Chapitre 14

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NdA: Habituellement, le chapitre de la semaine sort le samedi, mais partant demain en vacances, je ne pouvais pas le poster. J'ai donc choisis de vous le donner ce soir, en espérant qu'il vous plaira!

Comme lors de leur précédent voyage, le jour commença à baisser alors qu'ils arrivaient au petit bosquet au bord de la rivière. A peine eut-elle posé pied à terre que Petite-Vareuse abandonna sans remords les deux chevaliers pour se précipiter à travers les arbres. Quand Mordred et Galahad l'eurent rejointe, ils la trouvèrent en train de crier le nom de son ours, l'air anxieux et la voix tremblante.

-Elle a l'air d'y tenir à son monstre de foire... bougonna Mordred en descendant de Fata.

Galahad retira tranquillement le mors de son destrier en observant la jeune fille qui s'éloignait entre les arbres et appelant à tout va. Comment un homme aussi attaché à son chien que l'était Mordred pouvait-il poser ce genre de question ?

-Il y a tout de même une différence - oh, si minime - entre un dogue allemand et un ours brun énorme et malodorant, répondit-il lorsque Galahad lui en fit la remarque.

Le jeune homme haussa les épaules en laissant tomber son sac au pied d'un arbre. Depuis qu'il l'avait rencontré, Petite-Vareuse était une énigme complète, avec son entrain et ses questions incessantes. Pour une fois qu'il semblait enfin la comprendre, il avait la ferme intention de l'expliquer à son compagnon.

-Tu as vu comme moi comment elle vit, dit-il. Cet... Obéron n'est pas un ours, c'est le seul être qui est toujours avec elle. Elle ne va nulle part sans lui, elle dort dans son poil. C'est la chose qui doit lui être la plus chère. Mets-toi à sa place, si tu ....

Galahad laissa sa phrase en suspens. Il croisa les yeux bleus de son ami qui attendait qu'il finisse, l'air curieux, et se ravisa. Il savait qu'il finirait un jour par perdre Mordred, inutile de se le rappeler.

-Si moi je disparaissais, dit-il plutôt, n'agirais-tu pas comme elle ?

Mordred lui adressa un sourire par-dessus le dos de Fata qu'il était en train de desseller.

-Si tu disparaissais, je pourrais commettre un génocide, dit-il.

Galahad, là où d'autres auraient sûrement pris peur, se contenta de lever les yeux au ciel. Mordred avait un humour quelque peu particulier mais avec le temps on pouvait finir par l'apprécier.

-Heureusement que Petite-Vareuse ne va pas jusque là, sourit-il. Allume-nous donc un feu.

Mordred s'exécuta, cette fois sans crainte d'être découvert par qui que ce soit, tandis que Galahad sortait la nourriture des sacs. Les réserves baissaient à vue d'œil, principalement car elles avaient été prévues pour deux chevaliers. Pas pour deux chevaliers et une petite vagabonde encapuchonnée.

La plupart du temps, lorsque Galahad se déplaçait au côté de son père ou de Perceval, ils recevaient de la part des habitants moult miches de pain, fruits ou gâteaux pour les remercier. Mais ce n'avait pas été le cas avec les habitants de Kerr-Glain. Peut-être attendaient-ils de voir si Mordred et Galahad allaient périr ou pas en combattant la Bête.

-Ne t'en fais pas pour ça, fit Mordred en essuyant une pomme sur sa tunique pour la faire briller. Avec l'anniversaire de la reine, nous mangerons bien assez à notre retour !

Galahad songea un instant aux fêtes majestueuses en l'honneur de Guenièvre, et plus particulièrement aux banquets qui suivaient les tournois et aux viandes rôties à la broche. Pas qu'il soit particulièrement gourmand, mais il ne savait jamais résister à un bon poulet aux herbes.

-Tu as déjà hâte de rentrer ? demanda-t-il en s'asseyant à côté de Mordred.

Le garçon croisa les mains derrière sa tête, démêlant un peu ses boucles noires.

La ballade de   CamelotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant