Chapitre 19

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Petite-Vareuse fut brusquement poussée sur le coté et manqua de tomber en arrière lorsque Siloé la repoussa pour se jeter sur Joeffrey. L'empoignant avec une rage folle, elle semblait prête à lui lacérer le visage de ses ongles alors qu'elle rugissait :

-C'était toi !? Tout ça c'était de ta faute ! Iléanor te faisait confiance et toi...toi tu l'as vendue à ce sale chien de Dognall ?

Joeffrey tenta de se débattre pour lui échapper, mais la jeune femme s'agrippait à lui avec toute la force de la haine, ses mains ressemblant à des serres.

-Siloé, s'il te plait, écoutes ! supplia-t-il.

-Certainement pas ! Espèce de lâche ! Espèce de traitre ! Comment est-ce que tu as pu lui faire ça ?

Petite-Vareuse jeta un coup d'œil d'abord en direction de Mordred, puis de Galahad, se demandant si l'un d'eux allait finir par intervenir. Il fallait bien que quelqu'un fasse quelque chose ! Galahad fut le premier à régir et se précipita pour attraper Siloé par les épaules. Il réussit à l'éloigner alors qu'elle respirait avec difficulté, les cheveux en bataille et ne quittant pas Joeffrey de ses yeux emplis de fureur. Dans sa colère, elle ressemblait aux sorcières dont on avait parlé à Petite-Vareuse.

-Il avait découvert qu'Iléanor venait te voir ! tenta de se défendre Joeffrey, Excuse moi d'avoir voulu sauver ta tête et la mienne !

-Surtout la tienne ! cracha la jeune femme en tentant d'échapper à Galahad, mais elle ne faisait pas le poid contre un chevalier. Comment est ce que tu as pu oser revenir me voir en face ?! J'espère que tu as bien trouvé ça drôle ?

-Il disait qu'il allait vous faire arrêter ! Qu'on allait vous brûler sur le bucher vives !

Le visage du garçon se tordait de désespoir alors qu'il réalisait que son amie ne décolérait pas. Peut-être même qu'elle ne décolérerait jamais.

-Oh vraiment ? Comme c'est intéressant ! rumina Siloé avec un rire nerveux.

Galahad adressa un regard étrange à Joeffrey. Petite-Vareuse n'était pas sûre de l'avoir déjà vu dans les yeux de quelqu'un d'autre. Cela ressemblait à un étrange mélange de lassitude et de déception, mais aussi, bizarrement, à une pointe de tristesse.

-Siloé, je comprends que vous soyez en colère, mais le temps presse. Vous pourrez faire ce que vous voulez de Joeffrey plus tard, quand nous aurons retrouvé Iléanor, mais pour l'instant, nous avons besoin de ce qu'il sait.

-J'aimerais beaucoup savoir ce qu'il a à dire, approuva Mordred en s'adossant à la porte dans une posture qui indiquait parfaitement que le premier à essayer de sortir aurait affaire à lui.

Siloé hésita un instant avant de se dégager brutalement des mains de Galahad sans quitter Joeffrey de ses yeux qui s'embuaient de larmes de rage.

-Et bien ? cracha-t-elle. Qu'est ce que tu attends ? Dis lui !

Joeffrey était censé répondre à Galahad, mais il ne quitta pas la jeune fille des yeux une seule seconde, tentative désespérée pour gagner son attention.

-Je n'ai jamais voulu qu'Iléanor ... commença-t-il, mais Mordred l'interrompit sèchement :

-Il ne t'as pas demandé d'excuses, il t'a demandé des informations.

Joeffrey soupira tristement et croisa ses mains derrières son dos. Petite-Vareuse remarqua qu'elles été secouées de spasmes. Elle connaissait ce genre de tremblements. Elle avait été prise des mêmes lorsque le brownie avait parlé de son village. C'était les tremblements d'un homme rongé par la culpabilité.

-Il m'avait dit qu'il voulait juste rencontrer Iléanor sur un terrain neutre pour parler des lettres de Siloé. Je n'avais pas le droit de lui parler de Dognall, juste de la faire sortir par le tunnel de la bibliothèque. Ce n'est pas vraiment un tunnel, c'est une toute petite crevasse qui s'est formée à cause de l'humidité du sol. C'est toujours pas là que nous sortons.

La ballade de   CamelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant