Chapitre 2 - 5 : Le prothésiste (Winry)

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J'avais pu profiter de mon quartier libre pour explorer toutes les boutiques d'une rue, discuter avec les mécaniciens, et obtenir un certain nombre de cartes de visites. Si j'avais prévu de raccompagner les deux frères dans l'immédiat, je comptais bien revenir à Rush Valley... ne serait-ce que pour récupérer les prothèses d'Edward. Autant commencer dès maintenant des démarches pour trouver des employeurs potentiels.

Au fil des discussions, je pus me représenter le paysage des lieux. À Resembool, Pinako et moi étions les seuls fabricantes d'automails des environs. Ici, des dizaines de boutiques avaient pignon sur rue, à tel point qu'il était presque impossible d'en faire le tour. Chaque atelier avait ses particularités, l'un était réputé pour la robustesse de ses automails, l'autre faisait des plaques de recouvrement décorées de ciselures, d'autres gardaient jalousement la recette d'un alliage à la qualité inégalée, un certain nombre s'étaient spécialisés dans les armes intégrées...

Ce qui m'étonnait, c'était de constater que nombre d'entre eux produisaient des automails dans des tailles standardisées, ne fabriquant que les ports au cas par cas. Après avoir grandit chez Pinako, qui ne jurait que sur le sur mesure, cette idée me laissait étrangement mal à l'aise... Les humains étaient uniques, pourquoi vouloir les faire rentrer dans des cases préétablies ? Cela ne représentait-il pas un danger ? Pinako m'avait toujours dit qu'un automail mal calibré pouvait être dangereux : scolioses, douleurs dorsales en cas de surpoids, j'en passais et des meilleures ! Pourtant, cela ne semblait pas inquiéter plus que ça les acheteurs... sans doute y trouvaient-ils leur compte.

Après tout, il devait bien y avoir des gens qui correspondaient à la moyenne, et à qui ces membres artificiels convenaient parfaitement. Ma réaction était sans doute un peu élitiste... Tout le monde ne pouvait pas se permettre de se payer un automail sur mesure. C'était pour ça que Pinako et moi vendions aussi des prothèses beaucoup plus rustiques, sans connections nerveuses. Bien sûr, l'usage était beaucoup plus limité, mais pour ceux qui manquaient d'argent ou de courage pour affronter la douloureuse opération, c'était un bon compromis.

Malgré tout, si je devais entrer en apprentissage, je préférais largement entrer dans un de ces petits ateliers qui faisaient exclusivement du sur-mesure plutôt que travailler dans une chaîne de montage et ne voir qu'une partie du processus. Plus le travail sortait de l'ordinaire et était contraignant, plus je m'éclatais à le faire, alors...

Je baissai les yeux vers les cartes de visites que j'avais encore en main, et glissai derrière les autres Marshall & Co, une entreprise dont je connaissais la bonne réputation, mais qui faisait principalement du sur-mesure, puis feuilletai les autres, essayant de remettre un visage sur chaque carte, pour savoir à quel nom correspondait chaque discussion, et me souvenir qui recontacter si je revenais faire mon apprentissage ici. Jonas & son, c'était cet atelier très animé sur la rue principale spécialisé dans des alliages d'une robustesse hors du commun. J'adorerai travailler chez eux. Ryan Bales, était particulièrement réputé pour ses bras avec mitraillette intégrée... est-ce qu'Edward serait intéressé par une prothèse pareille ?

Je l'imaginai avec et pouffai de rire nerveusement. Il avait beau avoir tendance à faire du dégât, les armes à feu, ce n'était vraiment pas son truc. Au fond, il n'aurait pas vraiment envie de tirer sur les gens, et pour être honnête, cette certitude à son sujet me rassurait. Mon ami n'était pas un tueur et c'était très bien comme ça.

Je glissai la carte de Bales derrière et continuai mon classement, jusqu'à ce qu'une lumière s'allume à côté de moi. Je tournai la tête vers la boutique soudainement éclairée à ma droite, puis levai les yeux au ciel assombri et traversé de nuages aux couleurs orangées plutôt spectaculaires, réalisant l'heure tardive. Je me souvins de ma promesse de revenir avant la tombée de la nuit. Je ne me sentais pas menacée à Rush Valley, cette ville me semblait au contraire faite pour moi... mais malgré tout, il y avait les Homonculus qui en voulaient à Edward, à Alphonse, et par conséquent, un peu à moi aussi. Cela ne servait à rien de les inquiéter inutilement.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant