Imaginarium Tome 1: Un secret bien enfoui. Terminé

38- Retrouvaille

— Grand-père ! Ça va aller, je suis là.

La voix frêle de la jeune femme s'entend en écho dans la noirceur du cauchemar qui l'habite. Des murmures lointains animent le vide présent autour d'elle.

— Grand-père, réveille-toi ! s'écrit violemment la voix qu'elle perçoit.

Des rires sarcastiques s'élèvent lourdement, résonnant sinistrement sur les murs invisibles. Sophia se tourne et retourne pour trouver un point de repérage, mais seul le vide s'impose à elle, lui insufflant un sentiment de malaise. Des grognements et un râle sourd s'intensifient au fur et à mesure que ses tremblements augmentent, alimentés par la peur. Une pénible odeur de soufre mélangé à de l'œuf pourri envahit l'espace exigu.

La bile amère monte à la gorge de Sophia qui porte sa main à sa bouche, se retenant de vomir. Elle se met à courir dans les ténèbres sans jamais atteindre la moindre source de lumière. La panique l'étreint sous les rires sardoniques, les cris déchirants et les pleurs incessants.

En sueur et essoufflé, sa course s'arrête sous la pesanteur de l'environnement. Elle tente de hurler, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Sa vue se trouble, et son corps se fait engloutir par la noirceur des lieux. Ses jambes ne répondent plus, l'obligeant à subir cette solitude qui lui fait perdre son souffle.

Sophia se réveille en sursaut et se penche sur le côté pour vomir toute la bile acide que son estomac rejette.

— Eh là, eh là, calme-toi, c'est fini, rassure Elias.

Le samouraï lui tapote le dos pour l'aider à se calmer. Il est présent dans sa chambre depuis qu'il est arrivé avec les autres en attendant le retour de la mission de Luka. Quand ils ont aperçu les dégâts dans le hall et tout le sang répandu, ils ont accouru et ont retrouvé la demoiselle allongée sur le sol. Depuis, ils veillent chacun à leur tour sur son repos.

Sophia se rallonge en reprenant sa respiration saccadée et en reniflant. Les yeux embués de larmes, elle ne se doutait pas que l'empreinte que Draguir lui a exercée sur son esprit la hanterait encore.

— Sophia, regarde-moi, tu es en sécurité, implore Elias.

Il essaie en claquant des doigts de la faire revenir à lui. Il remarque également que le dragon ornant le poignet de la demoiselle veille sur celle-ci en surveillant ses moindres faits et gestes avec un air inquiet. Sophia se redresse difficilement, et s'assied en tailleur en baissant la tête.

— Comment te sens-tu ? demande Elias, la voix empreinte d'anxiété.

Elle lève timidement la tête, et rencontre son regard bleu d'une douceur infinie. La demoiselle tente de répondre, mais une énième secousse lui fait fondre en larme en se cachant dans ses mains.

Sophia est soulagée de revoir un visage familier, mais les rudes épreuves qu'elle a subies sont marquées au fer rouge dans sa peau, son mental et son esprit. Elle a honte de ne pas avoir été assez forte, même si son hystérie a pris le dessus pour se sortir de ses mauvais pas. Elle rêve seulement d'une chose, retrouver sa vie paisible sur terre.

Elias la berce dans ses bras, la rassurant qu'elle est en sécurité. Mais il ne peut pas s'empêcher de rire quand il entend le ventre de la demoiselle réclamer sévèrement sa pitance.

— Je vois que ton corps ne perd pas le nord, dit-il en gloussant gaiement, je demanderai à Astos de te cuisiner un plat qui te réchauffera. Tu es gelée, ajoute-t-il soucieux.

Il s'appuie sur le lit pour se lever, mais Sophia agrippe son bras en le maintenant fermement. Elle se sent apaisée quand il est ici, et le considère comme le grand-frère qu'elle n'a jamais eu. Elias la regarde avec un sourire complice, puis lui effleure les cheveux avant de la rallonger et de la border.