Chapitre 6 - 3 : Famille (Jean)

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{Oups, mes vacances se sont prolongées plus que prévu ! (On va dire que j'en avais bien besoin.) Pour commencer, je vous souhaite à tous une bonne (ou meilleure) année. Ici j'ai des histoires plein la tête : la suite de Bras de fer, bien sûr, mais aussi des projets BD. En tout cas, ça y est, on s'y remet : Bras de fer est de retour tous les les lundis, mercredis et vendredis sur Wattpad ! ^^ Du coup, je ne m'attarde pas plus et vous souhaite une bonne lecture !}

. oO°Oo.

La matinée se déroula dans une ambiance étrange. Quand Mustang arriva au bureau, peu de temps après nous trois, Fuery lui sauta dessus pour lui annoncer la nouvelle. Même moi, je remarquai que cela représentait un sacré coup pour lui. Il était devenu encore plus pâle qu'il ne l'était d'habitude.

— Comment ça, le fourgon transportant les terroristes a été attaqué ?

— Il y avait un transfert ce matin, à cinq heures trente, pour les amener au QG et les interroger. Il a été attaqué, sans aucun doute par des membres du Front de libération de l'Est. Six soldats et un terroriste tués, les autres ont disparu.

— Je ne savais rien... lâcha le Colonel, visiblement effondré. Ils auraient au moins pu me prévenir de ce transfert. Alors que ça dix jours que je leur dis qu'il y a sûrement une taupe dans l'armée ! Quels abrutis !

— ... Que fait-on Colonel ? demandai-je espérant qu'il sache comment réagir face à la situation.

— Rien, répondit-il. La commission m'a retiré tout pouvoir décisionnel sur cette affaire. Donc, tout ce que l'on peut faire, c'est avancer nos dossiers en cours en attendant de voir si nos supérieurs comptent nous redonner des responsabilités.

Il avait tâché de prendre un ton autoritaire pour me répondre, mais il ne parvenait pas à nous dissimuler que la situation le faisait enrager. Il n'était pas le seul. Depuis le temps que nous travaillions dans le QG Est, cet ennemi était le nôtre.

— Allez, au boulot tout le monde, il faut avancer sur l'affaire Gibson-Lautrec.

— Oui, Colonel !

Nous avions tous répondu dans un cœur parfait, même si la motivation nous faisait défaut. Tandis qu'il traversait la pièce pour s'enfermer dans son office, je m'attablai à mon bureau en lâchant un soupir. Ce n'était pas ce genre de situation qui allait m'aider à penser que ma mutation était une bonne chose. À contrecœur, je pris le premier dossier de la pile. Le travail allait être lancinant, je n'avais rien d'autre à faire que traiter ces dossiers inutiles, page après page, mécaniquement, en espérant un jour toucher du doigt la libération... Avant qu'une autre série de rapports atterrisse sur mon bureau. De quoi regretter le temps où j'étais simple piétaille, et où je n'avais pas d'autres responsabilités que mes propres rapports. La belle époque...

J'en étais là de mes réflexions quand Mustang sortit de son bureau, l'air pressé.

— Ça va Colonel ? demandai-je en voyant son expression soucieuse.

— Convocation immédiate du jury de commission, je vous dirai après si ça va, répondit-il d'un ton sévère.

Je sentis l'inquiétude mêlée d'espoir dans sa phrase. Il faut dire qu'avec un tel retournement de situation, les cartes étaient rebattues. On pouvait supposer que la situation allait s'améliorer pour nous, mais il y avait toujours une part d'incertitude. Bref, il fallait attendre d'en savoir plus. Mon regard s'attarda sur la porte du local qu'il avait refermée derrière lui, et je restai pensif.

— Ça ne sert à rien de fixer la porte en attendant qu'il revienne, fit remarquer Hawkeye d'un ton un peu sec. Remettons-nous au travail en attendant son retour.

Je remis le nez dans mes dossiers à son rappel à l'ordre, ressassant inconsciemment sa phrase sans savoir pourquoi. Au bout de plusieurs minutes, je me la répétai dans ma tête, agacé de voir que j'avais buté dessus. Puis je réalisai soudainement pourquoi. Elle avait dit « remettons-nous » au travail. D'habitude, elle aurait dit « remettez-vous ». Pour une fois, elle s'était incluse dans le lot.

Je levai la tête et lui jetai un coup d'œil. Les yeux baissés sur son travail, elle avait une expression un peu plus pincée que d'habitude. Évidemment, elle se faisait du souci, elle aussi. Depuis notre arrivée à Central, la rumeur comme quoi Hawkeye et Mustang avaient une relation s'était répandue comme une traînée de poudre. Sans doute parce que les femmes n'étaient pas très nombreuses dans l'armée, encore moins dans les sections d'assaut. La plupart de mes collègues féminines étaient standardistes, secrétaires, bibliothécaires, gestionnaires, mais celles qui allaient au front étaient bien plus rares. De fait, le Lieutenant Hawkeye avait toujours attiré l'attention.

Non seulement elle était extrêmement habile au maniement des armes, mais en plus tout le monde s'accordait à dire qu'elle était belle. Un paquet de soldats avaient tenté de l'approcher, et elle les avait tous repoussés avec plus ou moins d'agressivité selon la nature de leurs avances. Visiblement, elle n'était pas du tout intéressée. Mais de là à supposer qu'elle sortait avec Mustang, comment dire ? C'était peut-être une belle idée sur le papier, et ils étaient visuellement bien assortis, on ne pouvait pas le nier, mais... je les connaissais sans doute trop pour y croire une seconde.

S'ils avaient été en ménage, j'étais sûr que les murs de leur appartement auraient été criblés d'impacts de balles. Hawkeye était trop inflexible pour supporter le caractère de Mustang le jour et la nuit. Quant à lui, il avait quand même une réputation d'homme à femmes que je savais fondée. Je l'avais vu en action, et son aisance à séduire avait quelque chose de profondément horripilant pour quelqu'un d'aussi maladroit que moi. Croire qu'ils nourrissaient une relation passionnelle simplement parce qu'ils avaient étés vus ensemble au stand de tir montrait juste une profonde méconnaissance de ces deux-là.

Malgré tout, cette rumeur avait animé nos soirées au réfectoire et au gymnase, et imaginer cette cohabitation improbable avait quelque chose de distrayant. Je m'y attardai un peu avant de me remettre plus sérieusement au travail, retrouvant un peu le sourire.

Bras de fer, gant de velours - Troisième partie : DublithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant