Chapitre 1 - 5 : Les aveux (Al)

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Je laissai passer un long silence, tandis que les nuages s'amoncelaient de plus en plus au-dessus de nos têtes, prenant une couleur sombre peu engageante, puis Edward s'écarta pour s'asseoir en tailleur. Je me redressai à mon tour et tournai vers lui un regard attentif.

- Puisqu'on est dans les aveux, Al, il y a quelque chose d'autre que je dois te dire...

- Oui ? demandai-je sans tourner la tête.

- Par rapport à ma discussion avec Mustang hier soir... Ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle. En fait, c'est vraiment une mauvaise nouvelle...Je ne sais pas comment te le dire...

- Je t'écoute, fis-je sans prêter attention au claquement de quelques lourdes gouttes

- En fait, quand j'étais chez lui, il m'a donné un dossier sur Juliet Douglas, et en le regardant, je me suis rendu compte que...

Une averse coupa mon frère au milieu de sa phrase. La pluie s'était abattue comme un rideau, et en quelques secondes, nous fûmes trempé jusqu'à l'os.

- Rhaah, merde ! pesta mon frère en se redressant, essuyant l'eau qui lui avait coulé dans les yeux.

- Il faut qu'on redescende et qu'on s'abrite !

- Merci pour le lieu commun !

Nous nous levâmes à la hâte pour chercher ou nous protéger, beaucoup moins à l'aise sur les tuiles maintenant luisantes de pluie et dangereusement glissantes. Edward montra du doigt un endroit ou le bâtiment donnait sur une extension.

- Descend par là, il y a la gouttière !

J'obéis sans discuter, l'eau collait mes vêtements à ma peau et la température avait salement chuté. Si nous ne nous réfugiions pas très vite, nous risquions de tomber malade. Difficile de croire qu'il y avait un beau ciel bleu il y a une demi-heure à peine, pensai-je en descendant aussi vite que possible, Edward me suivant de près. Une fois sur le toit du bâtiment, j'avançai à pas rapides vers le rebord de tuiles, et en voyant la hauteur qui nous restait et sentant la pluie virer à la grêle, je ne réfléchis pas davantage et sautai directement à terre. Même en ayant l'habitude de bondir de belles hauteurs, il y avait plus de deux mètres et le choc fut violent pour mes genoux. J'ouvris la bouche dans une exclamation silencieuse de douleur, entendant Edward bondir à côté de moi. Il m'attrapa par le poignet sans attendre que je sois remis de mon atterrissage et me traîna dans la première boutique venue. La porte se ferma derrière nous sans parvenir à étouffer complètement le crépitement sonore des grêlons.

- Bonjour ! lança poliment le vendeur depuis son comptoir.

- Bonjour, fis-je. Désolé, on est entré en trombe à cause de la pluie...

- Hola, je vous comprends vu ce qui tombe ! Ne vous inquiétez pas, prenez votre temps ! répondit aimablement de grand brun en souriant de toutes ses dents.

Comme nous n'avions que ça à faire, nous restâmes dans la boutique. Après avoir essoré le bas de mon T-shirt et essuyé mes semelles sur le tapis de l'entrée, j'avais commencé à faire le tour de la pièce, observant les pièces de mécanique exposées soigneusement dans la boutique. Les lieux étaient petits et assombris par le temps morose, la pièce sentait le métal, l'huile et la graisse. L'atmosphère était agréablement familière, elle me rappelait l'atelier de Winry et Pinako. Mais je m'en rendais compte, elles faisaient les automails pour une personne spécifique, elles n'étaient pas du genre à exposer des prothèses neuves dans des vitrines.

- Il va falloir qu'on retrouve Winry, fis-je remarquer, les mains dans le dos, les yeux levés vers un bras mécanique.

- Oui. On est censés se retrouver à l'hôtel, je suppose ?

- L'hôtel de la gare, c'est ça qu'on avait dit dans le train, non ?

- J'espère que vous vous êtes mis d'accord, je n'ai pas vraiment eu le temps de confirmer ça avec vous, fit remarquer Edward en se grattant la joue avec un sourire gêné.

- Moi non plus, avouai-je avec un sourire tout aussi embarrassé.

- Vous cherchez quelque chose en particulier ? demanda le vendeur d'un ton affable.

- Non, je suis déjà équipé, répondit mon frère en baissant sa manche pour montrer le poignet de son automail. J'ai une mécanicienne attitrée, elle me tuerait si je lui faisais des infidélités.

Cette phrase résonna comme une pique dans ma tête sans que je sache pourquoi au juste. Il souriait avec aplomb, et le vendeur éclata de rire.

- Je comprends ce que je tu veux dire, petit !

- QUI VOUS TRAITEZ DE DEMI-PORTION QUE L'ON NE REMARQUE MÊME PAS DANS LA BOUTIQUE ?!

- Ed, il n'a pas dit ça, fis-je remarquer d'un ton apaisant en posant une main sur son épaule pour éviter qu'il ne lui saute à la gorge. Désolé, mon frère est un peu susceptible, dis-je d'un ton d'excuse.

Les quelques minutes passées dans la boutique en attendant que la pluie cesse me parurent très longues après ce petit démarrage embarrassant. Le vendeur n'osa plus dire un mot, et l'ambiance était devenue très lourde. Finalement, le temps s'éclaircit de nouveau, et nous quittâmes la boutique avec un « au revoir » poli pour nous diriger vers la gare. Les grêlons tapissaient encore le sol, certains gros comme des noix, mais avec le soleil qui revenait, ils allaient sans doute fondre rapidement. Les gens ressortaient comme si de rien n'était, reprenant leurs activités.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant