VIII. Los Angeles

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- Je conduis les mecs, annonce Nassim en prenant les clefs de notre voiture avant de sortir de l'agence de location de l'aéroport.

Mon premier vol s'est bien passé et malgré quelques turbulences, je n'ai pas eu peur une seule seconde contrairement à Sami qui m'a obligé à lui tenir la main lors des secousses. Durant les nombreuses heures de trajet, l'inspiration ne m'a pas laissé une seule seconde de répit et m'a donc rendu particulièrement efficace. J'ai hâte de lire mes nouveaux textes à Sami pour qu'il puisse me donner son avis dessus, mais surtout pour qu'il les valide. Tant que ce n'est pas le cas je reste insatisfaite de mon travail.

Dan a passé tout le vol à dormir ou à regarder son téléphone ce qui m'a bien évité de devoir lui parler. Nos échanges m'ont laissé perplexe. Je suis incapable de dire s'il est sympathique ou désagréable. Les seules choses dont je suis certaine à son sujet sont qu'il est versatile et se cache probablement derrière un personnage.

- Chica ! C'est un classe G !

La voix de Sami qui hurle comme un fou me sort subitement de mes pensées. Mon regard se pose sur le magnifique 4x4 Mercedes. Telle une enfant à Disneyland, j'écarquille les yeux et reste bouche bée devant la voiture de mes rêves. Cela fait plus de huit ans maintenant que je n'arrête pas de répéter que c'est la première chose que j'achèterai avec mon premier cachet d'artiste. D'une main fébrile je caresse la calandre du véhicule.

- Je peux conduire ?

Ma voix fluette n'est pas convaincante et provoque le rire de Nassim. Il m'observe quelques instants se demandant probablement si je suis sérieuse ou non.

- Femme au volant, mort au tournant. Et vu que j'ai pas envie de mourir tout de suite ça sera non.

Son ton affirmatif tranche avec le mien. Néanmoins, je n'ai pas envie de lâcher aussi facilement. Dans l'espoir de faire pencher la balance en ma faveur, je lui fais la moue et place mes deux mains en un salut suppliant.

- Je t'en prie. Je serai super prudente. Demande à Sami, je suis une super conductrice.

- C'est mort Miss.

- Laisse-la.

Dan vient de prendre mon partie sans que je ne sache pourquoi. Alors que je me retourne vers lui, je le surprends en train de faire un clin d'œil à Nassim. Ce dernier pousse un profond soupir avant d'hausser les épaules et de me jeter les clefs. La joie qui me submerge est d'une intensité inédite. Depuis quelques jours maintenant, j'ai la sensation d'être lancée à pleine vitesse sur l'autoroute du bonheur. Toutefois la peur qu'un obstacle vienne se mettre sur ma trajectoire et me contraigne à faire un écart menant à une violente collision commence insidieusement à se reprendre dans mon esprit. L'inquiétude que tout s'arrête me pousse alors à profiter au maximum de chaque instant de bonheur qui se présente à moi. D'un pas déterminé je monte dans la voiture et m'installe derrière le volant. Au moment où j'allume le moteur, mon cœur se met à battre à vive allure et un frisson d'excitation parcourt mon dos. Un sourire idiot s'affiche sur mon visage et provoque le rire moqueur de Dan assis sur le siège passager.

- Bon tu démarres Miss, grogne Nassim installé à l'arrière.

Alors que je m'apprête à passer la première je découvre que la voiture est automatique. Le désarroi doit se lire sur mon visage puisque j'entends Dan pouffer.

- Regarde. Tu mets D pour avancer et R pour reculer. Le reste on s'en fout, dit-il en le faisant à ma place. Maintenant t'as plus qu'à accélérer et freiner rien de plus simple.

- Tu sais pas conduire les automatiques ? Je vais câbler les gars ! T'as ton permis au moins ?

Nassim a beau être baraqué à cet instant précis je peux le voir devenir livide dans le rétroviseur. Sa panique m'amuse et me provoque un fou-rire incontrôlable qui se propage finalement dans tout le véhicule.

A l'ombre de ma plumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant