Chapitre 44

205 18 14
                                        

Elle ne fait qu'une bouchée de son repas. Le hamburger était succulent, les frites faites maison avaient ravi ses papilles et elle sirotait désormais son Coca en se massant le ventre avec délectation. En face d'elle, Tom était dans la même position, l'air aussi béat qu'elle. Rien de tel qu'un bon déjeuner pour apaiser toutes les tensions.

— Je vais exploser, gémit-il.

— Moi de même, rétorque-t-elle.

Il lui jette un regard en coin, soudain malicieux.

— Dessert ?

Elle lui rend la même expression, tous ses sens à nouveau en éveil. Il ne fallait pas lui dire deux fois.

— Dessert.

Un sourire éclaire leurs deux visages et de l'index, l'acteur interpelle le serveur. Celui-ci les débarrasse de leurs assiettes en leur demandant si cela leur a convenu. Leur réponse est enthousiaste et ils requièrent la carte des desserts. Ravi que sa clientèle soit satisfaite, le jeune homme s'empresse de la leur rapporter et ils se mettent sans attendre à la parcourir. Joanne, bien que rassasiée par son repas, demeure une grande gourmande : elle a toujours de la place pour un met sucré. C'est son petit point faible auquel elle ne résiste pas. Ce jour-là, tout lui fait envie. Il y a des cookies de toutes sortes, du brownie, du cheesecake, des milk-shakes. Elle finit par porter son dévolu sur un muffin au chocolat, son talon d'Achille.

— Quoique j'hésite avec le brownie, pense-t-elle à voix haute.

— Ça tombe bien, j'hésitais avec le muffin, personnellement, lui fait remarquer Tom. On fait moitié-moitié ?

Quelle bonne idée ! Refermant sa carte avec empressement, elle exprime sa joie et accepte sa proposition. Aussitôt dit, aussitôt fait ! La commande est passée, avec un milk-shake à la vanille pour chacun pour faire glisser tout ça. C'est fou comme elle est à l'aise avec lui. Avec Jonathan, elle ne pouvait pas commander quoique ce soit sans être jugée en permanence. Quand elle prenait un plat copieux, il lui faisait comprendre qu'elle devait faire attention à ne pas prendre de poids. Quand elle se résolvait à prendre une salade, il critiquait son choix en la trouvant fade « comme les légumes ». Quel fond de râclure il avait été ! Elle plaignait sa nouvelle petite amie, celle avec qui il l'avait trompée. Tom, lui, ne la jugeait pas. Jamais. Il lui payait un déjeuner sans émettre la moindre objection sur ses choix – il l'encourageait même à être gourmande, le saligaud. Il l'hébergeait sans lui demander de compensation, juste par amitié et gentillesse. Il n'attendait jamais rien en retour et c'était une chose dont elle n'avait plus l'habitude.

Le repas s'était déroulé en silence, car ils avaient été trop occupés à inonder de compliments leur menu et à le savourer avec des « mmh » approbateurs. Aussi, maintenant qu'ils avaient la bouche vide, ils reprennent leur conversation là où ils l'avaient laissée.

— Qui aurait cru que tu en serais ici, il y a deux mois ? la félicite-t-il une nouvelle fois. Tu passes d'une série B locale à un grand film dramatique avec l'une des actrices les mieux payée d'Hollywood ! J'appelle ça du progrès.

— Certes, mais rien n'est encore fixé, nuance-t-elle en reprenant une gorgée de sa boisson. Ce n'était qu'une audition.

— C'est déjà un premier pas. Même si cela n'aboutit pas, pour l'une ou l'autre raison, tu as déjà montré de quoi tu étais capable à des pontes du milieu. Le bouche-à-oreilles fera le reste. Je suis persuadé que George est déjà sur le coup.

Un petit éclat de rire lui échappe et elle se détourne, amusée. La mer s'agite un peu aujourd'hui mais des surfeurs déterminés chevauchent les vagues avec une grâce et une élégance qui la laissent pantoises. Elle se sent apaisée.

Those Ocean Eyes [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant