Chapitre 26: Mélancolie

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Année 2016, dans un lycée privé parisien.


Arborant cet éternel air pensif, ce fut à grande enjambées qu'Hana s'engouffra dans l'entrée principale de ce riche lycée parisien. Elle avait intégré cet établissement depuis quelques mois seulement à l'occasion de sa rentrée de première. Tout cela, elle le devait à sa mère qui se tuait au boulot et qui avait utilisé ses économies pour donner toutes les chances à sa fille de réaliser ses rêves une fois le bac obtenu en ayant une chance d'intégrer les meilleures universités.

Alors que la jeune femme commençait à grimper les escaliers tout en pestant une énième fois sur son uniforme étriqué et carrément sexiste selon elle (la jupe étant obligatoire), elle se fit fermement attraper le bras droit et se rattrapa à la rambarde de justesse pour éviter une chute.


-Hey Hana !

-Oh bordel Marine j'ai faillis t'en mettre une !

Hana était vraiment à deux doigts d'agresser la personne qui l'avait interpelé ainsi mais se ravisa bien vite lorsqu'elle vit la mine inquiète de la grande blonde. Partageant les cours de langues, elles avaient immédiatement sympathisé et la jeune femme s'était bien vite attaché à l'exubérance de sa camarade.

-Hana faut vraiment que je te dise un truc.

L'intéressée aurait bien séché son cours d'histoire pour être une fois de plus l'oreille attentive du duo, mais elle ne pouvait réellement pas se le permettre. Cette école avait une politique très stricte et une réprimande voire pire, un renvoi, n'était même pas envisageable. Hana sentait cette pression en elle, le poids de la perfection. Inatteignable mais toujours exigée.

-Désolé je vais être en retard, on parlera plus tard.

-Mais...

-On se voit à la cantine ! finit-elle par balancer en montant deux à deux les marches.

Elle se lamentait déjà de ces deux longues heures de cours n'étant pas vraiment friande d'histoire, mais elle se confortait à l'idée que ce soir elle allait voir Thomas.

Étrange, il lui sembla que les voix émanant de sa salle de classe s'étaient toutes tût à son arrivée, mais elle devait rêver. Elle n'avait pas vraiment d'amis ici, mais elle arrivait toujours à trouver quelqu'un avec qui discuter. Or aujourd'hui, elle sentait des regards peser sur sa silhouette, dans son dos et tout autour d'elle mais personne ne s'était donné la peine de lui adresser un simple bonjour.

Hana avait toujours soupçonné ses camarades de la mépriser à cause de ses origines sociales et de l'exclure car elle ne fréquentait pas les mêmes milieux qu'eux. Cependant, elle n'avait aucune preuve car personne ne l'avait jamais confronté et elle ne préférait pas se polluer l'esprit d'ondes négatives.

Le professeur avait visiblement du retard, mais elle décida tout de même de s'installer pour se plonger dans l'une de ses innombrables lecture du moment. Ce fut alors dans l'ignorance la plus totale de cette atmosphère décidément inhabituelle qu'elle se dirigea vers sa chaise, les places ayant été attribuées en début d'année.

Une fois prostrée devant sa table, son cœur se serra tout d'un coup. Elle s'assit, calmement, préférant une nouvelle fois isoler son esprit de ce qui était entrain de se passer. Pourtant le son parvenant à ses oreilles était lui inévitable, elle les entendait ces rires étouffés et ces petits chuchotements à peine dissimulés.

Et elle connaissait bien entendu leurs origines. Cette simple inscription sur le bois de son bureau, de simples lettres mais qui faisaient tellement mal.

DILEMA.  [k.th/BTS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant