Chapitre 13 - 1 : Avis de Tempête (Alphonse)

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- Bonjour, tu es tout seul ? demandai-je, surpris de ne trouver que Cub dans la cuisine.

- Oui ! répondit-il d'un ton joyeux, sans cesser de mélanger son porridge avec enthousiasme. Sig et Izumi sont à la boutique, elle a râlé parce que vous n'étiez pas levés.

Il s'était découvert un grand amour pour ce plat, à condition d'y mettre des noisettes, des morceaux de fruits et une quantité ahurissante de cassonade.

- Ah oui, la vache, il est tard ! découvris-je en voyant qu'il était dix heures passées, soit une heure indue pour notre Maître habituée à se lever à l'aube pour préparer la boutique avant l'ouverture.

- Elle a dit que vous étiez des « fainéants ». Ça veut dire quoi ?

- Ça veut dire qu'elle trouve qu'on ne travaille pas assez.

- Ah, d'accord ! C'est pour ça qu'elle a dit que si vous ne vous leviez pas plus tôt demain elle vous lancera des seaux d'eau ?

- Sans doute, oui.

J'eus un sourire forcé en me disant qu'il fallait que je prévienne mon frère et Winry de l'intention de notre Maître de nous remettre dans le droit chemin.

Nous avions une bonne raison pour nous lever tard, tous les trois, mais nous avions préféré ne pas en parler à Izumi sur le coup. Je me voyais mal expliquer qu'Edward s'était travesti pour aller dans un repaire de fugitifs et leur faire battre en retraite avant l'arrivée de l'armée. Cela nous aurait peut-être évité les seaux d'eau au réveil, mais nous aurions sans doute gagné une bonne raclée à la place.

Durant toute l'absence d'Edward, j'étais resté dans la chambre de Winry, attendant avec elle son retour avec une certaine nervosité. Même s'il ne nous l'avait pas dit explicitement, l'air sérieux qu'il avait en partant nous avait fait sentir qu'il se mettait en danger. Et se retrouver à attendre pendant qu'il partait prendre tous les risques, à se demander à partir de quel moment nous pouvions nous permettre de paniquer et de réveiller Izumi pour tout lui dire, ce n'était pas vraiment confortable. Nous avions tenté de faire passer le temps plus vite en jouant aux cartes, mais quand il était revenu, Winry et moi lui étions presque tombés dans les bras. Il avait arraché sa perruque et détaché les cheveux avec un soupir de soulagement, avant de nous résumer son expédition, qui s'était déroulée sans encombre.

« Je leur ai dit tout ce que je pouvais, à savoir pas grand-chose. Après, s'ils décident de ne pas me croire, je ne peux rien faire de plus. J'ai fait de mon mieux, la balle est dans leur camp. »

J'avais trouvé cela terriblement froid de sa part, mais si on devait être honnêtes, on ne connaissait rien de ces gens ni des raisons pour lesquels ils avaient été enfermés. Ils pouvaient aussi bien être d'horribles criminels, c'était même assez probable. Edward ne leur devait rien, et prendre des risques pour les prévenir de l'attaque était déjà beaucoup si on y réfléchissait.

Je repensai à tout cela en me réveillant tranquillement, me préparant moi aussi une bonne ration de porridge chargé de cassonade et de fruits coupés avant de m'asseoir en face de Cub. En ressassant la soirée d'hier, je réalisai différentes choses... Que tôt ou tard, nous allions tout de même devoir avouer à Izumi à quelles magouilles nous nous étions prêtés. Que même si les conditions n'étaient pas vraiment agréables, j'avais été content de passer du temps seul avec Winry, qui se comportait un peu différemment avec moi depuis notre dispute au sujet de l'opération d'Edward. Que j'allais devoir parler seul à seul avec mon frère de ce que j'avais réalisé sur le corps de Cub.

- T'as vu, c'est super bon, hein ? commenta celui-ci avec un sourire complice en engloutissant le contenu de son bol.

- Oui, c'est bon, répondis-je en touillant mon propre mélange avec un sourire un peu distant.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant