Chapitre 1 - 4 : Les aveux (Al)

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Je tirai Winry par la manche pour la prévenir à l'oreille que j'allais rejoindre Ed et qu'on se retrouvait à l'hôtel, recevant un hochement de tête, puis m'esquivai sans attirer l'attention. Je montai à mon tour la façade, m'attirant les foudres du propriétaire.

– Hé, vous allez arrêter ça bon sang ? ! C'est pas un mur d'escalade, si vous voulez grimper, allez ailleurs ! tempêta l'homme en sortant de sa boutique.

– Désolé m'sieur, je dois retrouver mon frère ! répondis-je d'un ton enfantin, aussi poliment que possible.

Qu'il soit d'accord ou non, j'arrivai vite sur les toits. Je grimpai sur le faîte, puis escaladai la cheminée pour mieux voir à la ronde. Il ne devait pas y avoir des centaines de manteaux rouges se baladant au-dessus de la ville. Je plissai les yeux, me faisant de l'ombre de ma main gauche, et reconnus sa silhouette au loin, vers le Sud. Je regardai les toits, les rues, cherchant par où passer pour le rejoindre, puis au bout de quelques minutes de réflexion, redescendis de mon perchoir pour traverser le toit. Mon itinéraire était tout tracé.

La plupart des maisons étaient couvertes de tuiles courbes en terre cuite, un peu moussues pour certaines, qui glissaient beaucoup moins que les toits d'ardoise que l'on trouvait plus au Nord. Ma progression se fit sans difficulté majeure, même si je faisais attention à ne pas tomber. Il y avait bien quatre ou cinq étages sous mes pieds, largement de quoi se casser le cou. De temps en temps, je remontais sur le faîte pour me repérer de nouveau. Je dus marcher sur le toit d'un étroit passage entre deux immeubles, puis sauter trois fois par-dessus des ruelles, et même si elles étaient très étroites, cela me demanda une certaine dose de courage — ou de stupidité. J'étais sûr d'Edward l'avait fait sans même réfléchir. Il était tellement impulsif...

Quand je parvins à ses côtés, mon cœur battait la chamade ; pour être honnête, j'avais vraiment eu la trouille. C'était une chose de se battre contre des affreux, c'en était une autre de risquer sa vie, tout seul comme un con. Je m'effondrai à côté de lui en poussant un gros soupir de soulagement, le faisant sursauter.

– Ah, tu m'as retrouvé ?

– Oui, tu étais encore à portée de vue.

– Ah.

– Ne t'inquiète pas, personne ne m'a suivi, répondis-je avec un sourire. Il faut être fou pour grimper sur les toits comme ça !

Il se rallongea sur le dos et le l'imitai, croisant les bras derrière la tête.

– Je suis désolé pour tout à l'heure. Tu as du bien flipper.

– Pourquoi tu t'excuses, c'est pas ta faute ! C'est plutôt cette cruche de Winry, elle m'a jeté dans la fosse aux lions, là...

– Ouais. On lui passera un savon quand on sera à l'hôtel.

– ... Tu l'as laissée seule, du coup ? demanda-t-il avec une pointe d'inquiétude.

– Ouais, je sais, ce n'est pas très prudent. Mais bon, si besoin elle est armée, il y a des clefs à molette dans son sac.

Ma remarque lui arracha un sourire.

– Elle se débrouillera, oui. Après tout, c'est une brute. Je me suis toujours dit que si elle se mettait sérieusement à se battre, elle pourrait gagner contre nous.

J'ouvris la bouche et la refermai aussitôt après ; j'allais m'indigner, mais en y réfléchissant bien, si on excluait l'Alchimie, il n'avait sans doute pas tort. Je laissai passer un long silence, regardant le ciel d'un bleu intense mangé de nuages, tantôt blancs, tantôt gris. 

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant