Habillé de pied en cap, je refermai la porte de ma chambre et descendis au réfectoire pour y retrouver Fuery, qui avait, plus encore que d'habitude, une tête de chaton perdu derrière ses lunettes embuées.
- Hello Fuery !
- Bonjour Havoc, murmura-t-il.
- Pourquoi tu fais cette tête ?
- Tu n'es pas au courant ? demanda-t-il d'une voix presque chevrotante.
- Au courant de quoi ?
- Le convoi de transfert des prisonniers du passage Floriane...
- Ah ?
- Il a été attaqué, murmura-t-il.
Mes entrailles se changèrent en plomb à ses mots. La veille au soir, nous avions discuté avec des soldats chargés de cette mission, Fuery, Breda et moi. Je connaissais vaguement Jayme, un des soldats qui nous avaient accompagnés, Edward et moi, lors du transfert de Bald, et ses collègues semblaient être des mecs sympas, marrants, qui s'étaient plaints de l'horaire merdique de cette mission, eux qui auraient préféré faire une nuit complète, mais se pliaient sagement aux ordres. L'idée que ces personnes avec qui j'avais discuté aient été attaquées pendant que je dormais, peinard, me glaça.
A ce moment-là seulement, je réalisai l'atmosphère pesante du réfectoire. Les gens parlaient moins fort que d'habitude, d'une voix plus sérieuse, et puis... les regards. Je reposai le pot de yaourt que je m'apprêtais à mettre sur mon plateau. Je n'avais plus si faim, finalement.
- C'est arrivé quand ?
- Ce matin, vers cinq heures et demie.
- Qui a fait ça ?
- On n'en sait pas grand-chose pour le moment, juste qu'il y a eu un guet-apens... D'après les premiers témoignages récoltés par l'équipe du Lieutenant Kramer, il semblerait que les prisonniers se soient évadés avec des complices en voiture... et qu'ils n'ont pas laissé de survivants.
- Pas de survivants ?
Le visage de Jayme s'imprima plus profondément dans mon esprit quand je réalisai que je ne le reverrais plus jamais rire. Ce n'était qu'un gamin !
- Il paraît que les corps retrouvés avaient des blessures graves et portaient des coups de feu... et qu'il y avait un prisonnier. D'après les premiers relevés, il semblerait que ce soit les attaquants qui aient tué l'un des leurs.
- Mais... C'est glauque ! m'exclamai-je avec une grimace, sentant la chair de poule remonter sur mes bras et mon dos.
- Je ne comprends pas pourquoi ils ont fait ça... murmura le binoclard en baissant des yeux tristes sur son plateau.
- Parce qu'ils ne veulent pas que les prisonniers puissent avouer quoi que ce soit de plus à l'armée, répondit une voix familière à ma gauche. Ils ont libéré ceux qu'ils pouvaient et achevé ceux qui étaient trop blessés pour pouvoir partir avec eux.
Je tournai la tête vers Breda, qui s'était greffé sur la conversation sans même prendre le temps de nous dire bonjour. Il avait l'air sérieux de celui qui était déjà en pleine réflexion.
- Vu comme ça, soupirai-je en me servant de café, c'est imparable. Mais ça reste glauque.
- C'est surtout embêtant, marmonna Breda en prenant un petit pain.
- Ah ?
- Outre les soldats qui sont morts à cause de ça, continua-t-il, étant donné que ce genre d'information n'est pas donné aux médias, c'est surtout que c'est la preuve qu'il y a une taupe dans l'armée. Or... si les gens susceptibles de nous permettre de l'identifier se font tuer, on se retrouve au point de départ.
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Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : Dublith
FanficChamboulé par ses dernières découvertes, Edward décide de quitter Central pour retrouver Izumi et lui demander conseil, accompagné par Al et Winry. Pendant que l'équipe de Mustang démêle les conséquences de l'attentat du passage Floriane, Les deux...