Imaginarium Tome 1: Un secret bien enfoui. Terminé

18- La réunion

Sophia arrive dans une grande pièce précédée d'Elias. L'ambiance qui l'accueille n'annonce rien de bon. Leah est assise dans un coin et la fusille du regard. Leur amitié, qui semblait bien commencer à Cascalaris, ne tient plus qu'à un fil. Son frère, de l'autre côté de la pièce, lui jette un bref coup d'œil avant de reporter son attention à travers le hublot.

Gabriel et Jackiel déposent des pichets et des verres sur la table centrale en bois massif, qui occupe une majeure partie de la salle. Guénaël, sous sa forme de chat, est couché sur un buffet d'allure victorienne. Draguir, assis sur des caisses, reste tranquille, mais son regard suit attentivement les mouvements de Sophia. Astos, Jojo, et Bastos discutent entre eux, assis sur leurs chaises.

Sophia a l'impression qu'elle va passer en jugement pour sorcellerie et être déclarée coupable avant d'être envoyée sur le bûcher. Elle repère un coin tranquille où s'installer pendant qu'Elias prend place au côté de Jackiel, mais avant qu'elle ne puisse s'y rendre, Astos l'intercepte et lui indique une chaise non loin de Luka.

— Bon, maintenant que tout le monde est réuni, nous allons pouvoir commencer, déclare Astos. Par quoi veux-tu commencer, ajoute-t-il à l'intention de Jojo.

Le doyen se lève en arborant fièrement son blason sur sa veste de biker et regarde tour à tour les personnes présente.

— Avant de se pencher sur le sujet épineux, nous pouvons commencer par dévoiler qui vous êtes, Astos.

Celui-ci hoche la tête et se rassied en joignant ses mains :

— Pour commencer, pensez-vous qu'il y a une civilisation à Blasqueen ?

Certains confirment, dont les deux loups, tandis que d'autres secouent la tête. Sophia ne se prononce pas, ne connaissant encore que très peu de choses de ce monde. Le propriétaire commence son explication :

— Il y a eu une civilisation, fut une époque. Partagé entre les Blasquois et les loups de givres. Les Blasquois n'acceptèrent en aucun cas la présence de ces animaux au sein de leurs villages, et les chassaient constamment hors de la ville. Des meutes entières ont été décimées, laissant les plus faibles en proie aux bourreaux, les réduisant ainsi à l'esclavage.

— Et personne ne les a aidés ? Ces vieillards et ces enfants ? s'écrit Sophia, consternée en coupant la parole. Où étaient les déesses à ce moment-là, hein ?

Elle s'était levée d'un bond. Astos la regarde, perplexe et surpris par sa réaction. La jeune femme peine à comprendre que même ici, il y ait des guerres inutiles. Elle sent une présence derrière elle et, s'attendant à ce que ce soit Draguir, maiscelui-ci n'a pas bougé d'un pouce, et il fusille de colère la personne se tenant derrière elle.

— Ne sois pas triste pour nous, c'est du passé, chuchote Luka.

— Mais...

— Chut, et écoute la suite, ajoute-t-il tendrement.

Il rapproche une chaise et s'installe au côté de Sophia, lui prenant la main sous la table. Il invite Astos à poursuivre son récit.

— Désolé que cela te touche, mais malheureusement pour comprendre qui je suis, il faut connaître notre histoire.

Sophia relève la tête d'un air interrogateur avant d'entendre la suite :

— Mon petit frère et moi faisions partie de Blasqueen. Cependant, nous n'acceptions pas les agissements de nos voisins. Alors, nous avons créé un groupe : les Boucliers de Givres, annonce-t-il avec fierté.

À l'annonce du nom du clan, Sophia réfléchit un instant et s'aperçoit que cela ressemble fortement à celui de l'auberge où ils ont séjourné à Cascalaris.