Il n'aura fallu attendre que la deuxième partie pour que je cesse de suivre le rythme de publication ? C'est du propre ! :') (Bon, pour cette fois j'ai une excuse, je me suis retrouvée avec des gens toute la journée, ça ne m'a pas trop laissé le temps de faire mes tâches habituelles) Voici avec un peu de retard, le début du chapitre 1 !
.oO°Oo.
À part moi, tout le monde était couché depuis longtemps quand j'entendis la sonnette de la porte tintinnabuler timidement. Je me levai précipitamment, abandonnant le recueil de poésie que j'avais attrapé au hasard pour tromper mon ennui en attendant le retour d'Edward. Un peu fébrile, j'accourus dans le couloir, m'assurant de reconnaître la silhouette de mon frère à travers le verre dépoli avant de tourner le verrou et de lui ouvrir la porte.
Edward se faufila prestement à l'intérieur, pendant que je refermais. Sans doute surpris par une averse sur le trajet du retour, il avait rabattu la capuche de son manteau rouge sur sa tête. Les gouttes avaient piqueté ses épaules de taches plus sombres.
— Tu rentres tard, murmurai-je. Je commençais à sérieusement m'inquiéter.
— Désolé, je l'ai attendu un moment, expliqua-t-il en accrochant son manteau humide à la patère.
— Il y a du nouveau ?
Il était dos à moi, mais je vis ses mains se crisper malgré lui sur le tissu, et il répondit après une seconde de trop.
— Oui. Mais nous en parlerons demain, si tu veux bien. Je suis épuisé.
Sa remarque m'étonna. Ce n'était pas son genre d'avouer avoir un moment de faiblesse. Pourtant, il fallait avouer qu'avec les heures passées dans le train aujourd'hui, nous avions de quoi être un peu sonnés. Même moi qui avais réussi à dormir une partie du trajet, je me sentais las.
— D'accord...
— Merci de m'avoir attendu, je ne pensais pas que ça durerait si longtemps...
— Il fallait bien que quelqu'un t'ouvre, quand même.
Gracia avait toujours été précautionneuse, et la disparition de son mari l'avait rendue d'autant plus sévère sur ce genre de détails. La peur, la solitude, sans doute... Il faut dire que pour deux personnes, cette maison semblait très vide. Je comprenais qu'elle ait décidé de la vendre pour s'installer dans un lieu plus petit. Elle nous en avait parlé un petit peu durant ce repas que nous avions passé tous les quatre, après s'être excusée pour le désordre tout relatif de la maison. Elle était en plein dans les cartons, et le lieu avait une aura de bouleversement. J'avais été soulagé de voir qu'Elysia était un peu moins renfermée que la dernière fois que nous l'avions vue. Gracia avait pu, par le biais de l'armée, trouver une place en crèche, ce qui lui libérait une partie de la journée.
— Tu as mangé ? demandai-je en repensant à notre propre repas.
— Un petit peu, répondit-il en haussant les épaules. Mais je n'ai pas spécialement faim, j'ai surtout envie d'enlever ma bande et de prendre une bonne douche chaude avant de dormir.
Je hochai la tête avec un petit sourire triste. Je pouvais le comprendre, je l'avais entrevu dos nu une fois, et j'avais été frappé de voir sa peau rougie et irritée à force d'être comprimée par les bandages. Winry m'en avait touché deux mots, et je savais que c'était la raison pour laquelle elle lui avait fabriqué une bande, dans l'espoir de limiter les dégâts. J'avais du mal à imaginer ce que ça représentait de passer ses journées et parfois ses nuits avec la poitrine aplatie sous des bandages, mais je me doutais bien que c'était désagréable, et que mon frère se plaignait bien moins qu'il l'aurait pu.
— Comment ça s'organise, pour les chambres ?
— Winry dort dans la bibliothèque, et nous avons été installés dans la chambre d'amis.
— Ok.
— Ça va, ça ne t'embarrasse pas trop ? demandai-je d'un ton compatissant. De devoir partager la chambre...
— Ça va, tu es mon frère, rassura-t-il avec un sourire un peu forcé. Je trouverai ça beaucoup plus bizarre de partager ma chambre avec Winry.
— Bah, si j'ai bien suivi, tu as vécu chez Roxane quelques jours, non ? fis-je en souriant pour dissimuler mon amertume.
— Ouais, bredouilla-t-il. Mais c'était pas pareil. Comment dire... ? Roxane, c'est une pote, alors que Winry...
Je ne pensais pas que ma remarque l'aurait fait autant réagir.
— C'est Winry, quoi.
Ça voulait tout et rien dire.
Mon frère poussa un soupir plein de lassitude et leva la tête vers les escaliers.
— Je vais prendre une douche rapide, je te rejoins dans la chambre.
— Tâche de ne pas faire trop de bruit, sa chambre est juste à côté, fis-je remarquer.
— Elle dort sûrement comme une brique, je ne risque pas de la réveiller, répondit-il en souriant avant de monter les escaliers.
C'est vrai qu'elle avait le sommeil lourd, nous nous étions amusés plus d'une fois à ses dépens quand nous étions plus jeunes en lui préparant des farces. En repensant à cette fois où nous avions glissé une souris dans son chemisier pendant qu'elle dormait, je me dis que nous n'étions vraiment pas tendres avec elle à l'époque. Je m'en voulais un peu à présent, pour ne pas dire beaucoup.
Je me retrouvai seul dans l'entrée. Je regardai le manteau rouge qui pendait à la patère, pensif. De quoi avaient-ils parlé ? Pourquoi était-il parti si longtemps ? J'avais l'impression qu'il n'était pas dans son assiette. Il me cachait sans doute quelque chose. Après tout, ça ne serait pas la première fois.
Je revins dans la cuisine pour reprendre le livre que j'avais abandonné sur la table, le refermai, puis éteignis la lumière en ressortant.
À quoi pensait-il ? Impossible à dire. C'était terrible pour moi de voir à quel point mon frère était devenu opaque depuis mon amnésie. Je me souvenais pourtant de la complicité que nous avions auparavant, quand nous n'avions même pas besoin d'un mot pour deviner les pensées de l'autre. Et maintenant, même quand nous parlions, nous ne nous comprenions pas.
J'éteignis la lampe de l'entrée avant de monter les marches dans la pénombre, n'ayant plus que l'éclairage des réverbères filtrant à travers le verre dépoli de la porte d'entrée pour me guider jusqu'à la chambre. C'était tout juste assez pour traverser le couloir sans bousculer quoi que ce soit.
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Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : Dublith
FanfictionChamboulé par ses dernières découvertes, Edward décide de quitter Central pour retrouver Izumi et lui demander conseil, accompagné par Al et Winry. Pendant que l'équipe de Mustang démêle les conséquences de l'attentat du passage Floriane, Les deux...