41 - La sagesse du grand-père

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Les spécialistes en médecine s'affairent autour du corps inconscient de Draguir qui ressent une vile douleur qui lui transperce les tripes. Durant plusieurs jours il a refusé de se nourrir, l'affaiblissant de plus en plus. Et, l'intelligence de s'interposer dans un combat de déesse ne l'a pas aidé dans son état.

— Gab, pourquoi il ne réagit pas ?

Arrêté de vouloir désespérément me sauver, je suis maudit.

La noirceur qui l'habite et annihile la vie lui procure tant de plaisir quand il la déploie. Quand il la propage dans un corps innocent... ses pensées le perturbent en repensant à son regard.

— Doc ? C'est normal ? sollicite Elias.

— Je n'ai jamais rien vu de tel, répond gravement l'intéressé.

Foutez-moi la paix, bon sang ! Allez-vous occupez d'elle.

Plusieurs heures défilent quand le silence s'installe enfin autour de lui, le laissant sombrer dans les méandres des abysses. Flamma entre dans la tente et humidifie un linge qu'elle pose sur le front du fauconnier. Jojo la rejoint en soupirant inquiet de la situation.

— Comment va-t-elle ? s'enquiert-elle anxieusement.

— Elle ne se réveille pas, réplique dans un sanglot convulsif le doyen. Luka est auprès d'elle, mais elle refuse de revenir parmi nous.

Qui ça elle ? Ne me dites pas qu'ils lui ont fait quelque chose ces abruties ?

— Et lui ?

— Je ne sais trop comment interpréter les signes, annonce le docteur, je dirai que dû à un manque de nourriture et d'acharnement. Il se maintient dans un état comateux.

Tu vas voir ce qu'il va te faire le comateux, couillon !
Putain, c'est bien ma veine tiens. Ils ne sont pas foutus de me laisser claquer en paix. Elle me déteste, pourquoi je subsisterai plus longtemps après ce que je lui ai fait.

Draguir lève les yeux dans son esprit, mais ressent une sensation qui lui enserre le cœur. Devinant sans mal que sa sauvageonne s'est fait la malle en projection, mais il se demande pourquoi elle refuse de revenir. Il tente de la localiser avant de s'évaporer à son tour.

* * * * * *

Le soleil d'automne réchauffe le cœur de Sophia qui regarde le vent coucher le blé. Elle s'est assise dans la prairie longeant la forêt après avoir découvert la chaumière vide de présence. Elle se laisse baigner par la sécurité que lui offre cet endroit rempli de bons souvenirs entre les balades, les nuits à la belle étoile avec sa famille.

Elle examine son poignet et effleure Evy qui ne bouge pas d'un iota. Le fait que son ami lui ait laissé sa projection la réconforte dans l'idée que son dragon le connaît bien, mais cela n'empêche pas les larmes de rouler sur ses joues. Elle ramène ses jambes contre elle et pose son menton sur ses genoux en fermant les yeux.

— Bonjour ma grande, je suis ravi te de revoir.

Jean découvre les yeux gonflés de sa petite fille quand elle relève la tête et fronce les sourcils. Il s'accroupit pour la prendre dans ses bras. La chaleur familiale se propage en elle alors qu'elle se laisse aller dans ses bras.

— Chut, ma puce, ça va aller, tu vas bientôt rentrer, rassure-t-il à l'oreille.

Il ramène Sophia à la chaumière et l'installe sur le canapé en lui déposant un plaid sur ses épaules. Jean s'affaire ensuite dans la kitchenette pour y préparer des tasses de chocolat chaud. Il rejoint sa petite fille quelques minutes plus tard avec les tasses fumantes qu'il dépose sur la table basse, ainsi qu'un gros album photo qu'il trimbalait avec lui avant de la trouver.

Imaginarium  Tome 1: Un secret bien enfoui. TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant