DILEMA. [k.th/BTS]

Chapitre 45: Aujourd'hui plus qu'hier...

Il retournait encore et encore ces simples mots dans sa tête. « Je veux te voir, passe chez moi ».

Les ongles rongés par la nervosité et le regard rivé sur le bitume qui filait à une vitesse vertigineuse à travers la vitre de son taxi, Taehyung n'avais jamais été autant incertain de son futur.

Il le sentait à travers les battements effrénés de son cœur contre le tissu de sa chemise, à la peur qu'il avait perçu dans le regard de ses amis, mais surtout à cette voix exempte de toute émotion lorsqu'il avait eu Hana au téléphone et qu'elle lui avait demander de la rejoindre : cette soirée n'était pas une soirée comme les autres.

Ce moment aurait indubitablement un effet, dévastateur ou minime, il ne pouvait le prédire, mais il était certain qu'il ferait bifurquer dans un sens ou dans d'un autre le cours de son existence.

Lorsque son poing frôla le bois de la porte d'entrée, Taehyung tentait toujours de se rassurer en minimisant le cours des évènements, comme si sa présence dans les couloirs de cet immeuble délabré n'était pas lourde de signification. Lorsque ses coups retentirent à la surface de la porte, la boule d'angoisse qui se logea dans sa gorge le ramena à la dure réalité : il allait retrouver une Hana dévastée, sombrant tout autant que lui dans le gouffre sans fond de leurs propres angoisses.

Cependant et contre toute attente, ses prédictions du moment contrastèrent grandement avec la vision lui faisant face, celle d'une Hana dont les traits reflétaient un calme apparent, vêtue de manière décontractée et toujours son portable à la main.

Leur regard se croisèrent et Taehyung ne put s'empêcher de froncer les sourcils en détaillant rapidement les yeux de la jeune femme. Elle posait sur lui un regard que le brun pourrait qualifier de serein, trop serein pour qu'une sorte d'alarme interne ne se déclenche pas en lui.

Ses incertitudes étaient néanmoins beaucoup trop pesantes, enrobant son instinct primaire d'une élégante couche d'illusion, soupoudré d'un amour délirant pour l'objet de ses craintes.

Il est beau le sentiment amoureux, parait-il qu'il rend aveugle, aussi.

« Entre, dépêche-toi, fit alors la jeune femme dans un mince sourire, en lui indiquant de fermer la porte derrière lui. »

Prit dans l'action du moment, Taehyung fit taire ce murmure inquiétant, ce tintement naissant au creux de sa poitrine, pour mieux se concentrer sur la source de tous ses tumultes récents, Hana.

Celle-ci se retourna après quelques secondes et le toisa, interloquée. Elle remarqua alors que son invité avait bien exécuté sa demande, mais qu'il s'était figé dans l'entrée à quelques mètres de sa position.

Hana savait pertinemment que de nombreux facteurs pouvaient expliquer le trouble évident que Taehyung affichait en cet instant. Alors sans besoin, ni envie de les explicités, la jeune femme décida de sortir l'autre de sa torpeur en s'avançant promptement vers lui. Ainsi, elle retira d'elle-même sa veste afin de l'accrocher au porte manteau du corridor principal.

Tout en se fixant l'un et l'autre, elle recula d'un pas, puis de deux, lentement, jusqu'à s'appuyer négligemment contre le canapé du salon et en remettant distraitement une mèche de cheveux à l'arrière de son oreille.

Taehyung n'en rata rien, observant scrupuleusement chacun de ses gestes, la moindre de ses mimiques ou encore n'importe quel signe de tension qui pourrait traverser son corps et ainsi indiquer ses réels états d'âmes.

L'air ambiant était comme moite, affublé d'une lourdeur qui clouait sur place l'un, et contrariait fortement l'autre. Ce n'était pas le moment et ce n'était pas ce qu'elle désirait pour eux, pas encore, pas tout de suite.