Chapitre 37

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Stand by me - Ben E. King

La fatigue a envahi tous ses membres durant le voyage, elle se sent engourdie quand elle débarque à l'aéroport LAX de Los Angeles. Curieusement, cette désagréable impression s'envole quand elle voit celui qui est venu la chercher, une pancarte à la main. Il a revêtu une de ses chemises favorites, dont il a relevé les manches et ouvert quelques boutons, dévoilant la naissance son torse. Ses cheveux sont un peu plus courts que la dernière fois – est-il allé chez le coiffeur ? – mais ses yeux bleus ont toujours le même éclat entêtant. Il sourit en la voyant fendre la foule pour le rejoindre et elle ne peut retenir le sien. Elle se sent bien, de le retrouver, de retrouver Los Angeles. De prendre enfin les choses en main comme elle l'entend. Même si tout n'est pas parfait, c'est en bonne voie. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle a l'espoir.

Heureuse de le revoir, elle marche un peu plus vite pour franchir les derniers mètres qui les séparent et elle le salue d'une voix chaleureuse.

— Bienvenue à la maison, lui souffle-t-il.

C'est lui qui prend l'initiative de venir vers elle et de lui ouvrir ses bras. Elle est ravie qu'il le fasse, elle n'aurait pas eu le courage. Elle accepte l'étreinte et profite de cette dernière pour humer son parfum. Elle jurerait que c'est le Bleu de Chanel. C'est son préféré, elle a toujours eu un faible pour cette odeur. Ils se reculent et il prend galemment sa valise. Alors qu'ils traversent le terminal jusqu'à la sortie, Joanne constate qu'il n'y a plus rien de tendu entre eux. Plus d'animosité ou de rancœur, simplement la joie de se retrouver, comme de bons vieux amis. « Amis ». C'est peut-être là la seule chose qui la dérange. Pourtant, une part d'elle s'en contente. Elle doit se concentrer sur le plus important : sa carrière.

— George a hâte de te revoir, lui apprend Tom alors qu'ils débouchent à l'extérieur. Il a apparemment quelque chose à te dire.

— Vraiment ? s'étonne-t-elle.

Voilà une nouvelle plutôt rassurante. Elle va pouvoir se mettre en selle tout de suite. Elle en a assez d'être inactive. Même son stage ne lui a pas apporté la satisfaction d'avoir été active, c'était comme avoir passé deux mois en hibernation. Alors que le soleil californien lui caresse la peau, la réchauffant doucement, elle prend conscience de ce sentiment d'être vivante à nouveau. Elle n'avait pas eu ça en France.

Tandis que la jeune femme cherche du regard un taxi, elle est surprise quand Tom la dirige plutôt vers une voiture garée juste à proximité. En le voyant déverrouiller le coffre, elle hausse un sourcil, étonnée. Il capte son questionnement et répond avec un petit sourire :

— Après vous, mademoiselle.

Il lui ouvre la portière côté passager et elle se laisse faire par cet élan de gentilhomme. Il prend place à côté d'elle, juste derrière le volant, et au moment de mettre le contact, il lui apprend :

— J'ai enfin passé mon permis de ce côté de l'Atlantique. Je sais rouler à droite maintenant, rigole-t-il.

Elle rit de bon cœur avec lui puis le félicite. Prise d'un élan, elle l'embrasse sur la joue. Ils se figent tous les deux mais la gêne dure une fraction de seconde avant qu'il ne se mette en route et s'insère dans la circulation. Celle-ci est toujours aussi dense qu'à son départ mais les bouchons ne la dérangent pas. Pas quand elle est en présence de cet homme. Au contraire, cela permet de profiter du temps qu'ils passent ensemble, même si c'est enfermé dans un habitacle avec la radio comme fond sonore. Un peu guillerette, elle se laisse porter par la musique et se met à chantonner, comme elle le fait quand elle conduit. A ses côtés, elle voit le jeune homme bouger en rythme lui aussi et ensemble, ils entonnent « Stand by me » de Ben E. King. Les fenêtres ouvertes, ils s'attirent quelques regards curieux des autres automobilistes. Ils n'y accordent aucune importance.

Those Ocean Eyes [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant