Chapitre 2

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Le regard que Galahad adressa à Mordred lorsqu'il arriva finalement à l'entrainement semblait dire : " Mais où est-ce que tu étais passé ? ". Sachant que leur plan prévoyait que le jeune homme arrive après lui, il avait dû être quelque peu perdu en ne le trouvant pas. Les autres chevaliers, quant à eux, ne parurent pas grandement surpris, au contraire.

-Mordred ! lança Perceval en le voyant s'approcher. Bien le bonjour ! Il me semble vous avoir inculqué quelques notions de ponctualité, non ?

Mordred retira ses capes de fourrure et frotta ses mains gantées l'une contre l'autre pour se tenir chaud.

-J'avais des choses à faire, répliqua-t-il en désignant Petite-Vareuse.

Perceval se tourna vers la jeune fille qui se faisait toute petite derrière un râtelier d'armes et un agréable sourire étira ses lèvres.

-Et bien ! Une damoiselle que je ne connais pas encore ! Approches, mon enfant ! Alors ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Petite-Vareuse se pointa du doigt d'un air surpris, incapable de croire que c'était à elle qu'on s'adressait. Personne ne l'avait sûrement jamais considérée comme une damoiselle. Mais Perceval lui fit signe d'avancer chaleureusement et elle finit par le rejoindre à petits pas. En voyant le chevalier se pencher pour lui faire la conversation, Mordred sut qu'il pouvait la laisser là et continuer son entrainement sans plus s'en soucier. Perceval avait toujours réussi à devenir l'ami de tout les enfants qu'il croisait, probablement parce qu'il en était à moitié resté un lui-même. Mordred pouvait lui laisser le soin d'occuper Petite-Vareuse un moment.

Il confia ses affaires, sa cape et ses gants au valet de son demi-frère Gareth et sélectionna une des épées d'entrainement. Les chevaliers présents avaient déjà commencé à s'entrainer et Galahad faisait quelques passes avec le seigneur Palamèdes. Le maure, pourtant plus âgé et reconnu comme un escrimeur de renom semblait d'ailleurs bien en difficulté devant les coups du jeune chevalier.

Mordred s'arrêta un instant pour assister au spectacle des épées qui s'entrechoquaient et de Galahad qui avançait et reculer avec agilité, contrôlant parfaitement la situation.

Il savait que les rumeurs commençaient à appeler Galahad le Chevalier Parfait. S'il continuait à surpasser les chevaliers les plus âgés, les bruits de couloirs n'allaient pas se taire de si tôt. Mordred était bien entendu de leur avis, mais il n'était pas sûr de les aimer. Il préférait l'époque où lui seul savait combien Galahad était le meilleur d'entre eux tous.

Plus Galahad grandissait et s'améliorait, plus l'orgueil de Lancelot enflait. Le jeune homme gagnait rapidement les cœurs de toute la cour, qui l'invitait à des discussions, lui demandait de l'aide pour organiser les fêtes, l'invitait à des dîners avec de hauts fonctionnaires. . . l'enlevait peu à peu à Mordred. Alors qu'ils avaient si longtemps été inséparables, Galahad commençait à s'élever vers des sommets que Mordred ne pourrait jamais atteindre. Un jour, il finirait forcément par le perdre. Soit parce que Galahad était trop parfait, soit par sa faute quand il prendrait la couronne de Logres.

-Quel dommage qu'il ne participe pas aux tournois, n'est-ce pas ? fit une voix dans son dos.

Tiré de ses pensées, Mordred jeta un coup d'œil à Yvain, qui avait délaissé le mannequin d'entraînement pour le rejoindre. Le jeune chevalier désigna Galahad d'un geste.

-Ne trouvez-vous pas que nous aurions droit à un formidable spectacle s'il affrontait son père lors d'une joute ?

Lancelot détenait depuis longtemps le titre de champion incontesté de la cour et on avait cessé d'attendre celui qui le détrônerait. Mais l'arrivée de Galahad avait changé les choses.

La ballade de   CamelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant