A l'ombre de ma plume

XXVIII. En Quête De Vérité

Adossée contre ma porte d'entrée, je me suis recroquevillée sur moi-même comme si cette position enfantine pouvait me protéger. La terreur a laissé place au traumatisme. Bloquée dans un mutisme absolu je suis incapable de bouger. Mes yeux sont rivés sur le mur qui me fait face. Les images de mon agression défilent inlassablement devant moi. J'ai perdu la notion du temps et ce n'est que le vibreur de mon téléphone qui réussit à me sortir de ma léthargie. Je l'attrape avec lenteur. Le nom de Dan s'affiche. Je devrais probablement lui répondre, mais je n'en ai pas la force. Il est évident qu'à ma voix il saura que quelque chose ne va pas et me posera donc tout un tas de questions. Lui parler me ferait peut-être du bien. Après tout n'est-ce pas ce que font tous les couples ? S'épauler dans les moments difficiles et être là l'un pour l'autre. Malheureusement mon expérience en relation amoureuse n'est pas assez importante et mon instinct réclame Sami. C'est à lui que j'ai besoin de parler car il est le seul à avoir les réponses à toutes mes questions. Pourquoi emprunter de l'argent à ce type louche ? Qu'a-t-il fait des vingt mille euros ? Pourquoi m'avoir caché cette transaction ?

Je me relève avec difficulté. Mon corps engourdi semble ne plus avoir aucune énergie. Chaque action me demande un effort insurmontable. D'une main tremblante j'ouvre ma porte et jette un coup d'œil dans le couloir. Je me sens comme un animal traqué par un chasseur. D'un pas pressé, je rejoins l'étage inférieur et me faufile dans l'appartement de mon meilleur ami.

- Hey Chica ! Lance-t-il avec enthousiasme en me voyant entrer.

Sami, allongé sur son lit, fume une cigarette sans se douter de ce qu'il vient de se passer juste au-dessus de sa tête. Je m'approche de lui sans dire un mot. Il lève alors les yeux et l'expression de son visage change subitement. Sa joie se transforme en une terrible inquiétude. Sans perdre une seconde de plus, il se redresse et me prend dans ses bras. Cette étreinte rassurante me fait déverser de nouvelles larmes. Dans les bras de Sami je me sens enfin en sécurité et je prends toute la mesure de ce qui vient d'avoir lieu. Ma tristesse se transforme alors en colère. 

- J'ai failli mourir, je hurle entre deux sanglots.

J'essaie de sortir de ses bras, mais il m'étreint avec force pour m'en empêcher. Mon agacement me pousse à crier comme une furie. Sami dépose plusieurs baisers sur le haut de mon crâne tout en me frottant délicatement le dos. Il sait qu'habituellement ces gestes m'apaisent et viennent à bout de toutes mes colères. Néanmoins, pour la première fois, ils ne suffisent pas. Pas après ce que je viens de vivre.

- À cause de tes bails de merde un mec vient de jouer à la roulette russe avec moi !

- Calme-toi Chica, répond-t-il d'une voix douce et rassurante. Je comprends rien à tout ce que tu me racontes. T'as pris un truc ?

Le ton inquiet de sa voix me révèle qu'il ne saisit vraiment pas ce que je suis en train de lui raconter.

- Le mec à qui t'as emprunté vingt mille euros ! Il est venu réclamer son dû avec un flingue !

- Sérieux ? Je... Putain. Je suis tellement désolé. Léo je... Je vais le rembourser avec l'avance de la maison de disque. Mais... Putain. Il est venu chez toi ? J'y crois pas. Quel bâtard ! Il avait aucun droit de s'en prendre à toi.

- Il en a rien à foutre de ce qu'il a le droit de faire ou pas. Il a mis son revolver sur ma tête et... Et il a tiré...

Je m'effondre en mettant des mots sur cet événement traumatique. Sami serre un peu plus ses bras autour de moi avant de me porter pour me déposer sur son lit. Alors qu'il s'allonge à mes côtés pour se blottir contre moi, je me redresse et m'assieds en tailleur face à lui. Je n'ai pas oublié toutes les questions auxquelles il me doit des réponses.