J'ouvris la bouche puis la refermais, il disait vrai, je ne l'aurais pas tuée parce que j'aurais pensé que tuer quelqu'un sans défense consistait à faire triompher le Capitole une fois de plus et je ne le tolérerai jamais. Pour une fois, j'aimerais jouer les Jeux à ma façon et les faire regretter leur crimes. Quitte à mourir, je le ferai.

- Tu n'aurais jamais tué comme je l'ai fait, continua-t-il d'un air sombre, jamais. Son crime me hante tu comprends ? Je me revois souvent la tuer d'un coup de harpon comme si... comme si elle n'était qu'un animal...

Je ne répondis pas, ne sachant que dire tandis qu'il répétait :

- Tu ne l'aurais jamais fait...

- Oh je tuerai sûrement, fis-je d'un ton sombre, à commencer par ton Karib si je le peux mais je ne les tuerai pas sans raison. Si je suis là c'est qu'il y a une explication ; je fais tout ça pour elle, pour Cycy et si je ne sors pas de ces Jeux, je sais que Will y ira à son tour et tentera de me venger. Je ne doute pas une seconde qu'il gagnera mais je ne doute pas non plus qu'il souhaite vivre sans moi. Chez nous, on nous appelait les carrières. Ironie du sort non ? Regarde ce que l'on est tous devenus : Cycy est morte, je suis partie pour les Jeux, Darius va quitter le Sept, Arran est devenu Muet et Will quittera le district pour les Hunger Games si je ne gagne pas. Des fois je me demande ce qu'il restera d'Anya et Dune si aucun d'entre nous ne s'en sort.

Il y eut un silence, je tournais lentement mon collier entre mes doigts.

- Will, c'est le garçon qui à été tiré à la Moisson ? demanda-t-il.

- Oui, et la petite qui m'a sauté dans les bras c'est sa petite sœur, Dune, elle est adorable.

- Tu m'as dit que ton... Arran est devenu Muet ?

- Je l'ai croisé hier ; en fait, j'allais le rejoindre mais je t'ai trouvé avant.

Warren eut un pâle sourire et je lui demandai :

- Et toi, comment était la vie dans ton district ?

Il y eut une autre pause durant laquelle ses étonnants yeux dorés restèrent figés dans le vide.

- Je n'ai pas eu une vie comme toi, murmura-t-il, toi, tu as toujours vécu dans l'amitié et le soutien de tes proches alors que moi, j'ai du me débrouiller. Ma mère est morte à ma naissance et mon père s'est noyé en mer quelques temps après ; je me suis retrouvé orphelin à un an à peine. Des voisins m'ont déposé chez des amis à eux qui m'ont appris à me débrouiller seul avant qu'ils ne me laissent tomber, faute d'argent ensuite, je me suis arrangé pour gagner un peu de quoi manger mais je me suis vite rendu compte que ça n'allait me servir à rien. A dix ans, j'ai commencé à m'entraîner pour les Hunger Games et la prime qui allait au bout. Je ne pouvais plus vivre comme ça ; je ne le voulais plus. A la base, je voulais attendre mes seize ans pour y aller mais je n'en avais plus la force et je me suis porté volontaire trois ans plus tôt. J'ai ensuite gagné et ma situation s'est considérablement améliorée.

Je scrutai son regard quelques temps ; il mentait mais je ne pouvais pas le lui reprocher.

Je reconnaissais enfin le jeune homme que j'avais brièvement aperçu lors de l'Entraînement, quelqu'un de brisé qui voulait sa revanche et j'allais la lui offrir.

Mon visage s'étira en un sourire ; ces Jeux étaient pour moi. Le jeune homme scruta mon visage et sourit à son tour :

- Tu m'as épaté durant l'Entraînement, je ne te pensais pas capable de ça.

- Il a plein de choses dont du ne me crois pas capable Warren.

Je lui adressai mon expression la plus énigmatique et je remontai les marches, vive comme le vent.