Chapitre 11

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-J'ai aucune envie d'approcher la Bête de plus près !

Mordred leva les yeux de ses chausses qu'il était en train de lacer. Un peu plus loin, Galahad s'occupait de négocier avec Petite-Vareuse.

-Tu avais promis de nous accompagner jusqu'à cet étang ! rappela-t-il.

Petite-Vareuse croisa les bras, l'air encore plus têtue que Tristan au même âge.

-J'ai aussi dit que je ne comptais pas risquer ma peau pour vous ! répondit-elle. On s'approche bien trop de la Bête pour moi !

Mordred soupira en bouclant son ceinturon et en ajustant le fourreau de son épée. Il se serait fort bien passé de Petite-Vareuse, de son ours à l'air morose et de ses questions sans fin, mais malheureusement pour eux, ils avaient encore besoin d'elle.

-L'étang n'est pas loin ! promit-elle. Il ne vous faudra que quelques instants pour y arriver ! Un cheval au galop fait ce trajet en quelques heures !

Galahad se pencha légèrement pour que ses yeux soient à la hauteur du visage de Petite-Vareuse.

-Écoute, fit-il patiemment, lorsqu'on est chevalier on ne peut pas laisser repartir les gens comme ça. Imagine une seconde que tu sois en fait en train de nous attirer dans un piège ? Ou que tu nous envoies vers une fausse route car la Bête, c'est toi ?

Le visage de Petite-Vareuse devint écarlate de colère et elle fusilla Galahad du regard comme s'il venait de maudire sa famille sur treize générations. Le jeune homme leva des mains apaisantes lorsqu'il s'aperçut qu'il l'avait vexée.

-Ne le prends pas mal, mais ce genre de chose m'est déjà arrivé. Un chevalier ne doit pas prendre de risques pour ces choses-là.

Petite-Vareuse ne répondit rien. Mordred crut tout d'abord qu'elle était toujours en colère, mais lorsqu'il s'approcha, il vit que les yeux de la jeune fille étaient noyés de pleurs. Les jeunes valets lui ressemblaient un peu la première fois qu'ils se rendaient sur un champ de bataille. Mordred savait très bien ce qui les attendait par la suite : ils restaient médusés de terreur et se faisaient faucher par un carreau d'arbalète. Le chevalier noir la dépassa sans un mot pour aller prendre son écu accroché à la selle de Fata.

-Petite-Vareuse ? appela-t-il. Viens un peu par ici.

La petite releva le nez d'un air surpris lorsqu'il tendit le bouclier vers elle.

-Je te le laisse jusqu'à ce que nous ayons occis la Bête, d'accord ? Tu n'auras qu'à déguerpir une fois à l'étang et tu n'auras rien à craindre.

Petite-Vareuse observa l'écu comme si elle n'en avais jamais vu un, ce qui était probablement le cas. Elle jeta un regard hésitant à Mordred, avant de prendre délicatement l'objet comme s'il risquait de la brûler. Elle sembla rassurée de voir qu'il ne le fit pas et le détailla discrètement sous toutes les coutures. Elle ne semblait pas croire que Mordred venait de lui confier son bouclier. A vrai dire, Mordred non plus. Il aurait refuser de prêter son bouclier au roi lui-même, mais ce n'était pas une grande surprise le connaissant.

Petite-Vareuse tira les sangles de l'écu à titre d'essai avant de le fixer à son bras. La pièce de bois et de métal était un peu trop grande et lourde pour la jeune fille mais dès qu'elle l'eut mis, un immense sourire étira ses lèvres.

Galahad lui jeta un coup d'œil alors qu'il posait le pied sur son étrier.

-Est-ce que cela te convient ? demanda-t-il.

Petite-Vareuse hésita un instant avant que son regard ne se pose sur l'écu puis sur les deux chevaliers.

-Ça me va, maugréa-elle, en route !

La ballade de   CamelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant