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Minho releva la tête vers son interlocuteur et recula comme par réflexe.

- Tu ne peux pas m'éviter indéfiniment.

Le jeune brun se leva et cala son sac sur son épaule. Il esquiva l'homme un peu plus âgé qui se trouvait en face de lui, mais le concerné le retint par le bras.

- Minho, écoute moi au moins !

- Pourquoi je vous écouterais ? Nous ne sommes pas en cours, Mr.Wang, lança Minho avec assurance, alors qu'à l'intérieur de lui il tremblait de peur.

- Tu continues de me traiter comme un inconnu ? Vraiment ? De quel droit tu te permets de me faire ça ? Cracha Le professeur en se rapprochant un peu plus de Minho.

- Lâches moi Jackson.

- Si je te lâche tu reviendras plus.

- Tu croyais que j'allais revenir ?

- Tu m'aimes, je le sais. Arrête d'essayer de te voiler la face.

- Ta femme aussi elle t'aime.

- Tu disais pas ça quan-

Minho ne pouvait plus se retenir. Il avait tout encaissé, seul. Son professeur, et ex-compagnon, ne l'avait pas franchement soutenu pendant tout ce temps, alors c'était insensé qu'il refasse surface avec son sourire "angélique" qui le faisait chavirer autrefois.
Le plus jeune balança son poing en plein milieu du visage de son aîné, faisant alors apparaître une coulée de sang de son nez. Le dénommé Jackson porta sa main vers son nez puis releva le regard vers Minho. Il n'avait plus rien à perdre, le jeune garçon se fichait pas mal de ce qu'il pouvait arriver. Il en avait encaissé des mots, des injures, des gravures sur sa table, des post-it sur son casier. Il avait reçu tous les crachas haineux de ses soi-disant camarades. Il avait écouté à contre cœur les paroles de son professeur. Il avait plongé dans une addiction toxique, une relation interdite vouée à l'échec. Mais finalement, l'échec n'aurait pas été si mal. Ils auraient juste pu se séparer et ne plus jamais se parler. Mais non, les choses s'étaient envenimées. Minho s'était abîmé. Il avait vêtu son plus beau masque souriant le temps de quelques mois, mais il commençait à tomber doucement. Puis il finirait par s'écraser sur le sol et se briser. Alors le visage de Minho se déformerait, mais il deviendrait peut être meilleur que celui d'autrefois.

- Mais pour qui tu te prends, morveux ?! C'est toi qui a commencé tout ça ! C'est toi qui a commencé ! C'est ta faute Minho !

- Comment tu peux dire ça ? Tu savais très bien ce que tu faisais, t'es un adulte responsable. Enfin pas si responsable que ça à ce que j'ai pu voir.

- Tu sais bien que tu peux pas faire le poids contre moi, même les élèves te détestent ! Le directeur m'a cru quand je lui ai tout expliqué et il ne m'a pas viré. Ahh, Minho, quand est-ce que tu vas saisir...

- Saisir ? Que t'es un gros connard ? T'inquiète c'est déjà fait. Et j'ai pas besoin de l'aide de mes camarades et du proviseur pour me sentir mieux. Je suis pas aussi faible que toi, je peux me débrouiller seul.

- Tu te caches tout le temps pour pleurer, mais oui, tu te débrouille bien seul je vois ça.

- Ça me toucherais presque, on croirait que tu t'inquiète à mon propos. Aller, change de disque et dégage si tu veux pas que j'porte plainte.

Le plus âgé le dévisagea.

- Logiquement je suis encore mineur donc c'est de la pédophilie et c'est punis par la loi.

- La loi fais rien pour ça, et tu diras rien.

Le professeur s'approcha dangereusement de Minho en levant son bras, poing serré, au dessus du plus jeune. Mais quelqu'un l'en empêcha. Son poignet se trouvait emprisonné dans les mains de quelqu'un. Minho jeta alors un regard surpris à son possible sauveur. Ses yeux doublèrent de volume quand il put enfin discerner son visage, il baissa instinctivement la tête, essayant de masquer les égratignures qu'il s'était faites.

« 𝐃𝐈𝐕𝐀 »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant