Chapitre 9 - 4 : Sergent Hayles (Riza)

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Le temps s'écoulait laborieusement dans la grande chambre aménagée, et il devait être à peine plus de cinq heures de l'après-midi. Je m'étais installée derrière le rideau, aux côtés de notre terroriste à surveiller. De l'autre côté, immédiatement visible depuis la porte, se trouvait un deuxième lit similaire au premier, où on avait fait installer un mannequin équipé d'une perruque et de tout le matériel médical donnant l'illusion que c'était un véritable patient. 

L'idée, brillante, avait été suggérée par Breda, et, si le personnel médical n'aimait pas cette mascarade, ils avaient tout de même pu nous prêter du matériel inutilisé pour la mettre en place, s'accrochant sans doute à l'idée que puisque l'état de l'homme s'améliorait de jour en jour, cette situation ne durerait plus très longtemps.

C'était un soulagement pour moi aussi. Je ne pouvais pas dire que passer des journées entières enfermée dans cet hôpital me réjouissait vraiment, et j'avais hâte que l'affaire cesse de s'enliser dans cette attente, pour que l'on mette la main sur des informations concrètes, et enfin, les coupables.

Et aussi, puisque je travaillais pliée en deux sur cette chaise à tenter de déchiffrer mes dossiers à la lumière jaunâtre du plafonnier, pour pouvoir retrouver le confort de mon lieu de travail habituel. En passant au bureau tout à l'heure, j'avais eu la désagréable surprise de voir que les piles de dossiers avaient poussé sur nos bureaux, faisant presque disparaître la surface du bois sous les informations à traiter. Encore de longues journées en perspective.

Les bruits de pas des personnes circulant dans l'étage résonnaient dans le silence studieux de la pièce, à peine troublé par les bips réguliers des machines. Quand j'entendis le son d'une démarche lourde s'approcher dans le couloir, je tendis vite l'oreille. Peu de gens circulaient par ici, il était probable que ce soit Breda, venu pour me relayer, mais je ne reconnaissais pas sa démarche un peu traînante. Je posai le rapport que j'étais en train de lire à même le sol et sortit mon Beretta de ma poche, prête à tirer. On ne savait jamais. Je me levai furtivement de ma chaise et glissai un coup d'œil derrière les rideaux.

La porte s'ouvrit en grand, laissant passer un infirmier poussant un homme dans son fauteuil, d'air un peu perdu.

- Bonjour, il y a quelqu'un ? tenta le soignant, tandis que son patient se ratatinait dans son siège, visiblement crispé.

Je remarquai alors qu'il avait les deux mains glissées sous une couverture, et jaugeai ses genoux, qu'il tenait écartés. Assez pour avoir glissé une arme lourde entre ses jambes. Il était un peu tôt pour leur tirer dessus, parce que nous étions tout de même dans un hôpital, et que l'erreur était humaine. Mais malgré leur expression naïve, j'avais de grosses suspicions, qui se confirmèrent quand ils échangèrent un regard surpris.

- Il n'était pas censé y avoir un militaire pour le garder ? murmura l'homme assis, confirmant mes soupçons.

- Bah, apparemment c'est le moins bon de l'équipe... qui sait, il est peut-être parti pisser, répondit l'autre d'un ton moqueur. Peu importe, faisons ça vite et tirons-nous.

Le patient qui n'en était pas un hocha la tête se leva, jetant négligemment la couverture sur le fauteuil roulant, révélant le pistolet avec silencieux qu'il dissimulait. Il s'approcha du lit, prêt à tirer une balle dans la tête de sa cible. Je vis son visage se décomposer quand il fut assez près pour réaliser que c'était un mannequin, et il releva son arme, prêt à tirer au hasard dans le rideau qui me dissimulait. Je n'attendis pas davantage et tirai dans sa main, le désarmant dans un cri de douleur.

- Putain ! grinça l'autre en sursautant, tirant lui aussi un revolver de sa poche tout en reculant vers la porte. On s'est fait avoir, Brett !

- Sans blague ! grinça son complice en se précipitant vers la porte.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant