Chapitre 9 - 7 : Sergent Hayles (Riza)

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Je me redressai sur mon siège, sortant brutalement de ma léthargie. Des lumières venaient de s'allumer dans la maison. Enfin un mouvement ! Il devait être en train de se lever pour partir travailler. Cela signifiait que mon attente touchait peut-être à sa fin.

Pendant que le Général Erwing était sans doute en train de se préparer, les minutes me paraissaient encore plus longues. Sans doute parce que j'étais en train de rassembler mon attention pour être attentive au moindre écart, au moindre signe suspect. Mon arme à portée de main, la clé sur le contact, je scrutai le moindre mouvement venant de la maison, au fur et à mesure que le soleil se levait, annonçant une journée grise et couverte, sentant monter la sensation de faim.

Évidemment, à force de ne pas dormir et manger n'importe quand, il fallait bien que ça arrive. Tout cela me donna encore plus hâte que cette attente se termine. Allait-il se défendre âprement, ou bien se laisser faire, philosophe ? Cela déprendrait sans doute de son degré de culpabilité dans l'affaire. Après tout, Mustang n'avait pas totalement exclu la possibilité qu'il soit innocent.

Je m'accoudai sur le volant en regardant vers la fenêtre où on le voyait manger avec sa famille. Une véritable image d'Epinal. L'ambiance avait l'air détendue. Il est courant d'avoir une vision manichéenne de nos ennemis, des brutes épaisses ou des manipulateurs sans scrupules...Aussi l'idée que ceux que l'on combat puissent des personnes normales, ou pire, sympathiques, me mettait toujours mal à l'aise.

Enfin, il claqua la porte de sa maison et se dirigea vers sa voiture. Il démarra, et je tâchai de le suivre, en espérant que la circulation soit suffisante pour me fondre dans la masse et ne pas attirer ses soupçons.

Enfin, s'il n'a rien à se reprocher il y a des chances pour qu'il ne remarque rien.

Je le suivis avec attention, tâchant de trouver le bon équilibre entre de la distance, pour ne pas trop attirer l'attention, et une certaine proximité, pour ne pas risquer de le perdre s'il tentait de me semer. Arrêtée à un feu rouge, je lâchai un profond bâillement. J'eus une pensée coupable pour Black Hayatte, qu'il aurait fallu que je sorte. Si je trouvais l'appartement saccagé à mon retour, je n'aurais pas le droit de m'en plaindre. Une fois n'était pas coutume, dès l'arrestation bouclée, je demanderais à Mustang de m'éclipser le temps de m'occuper de lui. En espérant que les choses se passent vite et bien.

La voiture repartit, et je la suivis en serrant les dents. J'aurais vraiment dû prendre davantage à manger en partant de chez moi, la faim devenait insupportable. Heureusement, le trajet se passait sans encombre, et nous approchions du Quartier général. Jusque-là, aucun problème à signaler.

La voiture entra dans le parking et prit ce qui était sans doute sa place habituelle. Je me garai deux places en amont. Je le vis s'extirper du véhicule et fermer derrière lui. Depuis la voiture, rangeant mon arme dans son holster, je scrutai son visage. Il n'avait pas l'expression d'une personne qui se sentait en danger. Ou il était expert au bluff, ou il ne se doutait de rien.

Je quittai la voiture à mon tour, verrouillant en suivant son trajet du coin de l'œil, puis le suivis à bonne distance, l'observant sans le scruter. Le but était qu'on ait l'impression que j'allais dans la même direction simplement parce que c'était mon chemin. J'entrai dans le bâtiment et essuyai le regard stupéfait du militaire à l'accueil quand il me vit arriver.

Je butai quelques secondes, me demandant pourquoi il me regardait d'un air aussi surpris, puis levai la main à ma tête, réalisant que j'avais gardé les cheveux détachés. Sans cesser de marcher, je repris ma barrette que je coinçai dans la bouche le temps de rassembler ma chevelure dans un chignon hâtif. Je n'avais jamais les cheveux détachés au travail, je n'allais pas commencer aujourd'hui.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant