Those Ocean Eyes [FR]

Chapitre 31

All I want for Christmasis you – Mariah Carey

La radio diffuse les plus grands hits de Noël et Léon ne se prive pas de pousser la chansonnette, au grand dam de sa grande sœur, qui essaye de se concentrer sur la route. Nous sommes à la veille du réveillon et les cadeaux ne sont bouclés, ni pour l'un, ni pour l'autre. Ils ont donc décidé, d'un commun accord, que ce jour serait jour de mission de la plus haute importance. Ils ont donc soudoyé leur mère pour qu'elle leur prête sa voiture et les voilà prenant la direction du plus grand centre commercial du coin. Joanne n'a pas voulu faire la conversation et a donc sauté sur l'auto-radio pour laisser ce dernier meublé la conversation. Son petit frère s'en contente très bien, jusqu'au moment où les premières notes du plus célèbre hymne contemporain de décembre ne résonnent.

— Joanne ! s'exclame son passager. Je ne peux pas la chanter sans toi, allez ! S'il te plaît !

« I... Don't want a lot for Christmas... »

Elle lève les yeux au ciel, songeant un temps à ne pas accéder à sa requête et à le laisser faire cavalier seul. Mais très vite, c'est plus fort qu'elle. Sa voix commence à chanter sans même qu'elle s'en rendre compte.

« There is just one thing I need,

I don't care about the presents

Underneath the Christmas Tree

I just want you for my own

More than you could ever know

Make my wish come true

All I want for Christmas is... You... »

Elle s'arrête là, le coeur soudain serré, et laisse la diva terminer la chanson, Léon faisant les chœurs. Elle n'a pas vraiment l'esprit à la fête cette année. C'est pourtant sa période préférée. Elle est toujours très impatiente de retrouver toute sa famille, pour échanger un bon repas, quelques cadeaux et surtout de très bons moments. Cependant, elle a l'étrange impression que tout sera différent cette fois-ci. Elle-même est différente. Et cela la peine ne de plus partager l'enthousiasme de son petit frère. A commencer par la corvée des cadeaux. D'habitude, c'est un plaisir pour elle d'offrir. Aujourd'hui, elle est en panne d'idées et espère bien pouvoir compter sur son cadet pour l'aider dans cette tâche.

Ils se garent enfin dans le parking souterrain et le silence retombe une fois qu'elle coupe le moteur. Elle en soupire presque de soulagement. Ils sortent rapidement de l'habitacle et Léon a déjà traversé la voie pour se diriger vers l'ascenseur. Cet enfant possède une réserve d'énergie à toute épreuve. Elle le suit sans grande conviction, retirant avec réticence la capuche qu'il lui couvrait la tête. Maintenant, elle se sent nue, vulnérable. Pour contrer cela, elle croise les bras, autre geste instinctif de défense. Elle sait qu'il le remarque. Il la connait mieux que personne. Il met ses mains dans les poches de son jean et soupire.

— Tu ne vas pas leur en parler, hein ? lui demande-t-il.

— Pourquoi poser une question dont on a déjà la réponse ? réplique-t-elle sans le regarder.

— Parce que j'aurai espéré que tu changes d'avis.

— Je ne vois pourquoi je l'aurai fait.

— Joanne, finit par s'agacer Léon, arrête de tout garder pour toi. Tu es en train de te gâcher la fête. A force de tout retenir, tu vas finir par exploser.

Les portes de la machine qui s'ouvrent à nous épargnent à la jeune femme de devoir répondre. Elle sort comme si elle avait le Diable aux fesses et file directement vers le plan de la galerie. Elle fait mine de l'observer avec attention, les sourcils froncés, mais elle ne peut pas le tromper.