XXXIV. Ne Jamais Oublier Les Intérêts

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Peur, frayeur, angoisse, terreur. La liste de tous les synonymes pour qualifier cette émotion tourne en boucle dans mon esprit. La plupart du temps il s'agit d'une sensation irrationnelle. C'est même pour cela qu'elle est difficile à cerner et reste quasiment impossible à dompter. Pourquoi certaines personnes ont-elles peur des insectes ? Ça n'a aucun sens, aucune logique. Pourquoi est-ce que je viens de faire une crise de panique en rentrant chez moi ? Parce que j'ai failli être tuée dans mon salon par un homme que rien ne doit arrêter. Traumatisme. Voilà ce que je suis à présent, une âme un peu plus cabossée qui doit faire avec de nouvelles angoisses. Je frisonne lorsque le vibreur de mon téléphone me sort de mes tristes pensées. Excuse-moi Chica ! Je suis chez Nassim. Je vais bien et j'ai remboursé mes dettes. T'as plus de crainte à avoir. Excuse-moi encore. Je sais même pas pourquoi je t'ai fait la tête comme un gamin. Je passe te chercher pour aller aux répétitions. Je souris en lisant ce message de mon meilleur ami qui sans le savoir vient de retirer un immense poids de mon âme. Retrouvant un peu de joie et de légèreté, je me dirige d'un pas plus sûr dans ma salle de bain pour prendre une bonne douche.

L'eau bouillante qui coule sur mon corps fait disparaître toutes les tensions qu'il avait accumulées. Peu à peu je me détends et je me surprends même à chantonner. Je me félicite mentalement d'avoir surmonté mes peurs avec bravoure. Tu ne dois jamais laisser la peur devenir maîtresse de ton esprit. Tu dois la combattre quoi qu'il arrive. En me remémorant ces paroles de mon père je sais qu'il serait fier de moi. Néanmoins mon instinct reste encore sur ses gardes et je ne peux pas ignorer le terrible pressentiment qui me gagne. Quelque chose va arriver. Je le sens. Je le sais. Cette impression inexplicable ne repose sur aucun fait ni aucun élément raisonnable, mais elle est là, en moi, depuis plusieurs jours maintenant. Je me donne mentalement plusieurs claques pour repousser ces sinistres présages. Toutefois ils résistent refusant de laisser mon esprit en paix. Si tu penses au négatif tu vas forcément l'attirer. Alors tu dois toujours penser au positif et uniquement à lui. Anna, mon ancienne amie et collègue de travail, n'arrêtait pas de me répéter cela. C'était ce que l'on appelle une adepte de la pensée positive. Je ne sais pas si elle avait raison, mais je préfère ne prendre aucun risque et ne penser qu'aux bonnes choses qui m'attendent aujourd'hui. Alors que je me savonne avec vivacité je remarque plusieurs griffures sur mes avants-bras. À leur vision, je me mets à sourire bêtement car elles ne sont que les délicieux stigmates de ma nuit passée avec Dan. Penser à ses mains parcourant mon corps, à sa bouche dévorant la mienne éloigne toutes les ombres oppressantes qui rôdaient autour de moi pour ne laisser plus que de la place à la lumière. Dan est comme un soleil illuminant ma nouvelle vie. Il est le nouveau souffle dont mon existence avait terriblement besoin.

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Enroulée dans une serviette de bain couvrant à peine mon corps nu, j'observe avec désarroi tous les vêtements que j'ai jetés avec agacement sur mon lit. Pour la première fois de mon existence je me retrouve dans la peau de la jeune femme qui ne trouve absolument rien de bien à se mettre sur le dos. Les seuls pantalons que j'ai sont des joggings amples aux couleurs basiques : noir, blanc ou gris. Tout cela me paraît bien fade, beaucoup trop fade. Avant aujourd'hui ils me suffisaient. Je les voyais comme des morceaux de tissu obligatoires et sans intérêts. Soudainement le grincement de ma porte d'entrée me signale l'arrivée de Sami.

- Tu tombes bien, dis-je en le rejoignant. Je suis sur un problème de look qui va te...

Ma phrase reste en suspend car ce que je vois me donne un violent coup dans la poitrine. Mon corps se raidit avant de se paralyser. L'air me manque, mes jambes tremblent. Tout cela ne peut être qu'un cauchemar.

- Je t'ai manqué poupée, me demande l'usurier en me regardant de la tête aux pieds avec un regard libidineux qui me fait frisonner d'effroi.

- Je... Je...

A l'ombre de ma plumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant