Introduction

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{ Petite info : Vous entamez la troisième partie de Bras de Fer, Gant de velours. Si vous n'avez pas lu les deux premières parties, vous risquez d'être très perdus. Je vous invite donc à faire un tour sur mon profil pour lire cette histoire dans l'ordre ! Pour ceux qui sont déjà à jour sur cette histoire, je vous souhaite une bonne lecture en espérant que la suite vous plaira !}

.oO°Oo.

La nuit était tombée plus tôt que je le pensais. Ce n'était pas la première fois, et ça ne serait pas la dernière, mais cette obscurité me collait toujours des frissons dans le dos. Elle m'inspirait la peur de ténèbres sans fond peuplées d'angoisses et de rires. Je m'étais habillé d'un tapis de feuilles que j'avais « tourné » pour me protéger du froid, et je me faufilais dans la végétation dense de l'île pour retrouver mon abri. Au bout de quelques minutes de marche, après avoir croisé un renard qui s'était figé à mon approche, entendu les hululements de quelques chouettes et le tapotement des pattes de loirs au-dessus de moi, j'arrivai au pied de l'Arbre.

 Au bout de quelques minutes de marche, après avoir croisé un renard qui s'était figé à mon approche, entendu les hululements de quelques chouettes et le tapotement des pattes de loirs au-dessus de moi, j'arrivai au pied de l'Arbre

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J'en fis le tour, cherchant à tâtons le renfoncement qui me permettait de grimper dedans. Une main sur le nœud d'une branche cassée, un pied dans une fissure, j'escaladai le tronc pour me glisser avec soulagement dans le nid que j'avais créé. Il formait une grosse boule bien calée dans une fourche de l'arbre, et je l'avais rempli d'herbes séchées, de plumes, et de tout ce que je trouvais d'un peu moelleux. C'était un gros duvet qui m'enveloppait et me gardait au chaud la nuit. Ici, l'obscurité n'était plus aussi effrayante, je ne craignais plus les animaux, le silence, le froid. Je me sentais protégé.

Je me pelotonnai au fond de mon nid moelleux, et respirai plus calmement, sentant le sommeil s'approcher. Mon pied droit me démangeait, alors je le grattai de ma main calleuse, avant de m'installe plus confortablement. D'aussi loin que je me souvienne,je n'avais rien connu d'autre que cette vie-là.

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais ici. J'avais vu le soleil se lever et se coucher beaucoup de fois, j'avais construit mes habitudes dans ce petit bout de monde. Il y avait la plage, et l'eau, qui m'entourait tout autour. On voyait que tout ça s'étendait plus loin, que de l'autre côté, il y avait d'autres rives, d'autres forêts. Mais ça me paraissait inaccessible, et même si j'avais pu aller là-bas, qu'aurais-je pu y découvrir de plus ?

Ici, je trouvais à boire et à manger. Il y avait une source d'eau qui jaillissait au centre de l'île ; elle était très froide, tellement que j'avais souvent mal aux dents en m'y abreuvant. Il y avait des fruits qui avaient l'air bons, d'autres mauvais. Ceux-là, je ne les mangeais pas. Il y avait des lapins, je leur courais parfois après. J'avais vu les renards les manger, j'en faisais autant quand j'arrivais à les attraper. Il y avait un endroit où une falaise descendait jusque qu'à la rive dans un éboulis de rochers noyés d'eau. Les poissons aimaient bien venir là, et moi aussi. Je les attrapais. Leur chair était froide et visqueuse, mais ça nourrissait plus que les fruits, alors quand j'avais faim, je savais que c'était là qu'il fallait aller.

C'était ce que je faisais. Trouver à manger, à boire, regarder autour de moi, et dormir quand la nuit tombait, en me demandant toujours un peu si le soleil reviendrait chauffer ma peau le lendemain.

Je n'arrivais pas à imaginer autre chose. Pourtant, il me semblait bien qu'il y avait un avant. J'avais vu des animaux naître, j'avais escaladé les arbres pour observer les œufs des oiseaux, espionné les serpents, les renards, et tous les autres bestioles que j'avais rencontrées. Et en les regardant découvrir le monde, je me demandais. Je ne me souvenais pas de ma naissance. Est-ce que j'étais sorti d'un œuf, comme les oiseaux, ou directement du ventre d'une maman, comme les renards ? Est-ce que j'avais été minuscule, tout tremblant, la peau plissée, les yeux fermés ? Et même après, je ne me souvenais pas d'avoir été plus petit que je ne l'étais actuellement. Il ne me semblait pas que j'avais grandi, ou alors, vraiment pas beaucoup.

Alors des fois, je me demandais comment c'était, avant. Je me demandais ce que ça faisait d'avoir une maman. Et quand je pensais à tout ça, je me sentais mal. Ça faisait peur, ça rendait triste. C'était un sentiment pour lequel je n'avais pas de mots à l'époque.


La solitude.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant