Chapitre 14 - 4 : Séparation (Edward)

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C'était le chaos.

Je pouvais m'y attendre, mais après notre arrivée fracassante, nous n'étions pas bien vus. Je traversai le couloir en courant, arrivai à un carrefour et reculai précipitamment en voyant une demi-douzaine de militaires armés jusqu'aux dents. Je me plaquai derrière l'angle tandis qu'ils trouèrent le mur face à moi de leurs tirs. 

Ça devenait compliqué.

Nous nous étions séparés, Izumi ayant pris l'aile gauche, moi la droite, dans l'espoir de retrouver Cub le plus rapidement possible. Si, dans un premier temps, nous avancions presque sans résistance, bousculant des militaires hallucinés, l'alerte avait rapidement été sonnée, et depuis que j'étais arrivé au deuxième étage, je progressais plus difficilement. Et surtout, je ne savais pas où aller. Je pensais trouver Cub dans les salles du rez-de-chaussée, qui étaient habituellement consacrées aux rencontres, réunions et interrogatoires, mais ça n'avait pas été le cas.

— Bon... je crois qu'il faut que j'arrête d'être délicat, grommelai-je avant de claquer des mains avant de plaquer ma paume gauche sur le mur adjacent, jaillissant du couloir en même temps qu'une vague de plâtre et de pierre qui fit bouclier contre les balles.

 je crois qu'il faut que j'arrête d'être délicat, grommelai-je avant de claquer des mains avant de plaquer ma paume gauche sur le mur adjacent, jaillissant du couloir en même temps qu'une vague de plâtre et de pierre qui fit bouclier contre les ba...

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Je courus à sa suite, cherchant la silhouette familière à travers le creux béant que créait la transmutation dans mon sillage. Où était-il, bon sang ? ! Me voyant arriver, les militaires détalèrent, craignant pour leur vie. Une nouvelle claque au mur et les parois se déformèrent pour avaler leurs mains et entraver leurs pieds, les désarmant pour le compte. Je repérai le plus gradé, et espérai qu'il saurait me dire un peu mieux où chercher.

— Où est l'enfant ? fis-je toisant l'homme enfoncé dans le mur.

— Comme si j'allais te le dire ! cracha-t-il dans un instant de bravade qu'il regretta aussitôt.

Je claquai de nouveau les mains, et un anneau de pierre se forma autour de sa gorge, le soulevant inexorablement du sol. Je savais ce que je ça faisait d'être étranglé, et ma main trembla contre le mur, mais mon regard se durcit davantage pour dissimuler le sentiment d'horreur que j'avais face à mon propre geste. L'homme se débattit, implorant la grâce avec le peu de voix qui lui restait. Je le relâchai, et il retomba mollement au sol, toussant douloureusement.

— Alors ?

— Le bureau... du général de corps d'armée, au dernier étage... Je ne sais pas pourquoi ils l'ont amené ici, c'est juste un gamin.

— Je sais, répondis-je. Je suis désolé.

Je lui lançai un regard empreint de culpabilité qui sembla le choquer presque plus que mon geste précédent, puis me précipitai vers le bout du couloir, quand des bruits de courses derrière moi me firent sursauter. Je tournai la tête et vis une vingtaine de soldats rappliquer, toutes armes dehors, et me plaquai contre le mur, séparé d'eux par le corps d'un militaire qui hurla de tous ses poumons en voyant les armes pointées vers lui. Je fermai les yeux, priant pour qu'ils ne tirent pas sur lui. Je ne voulais pas qu'il meure par ma faute.

— Ils sont vivants ! Ne tirez pas ! hurla leur chef.

Un soupir de soulagement et je plaquai mes deux mains sur la paroi, qui se déroula pour leur boucher le passage, leur murant l'accès. S'ils voulaient m'atteindre, ils allaient devoir retourner à l'autre escalier, ce qui devrait me gagner suffisamment de temps. Je jetai un coup d'œil à la fenêtre. Le bâtiment de l'autre côté de la cour intérieure se boursouflait de toutes parts, Izumi avait encore moins de scrupules que moi. Est-ce qu'il y avait des morts ?

Je secouai la tête en accélérant. Il était trop tard pour se poser ce genre de question. J'arrivai à l'escalier que je montai quatre à quatre et entendis des dizaines de bottes en faire autant. Bientôt, tout le QG serait à mes trousses.

Il faut les ralentir, pensai-je en arrivant au quatrième étage. Je ne peux pas avancer si je dois sans cette m'arrêter pour les battre.

Je tombai à genoux sur le palier et claquai des mains avant de les plaquer sur le carrelage. La lumière bleue m'enveloppa de sa couleur familière. Derrière moi, la dernière marche se résorba, et l'escalier se liquéfia, coupant tout accès à l'étage. Je fermai les yeux et me concentrai pour en faire autant sur l'escalier à l'autre bout du bâtiment. Je n'avais pas l'habitude de transmuter à une telle distance, mais en me concentrant, les mains plaquées sur le sol, je parvins à sentir de manière presque organique la structure de pierre, de métal, de bois et de plâtre du bâtiment, et, même si je n'avais aucun moyen d'en être sûr, je sentis que j'étais parvenu à détruire l'autre escalier.

Je me relevai vivement, titubai, me raccrochai à la rampe pour ne pas tomber et repris mon ascension, réalisant avec horreur que j'avais le souffle court et la tête qui tournait. J'avais mis trop d'énergie dans ces dernières transmutations, et cette foutue bande qui écrasait ma poitrine et entravait ma respiration ! Je me mordis la lèvre, priant pour que personne d'autre ne s'oppose à moi dans les secondes à venir. 

Heureusement pour nous, nous avions attaqué en fin d'après midi, la plupart des militaires avaient quitté les lieux ou avaient quitté les bureaux pour s'entraîner dans le complexe sportif du QG. Je ne croisai personne pendant les deux minutes qui suivirent, répit dont j'avais grandement besoin pour au moins reprendre mon souffle. Je déglutis ma salive épaissie par l'effort et me lançai dans le couloir. Une porte s'ouvrit, laissant passer une silhouette en bleu qui sursauta en me voyant arriver. Je bondis et la plaquai contre le mur, réalisant seulement une fois mon geste terminé que c'était manifestement une des secrétaires et qu'elle n'était pas du tout armée.

— Le bureau du Général de Corps d'armée ?

Elle me désigna le bout du couloir d'une main tremblante, visiblement incapable d'émettre le moindre son. Je la lâchai aussitôt et elle s'effondra comme une poupée de son sur le seuil de la porte. En la voyant reculer à quatre pattes, je pris conscience de la violence que je devais dégager à cet instant. Je n'avais envie de tuer personne, mais quand les militaires n'hésitaient plus à me tirer dessus, je n'avais pas d'autre choix que laisser mes réflexes prendre le dessus.

— Je suis désolé, répétai-je vainement.

Je me remis à courir vers le bout du couloir. J'avais eu le temps d'y réfléchir. Ce n'était même pas mes membres le véritable problème. Bien sûr, cette idée me brûlait en permanence depuis que je m'en étais rendu compte, et elle avait même réussi à éclipser le reste, mais j'avais, passé la première colère, pris conscience de quelque chose :

Si Cub était, comme le supposait Al, innocent ? S'il pouvait être notre allié ?

Si Winry ou Al avaient été emprisonnés par l'armée, j'aurais pu tuer pour les libérer. Je n'avais aucune affection pour l'enfant Homonculus, mais peut-être était-il innocent. Qui laisserait un innocent aux mains des Homonculus ? Dieu savait ce qu'il subirait si je l'abandonnais à son sort. Ils étaient prêts à tout pour atteindre leurs objectifs, et seraient assez persuasifs pour s'en faire un allié. Et s'il y avait quelque chose dont j'avais bien envie de me passer, c'était d'un ennemi immortel de plus.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant