Those Ocean Eyes [FR]

Chapitre 48

Quand le temps semble s'être arrêté, que le monde extérieur n'a soudain plus d'importance, que l'esprit est détendu, il fait des choses sans réfléchir. La veille, entre deux crêpes et éclats de rire, Joanne a repensé à la proposition de George, plus tôt dans l'après-midi. Encouragée par Tom et son enthousiasme communicatif, elle a envoyé un SMS, très bref, pour confirmer qu'elle était intéressée par le rôle. Une opportunité en or, lui disait son colocataire. C'est persuadé de la véracité de ce fait que Joanne est partie se coucher, dormant du sommeil du juste.

Pourtant, bien qu'apaisée, elle se voit tirée de ses songes de manière assez brutale. Une main sur son épaule la secoue pour la faire émerger, et entre ses paupières encore un peu collées, elle distingue les traits de Tom, penché au-dessus d'elle.

— Hmm ? maugrée-t-elle, à mi-chemin vers la conscience.

— George m'a appelé, il a dû essayer de te joindre. Tu dois te préparer au plus vite, il vient te chercher pour déjeuner avec les producteurs et directeurs de casting.

— Casting ? répète l'endormie, sans comprendre.

Puis les liaisons se font dans son cerveau empêtré dans les brumes de sa nuit et elle ouvre soudain les yeux. La luminosité ambiante lui agresse la rétine mais elle n'a pas le temps de se plaindre. Elle se rappelle soudain ce fameux message envoyé la veille, la discussion, la série : tout lui revient en une fraction de seconde. Se débarrassant de sa couverture, elle passe devant Tom, qui s'est relevé d'un bond pour la laisser passer. Sans fournir plus d'explication, elle s'enferme dans la salle de bain pour se préparer. Elle ne sait pas de combien de temps elle dispose avant que son agent ne vienne la récupérer. Mais si son colocataire a jugé bon de pénétrer dans son espace privé pour venir la réveiller, c'était sûrement pour une bonne raison.

Prise au dépourvu, l'anxiété la frappe de plein fouet. Néanmoins, elle a pu disposer d'une nuit de répit, ce qui n'est pas négligeable. Quand le miroir lui renvoie son reflet, Joanne peut s'apercevoir que sa peau paraît fraîche, ses yeux ne sont pas bouffis et ses cheveux sont encore brillants de la veille. Il lui faut simplement passer sous la douche pour réveiller ses muscles mais cela sera plus rapide que prévu. Sans s'attarder, elle se glisse dans la cabine, après avoir relevé ses cheveux en un chignon rapide, et se frotte le corps sous le jet d'eau. S'agiter ainsi éloigne les pensées parasites et apaise le stress qui tord son ventre. Plus longtemps elle sera occupée, plus longtemps elle restera calme.

Quelques minutes plus tard, elle ouvre les portes de sa penderie pour se saisir de sa robe noire et de ses escarpins. Une tenue qu'elle a pensé à prendre dans sa valise et qui fera l'affaire. Un grand classique sait toujours trouvé preneur. Ses cheveux sont lâchés, elle s'est à peine maquillée et la voilà déjà prête, rejoignant Tom dans le salon.

— Il n'est pas encore là ? s'empresse-t-elle de demander passant son sac sur son épaule, la voix déjà soulagée.

— Il t'attend dehors, la rectifie-t-il, avec un geste de la tête vers l'extérieur.

Joanne laisse échapper un juron, le stress revenant faire des vagues. Fébrile, elle se regarde une dernière fois dans le miroir de l'entrée, remet de l'ordre dans ses cheveux, dans sa tenue, pour s'assurer qu'elle sera présentable. Ce genre de rencontres a toujours été sa bête noire, persuadée qu'elle ne sera jamais assez bien, jamais assez flamboyante, jamais assez captivante. Mais un geste tendre du jeune homme l'apaise et la met en confiance. Une main frôlant le bas de son dos, sans oser la toucher, il s'adresse à son reflet.

— Tu es splendide, la complimente-il. Tu vas leur en mettre plein la vue, montre-leur tes talents d'actrice.

Il dépose un léger baiser sur ses cheveux, amical et réconfortant, puis la presse d'aller dehors pour rejoindre George. Avec un sourire reconnaissant, un brin reboostée malgré l'anxiété générale, elle s'éclipse.